Devin Townsend – PowerNerd

PowerNerd
Devin Townsend
InsideOut Music
2024
Fred Natuzzi

Devin Townsend – PowerNerd

Devin Townsend PowerNerd

Alors, comment se porte notre petit Devy en ce moment ? Eh bien, la thérapie suit son cours et semble commencer à porter ses fruits. Il faut dire qu’il n’était pas très en forme notre canadien chauve, métalleux de génie. Empath et Lightwork n’ont pas montré un regain d’inspiration suite à la fin du Devin Townsend Project, et la déception s’est installée. Il est prolifique notre Devy, peut-être trop, mais il a besoin de montrer qu’il existe. Alors il s’exprime. Sa folie créatrice s’affole et produit des morceaux péchant par excès. Excès de tout : de sucrerie, de metal, de prog, de morceaux foutraques. Et puis il y a quand même des moments de grâce qui rattrapent le tout, et qui nous font dire : « aaaah tu m’as bien eu Devin, mais la prochaine fois, c’est pan pan cul cul. ». Alors est-il venu le temps de la tapette ? ( Sur les fesses oui, ne vous affolez pas !) Eh bien, je dois avouer qu’il y échappe. Powernerd présente onze titres sur un format de 44 minutes.  Beaucoup plus concis que précédemment, cet opus ouvre la voie à un Devin Townsend en lâcher prise avec lui-même. Il faut dire qu’il a passé quelques épreuves personnelles douloureuses et qu’il a choisi de confronter ses sentiments à la vie. Continuer malgré toutes ces épreuves, les surmonter. Il le fait avec la musique en écrivant des paroles en fonction de ces enseignements, tandis qu’il se met une contrainte : écrire des chansons en onze jours. En laissant ses obsessions de perfection au vestiaire, Powernerd lui permet de montrer ses talents en travaillant sans excès sur les titres, une mise à nu finalement, un exercice cathartique peut-être. Exprimer le vrai soi, à un moment M. Les paroles reflètent donc son état d’esprit dans des morceaux plus directs. Lightwork, son précédent effort, louait un Devin Townsend plus accessible. En réalité, cette accroche conviendrait beaucoup mieux à Powernerd. En effet, l’opus possède de superbes mélodies, rappelant les meilleurs moments du Devin Townsend Project, laissant de côté la folie improductive d’un Empath, tout en asseyant la voix de Devin comme l’une des plus belles et des plus puissantes du metal. Powernerd n’est pas un album qui innove, loin de là, cependant il remet en selle un artiste que l’on commençait à perdre. Ici, pas de guimauverie, d’ambient déglingué qui perdure, ou autre guignolerie (sauf le dernier titre, mais j’en reparlerai). Des morceaux bien fichus (mais comment fait-il avec si peu de temps ?), du gros son, et cette voix si énorme, si ample, toujours au sommet.

L’intro de « Powernerd » annonce un titre effréné, mais la voix douce calme le jeu tandis que le tempo urgent secoue les fondations du morceau. « Time For Life And Rock ‘n Roll » annonce Devin. Le solo de guitare est plus rock que metal en effet, tandis qu’un mélange d’électro en texture rejoint la rythmique très « métallique », et la voix balance entre douceur rock et metal brutal. La pochette est un paysage recouvert de brouillard qui semble se dissiper, c’est exactement ce que Devin cherche à faire, surgir de la brume. Puis « Falling Apart » et son ambiance faussement calme fait penser qu’Anneke (aaaaah… Annekeeeeee) va faire son apparition tellement on pense à l’époque du DTP. Finalement, il y a bien une voix féminine discrète, celle de Tanya Ghosh. Le titre est juste fabuleux, mélodique, puissant, aérien, et la voix de Devin est époustouflante. « Knuckledragger » possède un cousinage avec la folie musicale d’un Nick Harper, mais en version lourde. Toujours mélodique et fun, du Devin version ouragan, ça décoiffe. « Gratitude », super moment mélodique, mais rien de neuf. On se laisse embarquer et on vole avec lui. Je préfère quand même le Devin plus méchant en voix que sur les couplets. « Dreams Of Light » est une petite transition avant l’énorme « Ubelia », petite merveille entre douceur et puissance, où Devin nous transporte comme jamais. Suit « Janism », metal prog un peu electro, mélodique, puissante, encore un grand moment.

Devin Townsend PowerNerd Band 1

La guitare acoustique lance « Younger Lover », ritournelle angélique qui se transforme en hymne lors du refrain. Résolument tourné vers la clarté, Devin Townsend exprime son envie de rester libre sans effet guimauve. « Glacier » enchaîne avec un titre solennel qui passe par différentes phases, et ce, en moins de cinq minutes. Très très impressionnant. Ce gars est vraiment fort et ne démérite pas qu’on le qualifie de génial ! « Goodbye » débute sur un hurlement, immédiatement éteint par un riff 80’s et une voix toute calme. En fait, et tout au long de cet opus, Devin c’est comme Venom. Il ne veut que hurler, et l’humain, donc Devin, doit le tempérer. C’est quand les deux s’expriment ensemble que c’est le plus beau, comme sur le refrain de ce morceau. La folie fun du personnage nous rattrape sur « Ruby Quaker », ou comment Devin exprime son amour du café le matin dans un mélange country metal à l’effet plus que saisissant. Un titre barré qui prouve que, finalement, Devin Townsend est toujours aussi fou et fun qu’auparavant et qu’il est temps de revenir aux choses les plus fondamentales… Comme le café, apparemment. Un second CD bonus de trois titres est disponible également, mais je ne le commenterais pas tellement il est dispensable celui-ci ! Seul le dernier morceau, ou collage, surnage, car lorgnant du côté metal, alors que le reste est plutôt ambient. Quasi aucun intérêt.

Devin Townsend PowerNerd Band 2

Powernerd est un album qui remet en selle un Devin Townsend sortant d’une période compliquée, et qui montre qu’il en a sous la pédale. Pas d’originalité pour autant, des réminiscences du DTP, mais l’opus est un des meilleurs qu’il ait sorti pour ma part ! Et ce n’est que le début, car il annonce une quadrilogie. La seconde partie sortira en 2025 et sera son projet le plus fou de sa carrière, d’après ce qu’il en dit. Nous sommes impatients et bavons d’enthousiasme. À suivre !

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