IQ – Almost But Not Quite

Almost But Not Quite
IQ
GEP
2025
Fred Natuzzi

IQ – Almost But Not Quite

IQ Almost But Not Quite

Je n’ai pas vraiment eu beaucoup d’occasions de parler de ce groupe de rock progressif mythique qu’est IQ. Dernièrement, nous avons pu, mon camarade Palabras et moi-même, assister à leurs deux concerts au Casino de Paris lors du premier festival Prog Rock Fest de Paris et nous vous en avons parlé en soulignant le professionnalisme et l’excellence de leur jeu. Précédemment, nous avions chroniqué le double album Resistance, mais je dois dire que cet opus ne m’avait pas convaincu. Des morceaux trop longs, peu de dynamisme, bref, l’ennui m’a emporté, et Palabras, comme vous maintenant, sait que, en rock progressif, j’apprécie les morceaux plus compacts, même si parfois les epics peuvent être fabuleux. C’est pour cette raison d’ailleurs que j’écoute toujours religieusement Neal Morse, qui est encore capable de pondre des epics très forts. J’ai dit parfois ! Pas toujours ! IQ avec Resistance ne m’avait vraiment pas, et j’en suis désolé, passionné. Il faut dire que je tiens ce groupe en haute estime. Ma vie de jeune adulte tournait autour de ce genre de musique et pour moi, IQ était LE groupe à avoir tout compris. Des mélodies fortes, des riffs de guitare imparables, des soli envoûtants, des morceaux courts et longs, mélange de rock, de pop et de progressif. J’ai passé des heures à écouter ce combo, et plus particulièrement Ever, que j’adore toujours, mais aussi le double Subterrenea (pas exempt de passages à vide pourtant), et puis l’emblématique The Wake ainsi que quelques titres plus anciens. J’aime aussi beaucoup Are You Sitting Comfortably ? avec Paul Menel au chant, au risque de faire hurler les puristes ! À partir de Frequency, les productions d’IQ sont toujours excellentes mais ma passion pour ce groupe a décliné, je trouvais certaines de leurs compos moins convaincantes. Dominon, leur dernier effort, m’a réconcilié en quelque sorte avec eux, mais pas au point de me lancer dans une chronique. C’est chose faite aujourd’hui grâce à la sortie de Almost But Not Quite, qui prend le parti de compiler des titres du groupe mais dans un format court. De quoi faire encore hululer les intégristes ! Après tout, les versions « edit » d’une formation comme Pendragon ont déjà provoqué les cris des fans, dont… ceux de votre serviteur à l’époque ! Ici, la logique est de mieux faire connaître le groupe, notamment sur les plateformes. Puisque certains titres d’IQ tirent parfois en longueur, autant écouter les nouvelles versions proposées par les Britanniques. C’est Mike Holmes, le guitariste, qui a réédité les chansons pour les adapter à un format radio. Seize titres sont donc compressés et offrent une nouvelle vision à ces compositions.

IQ Almost But Not Quite Band 1

« The Unknown Door », réduite à cinq minutes (au lieu de vingt-deux !), ouvre le disque avec de l’acoustique. Drôle d’idée d’offrir en premier un titre qui n’emporte pas tout de suite l’auditeur. Il faut attendre la seconde minute pour que le solo de Mike Holmes embraye sur quelque chose de plus dynamique. Il n’empêche, les réfractaires au rock progressif arrêteront là. Mauvaise idée donc pour attraper l’auditeur qui ne connaît pas IQ. « The Road Of Bones » est réduite de moitié, et là aussi il faut attendre que le morceau décolle pour s’extirper de la torpeur. Le magnifique « Never Land » de Dominion suit et garde sa magie en dessous des cinq minutes. L’ordre des morceaux interroge tout de même. « The Darkest Hour », pour ma part, est la chanson de Ever qui aurait pu ouvrir cette collection. Son orchestration rapide, son riff de guitare quasi pop, sa durée ramassée, tout est gagnant ici. Moins connu, « Fire And Security », issu de Resistance, même sur un format court, n’est pas plus accessible, et seul le puissant solo de Mike Holmes captive. Joué en live, « Ten Million Demons » de The Road Of Bones est ici un bon exemple de titre réussi, alors qu’une seule minute trente manque à l’appel. Serrée, atmosphérique, captivante. On repart sur Resistance avec la ballade « If Anything » qui possède une basse bien en évidence et un solo acoustique (rare chez IQ) de belle facture. Deux minutes en moins par rapport à l’original, un joli moment. « Frequency » perd trois minutes mais garde son intensité grâce au charisme de Peter Nicholls et aux interventions de la guitare de Mike Holmes, typiques de son auteur. Le travail des claviers et de la partie rythmique n’est pas en reste. Intéressante version de « Zero Hour », une de mes préférées de The Seventh House. On se laisse bercer par la mélodie vocale, les ajouts quasi jazz et sa fin purement jouissive avec ce solo fabuleux. Pour ma part, IQ est au top de sa forme avec ce genre de morceaux. « Stronger Than Friction » de Frequency passe de dix minutes trente à… trois minutes quarante ! Par quel tour de magie ? En gardant sa partie la plus « chanson ». Et cela fonctionne très bien malgré une fin qui annonce forcément une suite ! Un morceau évident en single, c’est « Capricorn », extrait de Subterrenea, qui ne perd qu’une trentaine de secondes. Puissance et charisme conjugués, tout ce qui fait le meilleur d’IQ. J’adore cette façon qu’a la guitare finale de reprendre les « oh ouh oh » et d’embrayer sur un solo. Magistral. « Subterrenea » est tout autant logique en tant que morceau potentiellement impactant et aurait pu ouvrir également cet album. Tout IQ est contenu dans cette chanson urgente. De quatorze minutes, « The Seventh House » passe à cinq ! C’est la partie calme avec une guitare enchanteresse qui est retenue. Du pur bonheur, malgré une fin non marquée, contrairement à « Further Away ». Tirée de Ever, elle est également amputée de dix minutes pour ne garder qu’un moment ou la basse répond à la guitare et où la puissance du groupe apparaît. « Sacred Sound » de Dark Matter, purement progressive, le demeure malgré ses petites cinq minutes. Aucunement radio-friendly pour le coup ! On peut s’interroger sur sa présence. Enfin, « Closer » de Frequency est le parfait morceau de clôture. Une belle mélodie, une instrumentation délicate, « Closer » s’inscrit parmi les plus belles pièces aériennes du groupe.

IQ Almost But Not Quite Band 2

Aucun titre pré Ever ne figure sur ce disque. Un choix sans doute délibéré. Le travail effectué ici est intéressant et mérite d’être écouté pour tout fan qui se respecte. Pour un nouveau public, c’est une belle approche qui a le mérite de montrer toutes les facettes du combo. Je reprocherais juste un choix qui ne me semble pas judicieux sur l’ordre des morceaux, réduisant peut-être l’impact et l’intérêt d’un auditeur qui ne connaîtrait pas l’univers d’IQ. Ce groupe mérite une meilleure exposition, un plus grand public, et si ce best of resserré permet cela (et nous l’espérons !), alors, ce sera gagné.

https://www.iq-hq.co.uk/

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