Dead Horse One – When Love Runs Dry
Modulor Records
2022
Lucas Biela
Dead Horse One – When Love Runs Dry
Intrigué par les différentes étiquettes figurant sur la page soundcloud du groupe (postshoegaze, nugaze, et postgrunge – je suis constamment en quête de nouveautés en musique), je clique pour écouter et là, grosse surprise, une rythmique créative et agressive et un chant diaphane tout en délicatesse. Voilà le type de contraste que j’apprécie tout particulièrement ! Alors oui, il y a du Godflesh dans cette rythmique lourde, froide et presque mécanique, et bien entendu le chant se rapproche des célèbres My Bloody Valentine. Cette rythmique, revenons dessus. Elle est lente avec quelques passages plus véloces. Cette lenteur, c’est celle que l’on retrouve dans la matrice doom, celle-même qui peut soit rester figée (on ne compte plus le nombre de formations doom metal en mode « Black Sabbath worship »), soit s’émanciper des codes (en prenant une teinte intimiste comme chez les résolument insaisissables Blackwater Holylight, ou plus explosive comme chez King Witch). J’ai toujours eu un faible pour le doom, mais je l’apprécie davantage quand il se marie à d’autres styles. Et là, Dead Horse One y parviennent haut la main.
Un peu d’histoire : le groupe a démarré il y a déjà 10 ans à Valence. Les débuts sont plutôt pop psychédélique. Le shoegaze se fait plus présent sur le deuxième album, et le troisième, paru il y a 3 ans, continue à mélanger les deux influences. Le point commun entre ces trois albums est le côté fleur bleue / pastoral de certaines compositions, par l’utilisation de guitare sèche et la création d’atmosphères planantes. Nous voilà maintenant en 2022 et arrive l’EP qui nous intéresse : When Love Runs Dry. L’influence metal s’installe et les paysages sont plus désolés. Cet enregistrement se divise en deux. Les « rockers » d’un côté, les ballades de l’autre. Le choix a été fait de bien séparer les uns des autres, comme pour mieux mettre en lumière les deux facettes du groupe.
Intéressons-nous au côté électrique de l’EP. Riffs bruitistes et frappes chirurgicales (ne voyez dans cette description aucune allusion au conflit actuel) apportent leur lot d’atmosphères angoissantes, là où la voix évanescente annonce des jours meilleurs. La guitare donne la tournure globale des chansons : elle peut participer de l’angoisse en lançant des cris d’alarme (le réaliste « Core ») ou donner de l’espoir dans ses circonvolutions (le rêveur « Static King »). Par les marches prudentes de sa guitare, « Nevermore » est un pont entre la réalité et les aspirations.
Passons maintenant en revue le côté acoustique de nos cinq fantastiques. Sombres en apparence, les deux pièces proposées dans ce style se tournent néanmoins vers la lumière au fur et à mesure de leur progression. Avec un accompagnement minimal (guitare, piano), elles permettent de mieux apprécier le chant, un chant tout en retenue qui vient nous apporter réconfort. À noter que la deuxième des deux chansons est une version piano de « Static King », difficilement comparable à la première, si ce n’est que pour le thème du piano reprenant celui des circonvolutions mentionnées plus haut. Cela en fait ainsi une pièce à part dans When Love Runs Dry.
En conclusion, on appréciera la prise de risque des Dead Horse One, avec l’intégration d’éléments metal qui rendent le contraste avec les éléments shoegaze d’autant plus intrigant, et par là-même plus intéressant. Un EP qui laisse entrevoir de belles perspectives musicales à l’avenir pour nos Valentinois.
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