Greenleaf – Trails & Passes

Trails & Passes
Greenleaf
2014
Small Stone Records

Greenleaf Trails & Passes

Comment décrire l’effet Greenleaf ? Car oui, il y a bien un effet Greenleaf, qui va méchamment plus loin que le simple fait de se pâmer devant ce super-groupe stoner de la scène nordique ! Cela ne se vérifie pas juste dans l’expérience solitaire et masturbatoire, non, non, non mon roudoudou. C’est dans l’échange avec d’autres qu’on arrive à cette satisfaction commune et éminemment personnelle d’être sûr d’avoir déniché LA petite perle du moment, et qu’on crève d’envie de la faire partager encore davantage (en espérant ne pas trop se prendre de vannes dans la gueule au passage). L’effet Greenleaf se mesure au nombre de têtes qui secouent le rythme, au silence qui s’impose entre le défilé des bières, aux genoux qui vibrent, aux pieds qui tapent la mesure et aux regards complices lancés, signifiant tout simplement que c’est de la bombe bébé ! Cet effet, il commence par ces lignes de guitares blues-rock, au degré de fuzz seventies judicieusement dosé, qui mettent déjà les caboches en mouvement. Certes, elles n’ont rien d’exceptionnelles bien que super inspirées (merci au guitariste de Dozer), mais cela suffit amplement pour une bonne séance d’air-guitar à poil dans la salle de bain. Là, on passe le premier degré.

Ensuite, vient la voix du nouveau venu Arvid Jonsson, mélodique, posée, enivrante, limite trop tranquille et capiteuse, celle qui t’invite en t’attrapant le poignet, en décalage total avec les canons virils du genre. Ah, le salopard, c’est qu’il trouve illico de quoi t’embarquer ! Bon point. Et puis c’est carré tout ça, du chœur léger à la plainte exaltante amenant le solo de gratte wah-wah d’une telle simplicité que t’en lâche nerveusement un râle de plaisir. L’ambiance est tellement bonne (un peu de crasse et de poussière lactée) que tu re-décapsules sans tarder une nouvelle bouteille de Leffe Royale. On ne s’arrête pas en si bon chemin. Deuxième degré passé. Tu suis toujours ? Et puis vient le sommet, la cerise-chantilly, le bouquet luxuriant qui t’emmène au nirvana du stoner-rock quand tu allumes ta clope qui fait rire. Ce batteur ! Gnih ! Quel groove, quelle dextérité ! On dirait Ian Paice de Deep Purple en mode poulpe. Oui, je sais, je vise haut. Là, tu sais que tu as passé la dernière étape.

Greenleaf Band

Ce rythme, aucune pause permise, il te rentre dans la tête, ces roulements, proprement affolants, te colleront au poteau avant que le chant ne t’achève en te faisant un bisou complice et mélancolique sur des paroles métaphysiques. Ce qui ressort de cette expérience, c’est une énergie communicative et… Hey !!? Comment ça ?! L’album est fini ?! Ah, mais non, pas possible, tu n’as pas envie que cela se termine, avoue ! L’effet est là, au zénith, la descente est impossible et l’objet repart de plus belle dans le mange disque. L’instant magique de la pression sur lecture… Tiens, on me demande de taper une chro sur l’engin, fissa. C’est tout l’effet Greenleaf quoi.

Copieusement fraîche, la chose t’injecte tant d’énergie positive par le cathéter central qu’on se la passe au lever, en soirée, au goûter, ou pendant le barbecue du printemps. Et puis c’est tout simplement un pur concentré de fun. Pourquoi je devrais me casser la pipe à trouver le terme qui tue ? L’album parle pour lui-même. C’est goulu, c’est rafraîchissant, et ça te met la niaque pour la totalité de la journée. À ce stade, je parlerais plutôt d’une franche réussite. Et on frôle la perfection mes aïeux. Jouissif ! Point barre ! Boum !

Jérémy Urbain (9/10)

https://www.facebook.com/greenleafrocks

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