Franck Carducci – Torn Apart
Franck Carducci
Autoproduction
Franck Carducci est un chanteur/guitariste français qui a réussi à se faire un nom dans le monde du rock progressif en l’espace d’un seul album, « Oddity« , son tout premier publié en 2011. Ne connaissant que le morceau à tiroir de cet opus, je ne m’aventurerai pas à lui comparer son successeur, celui qui fait l’objet de la présente chronique. Le « Chapelier fou » (c’est ainsi qu’il se présente sur scène) nous propose une musique où il est moins question de crâner (ce que l’on peut reprocher à bon nombre de nouvelles formations se revendiquant du « rock progressif ») que de vibrer, avec certes l’enthousiasme que manifestaient les groupes de la première moitié des années 70, mais avec plus de modération dans le propos musical. C’est ainsi qu’aux côtés de morceaux à forte connotation blues-rock, on retrouve ici quelques pièces solaires. Aussi, il faut savoir qu’il s’est payé le luxe d’y faire participer Steve Hackett, ce qui pique forcément la curiosité des afficionados de Genesis et donc de rock progressif en général.
Mais le blues d’abord. En effet, dans le morceau-titre, le court passage pastoral sifflement-guitare acoustique qui ravive le spectre de « Wind And Wuthering », est pris en sandwich entre une tranche blues/soul (cet orgue Hammond hérité d’un Otis Redding) et une tranche plus énergique boogie/hard-rock, le tout étant assez bien dosé, évitant les transitions trop brutales. « Closer To Irreversible » accentue la touche « soul » tout en restant très blues dans l’esprit. Pour le côté « solaire », la pièce folk-pop « Journey Through The Mind » multiplie les clins d’oeil au Genesis pastoral, au Caravan le plus enjoué ainsi qu’à Shakti, là où le passage folk de « A Brief Tale Of Time » nous fait penser à une bande de copains assis avec leurs guitares autour d’un feu de camp.
Et le rock progressif dans tout ça allez-vous me demander ? Eh bien, il est partout ! En premier lieu, dans l’ouverture d’esprit de notre français aventureux (blues, soul, pop, folk, voire funk, avec une reprise assez fidèle du « School » de Supertramp). Ensuite, dans les variations d’ambiance (la musique balance entre un blues incendiaire, un folk pastoral, une pop tour à tour radieuse et mélancolique, et un rock prog pompier ; la voix passe de l’enjouement le plus communicatif à la tristesse la plus empathique).
Enfin, inévitablement dans des pièces de construction plus complexes, comme « A Brief Tale Of Time », ou « Artificial Paradises » avec moult claviers, des brisures de rythme et différents volets. Par ailleurs, des clins d’œil aux groupes du passé (Yes, Rush, Genesis, Caravan, Marillion, 10cc) émaillent de-ci de-là la toile sonore, car nul ne part de rien niveau influences. Franck a une voix assez expressive, et il connaît bien ses classiques en matière de guitare. Ses musiciens sont en harmonie avec lui, et l’accompagnent à merveille.
Niveau artwork, il est à signaler que les visages craquelés et effrayés sur fond de cible évoquent la surenchère d’esthétique « monstrueuse » qui a sévi au début des années 90 dans le giron du death metal, (l’ »Imperial Doom » de Monstrosity en tête), avec cependant les couleurs flashy en moins. Une façon de plus de montrer son côté progressif (au sens large du terme donc).
Lucas Biela (8/10)
http://www.franckcarducci.com/
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