Exess – Deus Ex Machina

Deus Ex Machina
Exess
Fastball/Bob Media Distribution
2020
Christophe Gigon

Exess – Deus Ex Machina

Exess Deux Ex Machina

Exess est une jeune formation prévôtoise de Moutier, dans le Jura bernois (Suisse). Une petite ville comme tant d’autres qui ne jouit naturellement pas du prestige d’un Montreux ou d’un Genève. Pourtant, c’est bien là qu’est né un des groupes suisses romands les plus reconnus du circuit : Galaad, que les amateurs de rock progressif dynamique vénèrent. Et si on insiste autant sur cet aspect historico-toponymique des choses, c’est que le guitariste de ce quatuor n’est autre que Stéphane Froidevaux (Dr. Snuggle), frère de Sébastien Froidevaux, guitariste de Galaad. Voilà. Passons à présent à l’essentiel : la musique.

D’abord, il ne s’agit pas du tout de rock progressif mais de metal, simple, droit, efficace et sans fioritures. Les compositions ciselées bénéficient d’une production limpide qui n’a rien à envier aux ténors du genre (Evanescence, Nightwish et Cie). Ce miracle-là est possible grâce à la touche magique de Carryl Montini, déjà responsable du son parfait des albums de Pyt (chanteur de Galaad) et…du dernier album de Galaad, le plébiscité Frat3r. On y revient. Ce qui fait la force d’Exess est son manque d’excès. La formation sait toujours frapper juste, tailler au plus près de l’os pour que ne reste que la qualité de l’écriture. On est ici (heureusement) bien loin des arrangements oiseux de certaines mégaproductions du metal symphonique à chant féminin. L’essence des titres est parfaitement mise en lumière grâce au mixage lucide des professionnels du studio Artsonik Media. Stéphane Froidevaux n’a nul besoin de démultiplier à l’infini ses pistes de guitares. A l’instar d’un Karl Groom (Threshold), les riffs savent rester sobres et au service de la mélodie. D’ailleurs, l’album ne contient (presque) aucun solo de guitare. Et cela ne manque jamais. On entend mieux le travail de la section rythmique qui ne manque pas non plus de sobriété maîtrisée.

Exess Deux Ex Machina Band 1

Trois musiciens + une voix. Voilà l’addition heureuse qui peut se permettre de proposer un premier album de cette qualité. L’ensemble ne sonne jamais bouffi ni surproduit. On pourrait, du reste, presque parler de rock plutôt que de metal tant la prise de son reste claire et spacieuse. Foin de murs du son dans ce Deus Ex Machina. Mais de l’énergie et de la maestria. A foison. La complexité et l’arythmie de certaines parties instrumentales prouve qu’Exess a des lettres : il connaît ses classiques et il ne s’agit pas du tout d’un énième clone de Within Temptation, After Forever, Epica ou autres Delain. Il s’agirait plutôt d’un croisement très réussi évoquant le Metallica le plus rock (Load et Reload) et qui serait mené par une chanteuse très en voix mais qui ne s’embarrasse jamais (Dieu merci !) d’envolées opératiques de sinistre mémoire.

Exess Deux Ex Machina Band 2
Et le chant, parlons-en. Il ne s’agit pas d’un hasard si nous n’avons pas encore évoqué cet aspect-là du concept. Il serait en effet trop facile de présenter la musique d’Exess par cet angle trop biaisé : « Ouahhh ! Du metal couillu chanté par une fille ! ». Certes, Céline Bart possède un organe vocal qu’elle maîtrise sans conteste. Certes, ses lignes mélodiques prouvent qu’elles font partie intégrante de la composition. Oui, le contraste entre la musique « méchante » et le chant « gentil » fonctionne à merveille. Mais – et c’est tant mieux – ce n’est pas dans cette opposition (si à la mode depuis quelques années) que réside le pouvoir de séduction de la jeune formation helvète. Mais dans son souci constant d’être lisible, accessible et pêchu. L’équipe se permet même des incursions vers des territoires plus doux, où la guitare acoustique mène le bal (« Bittersweet Lullaby »). Mais c’est pour mieux redonner le trône à l’énergie avec le tonitruant « Nothing Is Left », aux embardées que ne renierait pas le sublime Opeth. Ce très réussi premier album se conclut avec la savoureuse reprise de Tasmin Archer, divinement interprétée par Céline, « Sleeping Satellite ». Evidemment, Exess ne prétend pas bouleverser le monde du metal. Mais sa contribution, mesurée et déterminée, risque bien de lui offrir bien vite une place d’honneur sur l’autel du rock en provenance d’Helvétie. Du bel ouvrage.

http://www.exess.ch

 

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