Holy Bones – Alma Perdida

Alma Perdida
Holy Bones
Holy Bones Records
2023
Fred Natuzzi

Holy Bones – Alma Perdida

Holy Bones Alma Perdida

Les premières notes nous invitent à prendre place dans ce voyage. Déjà, c’est mélancolique. La guitare et les claviers nous installent dans une ambiance en demi-teinte. La voix grave, qui semble s’être trop approchée des ténèbres, nous narre ses états d’âmes. Nous n’avons pas encore pris la route, mais le point de départ est assurément sombre. Alma Perdida porte bien son nom et le groupe grenoblois Holy Bones nous invite à suivre un film imaginaire dont leur musique est la bande originale. Holy Bones avait déjà percé nos cœurs amoureux du rock folk indie, celui qui habite / hante le désert américain. Ici, ils enfoncent le clou en assumant complètement leur désir cinématographique et ils plongent pleinement dans un concept, certes risqué, mais au combien singulier. Ils ne sont pas nombreux ceux qui œuvrent en France pour ce type de musique, alors il est bon de les soutenir, surtout lorsque leurs albums sont aussi bons. Écoutez Silent Scream, le premier opus chroniqué ici même, pour vous faire une idée. C’est François Magnol qui est à la tête de la formation, au chant et à la guitare. Holy Bones est son bébé, et il faut le reconnaître, il est très réussi ! Cette BO, puisque l’on peut désigner cet album ainsi, contient vingt morceaux conçus comme un ensemble. Une sorte de road trip à la fois mental (pour le personnage principal et ses émois) et textural (pour les chansons, rock, folk et americana), en anglais bien entendu, mais avec aussi des incursions en français et même en espagnol, la frontière mexicaine n’étant pas loin des lieux où se passe le film. Un travail de passionné, cela se sent et se ressent. Une fois que l’on connaît le concept, on est à la fois excité et intrigué par le chemin que l’on va accepter de suivre via les morceaux d’Alma Perdida.

Comme je l’évoquais, l’album débute par un titre mélancolique, « How Sad I Feel » dans lequel on se perd déjà. On se prend à se projeter mentalement dans les espaces ouverts désertiques américains au crépuscule, là où les couleurs s’entremêlent et jouent sur le rouge, l’orangé et le jaune. Les yeux dans le vague, le personnage ressasse, le fruit d’une rupture. Un segue caillouteux plus tard et on se demande « It’s Gonna Be Alright ?» via un folk blues qui sent bon le whisky et les bars du sud US. Un autre segue nous permet de voyager vers « Smoke And Dreams », un titre americana dont la reverb n’est pas sans rappeler l’Elvis des grands jours. « Wait » et son travail d’orfèvre sur la guitare accompagné de ses notes de claviers ravit, une petite douceur renforcée par une subtile et discrète batterie. Très beau jeu de guitare sur l’instrumental « The Mexican Boy With The Spanish Guitar », puis on passe la frontière avec « Llorona », chantée sensuellement en espagnol. Le solo de guitare est encore une fois très réussi.

Holy Bones Alma Perdida Band 1

On prend la cadillac et on roule dans le désert à la recherche de l’eldorado, « Eldorado Mi Amor », chantée en français, avec une superbe trompette jouée par Christophe Donnadieu qui immanquablement évoque les amis de La Maison Tellier. Le chant est assez différent ici, révélant encore une autre facette de François Magnol. Un intermède aérien au nom évocateur (« Silent Scream ») plus loin et vient « Bad Preacher Song », supplique bluesy à l’accent traînant et menaçant. « Behind The Door » et « Blind » poursuivent la narration dans un climat à la fois calme et orageux, où l’on sent toute la tension dans la voix et la guitare, dans une introspection peut-être salvatrice. « From Nowhere » voit apparaître un duo avec une voix féminine, celle de Julie Bally qui apporte une intensité nouvelle et bienvenue ! Un coup de pied au cul au personnage principal en somme ! Le morceau s’envole vraiment et insuffle une nouvelle dynamique à l’album. La rythmique de « Run Away From Her » en est une séquelle, avant que « There We Are » ralentisse le tempo et remette les choses à sa place avec un slow blues US typique. « Running To You » repart dans un trip un peu heavy avant « Keep On Keeping On », nouveau duo avec une voix féminine, celle d’Océane Martzloff cette fois-ci. Un nouveau départ vers quelque chose de plus solaire. Le trip prend fin avec la belle guitare acoustique de « Time Is On Your Side », apaisé et clôturant l’errance du personnage principal.

Holy Bones Alma Perdida Band 2

Alma Perdida a bien rempli son contrat : nous faire nous évader dans un film que l’on s’invente au gré des atmosphères des morceaux. Saluons outre François Magnol les musiciens qui donnent vie à cette épopée : Vincent Travaglini à la lead guitare, Michael Clément à la basse, Damien Litzler à la batterie, Rémi Mercier aux claviers et François Carle à la production. Tous ont fait un formidable travail sur cet album qui fait référence à de grandes influences. Pour ma part, j’ai pensé à Elvis, Chris Isaak, Calexico, Johnny Cash, Roy Orbison, ZZ Top, Lord Huron, Miraculous Mule, La Maison Tellier et même Me And That Man. Un mix entre classicisme et inventivité, renforcé par la volonté de rendre hommage tout en créant son propre sillon à travers ce chemin americana, folk et rock. Respect !

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