Holy Bones – Silent Scream

Silent Scream
Holy Bones
Auto-production
2019
Fred Natuzzi

Holy Bones – Silent Scream

Holy Bones Silent Scream

Il est bon parfois de revenir aux fondamentaux. Un univers, la place à l’imaginaire, des instruments bien mis en valeur, une voix charismatique, et… de la bonne musique ! Et pas de vocoder. Ooooh non, surtout pas ! Même si cet instrument a pu être très bien utilisé par des gens comme Bon Iver ou Sufjan Stevens dans le projet Planetarium, pas de vocoder, merci. Non, de la musique qui enracine, qui dit voilà d’où l’on vient. De la folk, du blues, du rock. Vénéneux ou pas. Chris Isaak ? Moui. The Doors, Nick Cave, Mark Lanegan, encore mieux. Elvis, Roy Orbison, Johnny Cash ? Ouais mec. Absolument. Quel rapport entre tout cela ? Un certain sens de la musique. Un héritage. Une transmission. Une continuation. Une filiation. Et pourquoi faire ce genre de musique en 2019 ? Parce que ça fait du bien. Parce qu’on a tout un panel de genres à notre disposition. Parce qu’on a envie. Parce que c’est fondamental. Avec Silent Scream, Holy Bones s’inscrit totalement dans cette démarche. A la croisée des chemins, l’album que propose Holy Bones est un hurlement (silencieux) au milieu du désert. Inaudible dans l’immensité du paysage musical actuel ? Pas faux, ils débutent. A nous de le mettre en lumière. Ça tombe bien, c’est notre job. Et Silent Scream vaut assurément le voyage.

Quand on commence à écouter Holy Bones, on n’a pas l’impression que c’est un gars qui vient de Grenoble qui est à la base du groupe. François Magnol, un français messieurs dames, qui ose s’aventurer sur les pistes des grands espaces américains… Faut en avoir une belle paire ! Avec sa voix grave parfaite qu’il module suivant les ambiances, il nous emmène en road trip sur les chemins poussiéreux des routes de l’Amérique profonde, et on le suit volontiers, accompagné par Vincent Travaligni à la guitare lead et Michael Clément à la basse. L’ensemble, mixé par François Carle, resplendit sans artifices outranciers, sans fioritures, mais avec authenticité. « I Will Never Know » ouvre l’album avec une certaine mélancolie mettant en valeur la voix grave de François Magnol, comme le point de départ d’un cow-boy ressassant son histoire dans le whisky éventé d’un saloon. La reverb de « Losing It All » réjouit immédiatement, convoquant les fantômes du passé pour mieux les révéler. Un titre où on se laisse porter comme un tumbleweed sur la route. La trompette de « Don’t Get Me Wrong » rappelle un peu La Maison Tellier et c’est encore une superbe vignette de folk cinématique que propose Holy Bones.

Holy Bones Silent Scream Band 1

« Sons » renvoie à une certaine idée de la folk blues américaine tandis que « Same Old Song » trempe dans la même veine qu’un Johnny Cash des familles. La guitare de « I Feel For You » est purement envoûtante et renvoie à des formations comme Jesse Sykes And The Sweet Hereafter. Pour « Badlands », on est au cœur du Far West avec une mélodie enivrante et notre imaginaire tourne à fond. « Too Old To Die » tire sur le folk blues aux réminiscences indiennes et cotoie les mêmes intentions qu’un James Benton par exemple, même si je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Arman Méliès période Les Tortures Volontaires sur le solo de guitare, très évocateur. Pour « Nina », c’est le flegme caractéristique d’un Timber Timbre que l’on retrouve dans cette chanson très 60’s américaine, un peu aussi comme Lord Huron. Après le feeling cool de « Gone », la surprise vient avec le piano de « Miss Me » qui commence comme beaucoup de tubes à la mode en ce moment. Sauf que le piano reste la constante et permet de découvrir encore une nouvelle facette du chant de François. Pour ma part, ce titre aurait dû terminer l’album car même si « Hope » renoue avec la folk cinématographique, l’émotion dégagée par « Miss Me » suffisait pour être cohérent avec la mélancolie du premier titre. Néanmoins, « Hope » développe une instrumentation superbe, dans laquelle on se projette encore volontiers.

Holy Bones Silent Scream Band 2

Silent Scream recèle des bijoux qu’un amateur de folk rock ne peut laisser échapper. Vous aimez partir dans un autre monde, vous faire des films ? Plongez-vous d’urgence dans cet album. Plus qu’un exercice de style, l’authenticité de Holy Bones convainc et permet de dire que oui, en France aussi, nous avons des artistes qui osent la créativité en rendant plus qu’un hommage à la culture américaine.

https://holybones.bandcamp.com/

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