Cruskin – Time To Rise
La Baleine
2018
Frédéric Gerchambeau
Cruskin – Time To Rise
Avec ce troisième album baptisé Time To Rise, Cruskin continue sur sa lancée déjà couronnée de succès. Il y aura donc au programme ce même rock bien charnu et entremêlé de synthés qui est la marque de fabrique du groupe, et surtout la voix aussi belle qu’électrisante de Sabrina Pedroso surplombant la basse d’Alexandre Bonnet et la batterie de Samuel Haudiquet, Sabrina jouant aussi de la guitare et des claviers. Car oui, tout ce petit monde est français, même si les sonorités du trio vont souvent chercher leurs racines du côté de Paramore, des Cranberries, des Morganatics ou encore de Texas. D’illustres références dont Cruskin se montre vraiment digne tant par l’énergie déployée que par la qualité des compositions.
En fait, ce troisième opus se veut olympique pour dire les choses ainsi, vous savez « citius, altius, fortius », c’est à dire plus vite, plus haut, plus fort. Eh bien là c’est encore mieux conçu, encore mieux composé, encore mieux produit. Parce que, franchement, on ne peut pas dire que Cruskin n’était pas déjà au top dans ces trois domaines. En effet, le groupe a toujours su faire des albums superbement bâtis, forts et plein d’émotions. Sauf qu’il est visible que pour ce troisième album, Cruskin a enclenché la surmultipliée. Et le résultat est là, sous la forme d’un opus à la fois puissant et touchant, varié et passionnant. Cruskin est un trio de bosseurs, et Time To Rise sent la sueur. Mais c’est très cool pour l’auditeur car dans les écouteurs, quel bonheur !
Après une intro qui annonce la couleur et d’ailleurs éponyme, « Come Back », catapulté tel un premier missile magnifique de force et de tension confirme que Cruskin n’est pas là pour se la couler douce. Et si ce coup de semonce n’était pas suffisant, « Intoxicated », où Sabrina nous cloue au mur avec une voix d’écorchée vive, met les pendules bien à l’heure. Cruskin joue là dans la cour des grands. Tout est calibré, millimétré, pro jusqu’au bout du moindre accord, un boulot réellement splendide. Mais le meilleur, c’est que Cruskin assure tel qu’en lui-même, pas en clone plus ou moins servile d’un grand groupe ou d’un autre. Le trio s’impose crânement avec sa propre signature, et c’est du lourd.
De plus, Cruskin ne se contente pas de déverser au travers des enceintes son rock ciselé au micron près, le groupe sait aussi varier son style et ses effets, voire se faire carrément émouvant dans un « Narrow » joué au piano. La vérité est que Cruskin se révèle vite plus fin et profond, pour ne pas dire attachant, que sa musique parfois trop bien formatée ne le laisserait présager. Mais il ne faut pas s’en tenir aux guitares saturées et à la batterie survitaminée, il faut lire les paroles, s’en imprégner. On ne lit jamais assez les paroles des bons groupes de rock. C’est un tort. Les rockeurs et les rockeuses sont souvent de grands auteurs dotés d’une plume inspirée et vibrante.