Dälek – Absence

Absence
Dälek
2005
Ipepac Recordings

Dälek – Absence

Mes amis, cet album fut pour moi une date. Mieux, une révolution ! Dans mon petit univers étriqué et ma tribu imaginaire, « Absence » fit l’effet d’une bombe. Une bombe, ouais… Mais pas seulement celle où on s’écrit « Ouah !! » en époussetant les cendres de la veste, mais celle qui dure, qui laisse une empreinte, un cratère dans ton crâne. Dälek marque son nom au burin, incruste ses initiales sur ton front au fer rouge, car oui, passé cet album, tu connaîtras Dälek, Oktopus et Dj Still. Tu sauras de quoi je parle en écoutant les dix titres de cette pierre angulaire. Tu sauras de quoi sont capables ces trois lascars rendant à la ville ce qui lui appartient. Les exclus, les parias, les clochards agressifs, le dealer de crack en questionnement métaphysique, les artistes branleurs avec deux neurones, les flics tabassant  ce qui lui semble étranger afin d’assurer ses fins de mois, les matons qui lisent Camus pour passer le temps, le conducteur de bus acerbe, la mamie raciste qu’on espère écraser en voiture, les prédicateurs de tout poils déversant leur foi nauséabonde dans le métro, les sexistes, machos de tous genres qu’on veut voir crever sous une rame, le gansta minable-poseur qui roule des mécaniques, l’enfoiré seringue au bras pleurant l’enfant qu’il a sauté par frustration, l’ouvrier poivrot au cerveau dégénéré, la pute faisant son trottoir espérant offrir un livre à son gosse avec son pourliche, l’enfant battu dans les chiottes de l’école qui rêve d’un flingue magnum 44 inspecteur Harry en cachette.

« Absence » est un monument du hip-hop underground. Et je te le dis à toi. Oui, toi… derrière ton écran, en train de lire ce texte. Dälek a créé le disque ultime, celui dont tu te souviens de tous les morceaux comme lorsque que tu découvrais un album dans les années 80. Celui dont tu as écouté les titres, un par un, sûr d’entendre les breaks, mesurer à la seconde près les changements imperceptibles que même un clebs ne pourrait entendre. Oui, cet album réunit tout ça. Il ne coute trois fois rien sur Amazon, Priceminister ou CDbaby (tu peux aussi l’acheter chez un disquaire qui en bave pour faire partager sa passion). Il t’attend.

Et après tu seras fier. Fier d’écouter autre chose, prêt à faire ton dandy-bobo en soirée avec tes amis en couple et têtard à allaiter. Fier de dire, « Moi aussi je peux écouter du hip-hop ». Et tu vas aimer ça. Et tu vas répondre à l’appel. Et tu vas faire passer le message. Et le monde de Dälek s’agrandira…

Jérémy Urbain (10/10)

http://www.deadverse.com/

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