Bysshe – La Sybille Sur Le Sable

La Sybille Sur Le Sable
Bysshe
M&O Music
2024
Palabras De Oro

Bysshe – La Sybille Sur Le Sable

Bysshe – La Sybille Sur Le Sable

Difficile de dénicher une perle quand on rentre de vacances avec une boîte mail engorgée de messages promotionnels d’albums, tous plus aguicheurs les uns que les autres (les messages… pas les albums !). Pourtant, ma sagacité m’a permis de ne pas passer à côté d’un(e) Bysshe (le groupe… pas l’animal prêt à se ruer sur votre capot de voiture sur une route boisée). En fait, ce nom est un hommage au poète romantique anglais Bysshe Shelley, auteur notamment de la préface de Frankenstein, le livre (pas si romantique que ça) écrit par son épouse, Mary Shelley.
La formation est un quatuor franc-comtois basé sur le haut plateau des Fourgs (entre Besançon et Lausanne). Elle est composée d’Élodie Maradan, Quentin Aymonier, Théo Aymonier et Fernand Bulle-Piourot. La Sybille Sur Le Sable est déjà leur troisième album. Comme pour les précédents, Bysshe se propose d’illustrer la littérature de son mentor poète. Il faut dire que leur musique colle parfaitement au personnage controversé d’un début de XIXème siècle riche en poètes britanniques créatifs. Outre le romantisme, Bysshe (le poète) a été un fervent révolutionnaire et défenseur d’un socialisme débutant et effrayant pour la bourgeoisie et la royauté. Ses œuvres peuvent être empreintes de légèreté, mais aussi d’une grande agressivité impulsée par ses idées extrêmes pour l’époque de la révolution industrielle. On retrouve tout cela dans les compositions du groupe.

Bysshe – La Sybille Sur Le Sable band1

Dans la mythologie grecque, une sibylle est une prophétesse divinatoire. L’ambigüité de leurs prophéties a donné lieu au qualificatif « sibyllin » attribué à des propos obscurs ou à double sens. Nos Francs-comtois assument complètement cette équivoque dans la musique qu’ils créent. Ils jouent de très jolies parties acoustiques et folk avec l’apport d’instruments traditionnels comme le udu africain, la shruti box indienne ou la flûte amérindienne. Ils sont également capables de déverser un torrent rageur de décibels prenant sa source dans les fondamentaux du rock et du blues. De leur aveu même, « il s’agit probablement de notre album le plus introspectif et méditatif à ce jour ». On peut toutefois penser que leur méditation n’est pas toujours de tout repos. On perçoit tous ces éléments dès le premier morceau de l’EP qui dure quand-même environ une quarantaine de minutes ; une durée qui ne serait pas incongrue pour un LP. Un tiers de ce temps est consacré à ce premier titre éponyme. Inutile de jouer à la sybille, je serai très clair : « La Sybille Sur Le Sable » est un fabuleux titre à tiroirs d’une qualité et d’une versatilité exceptionnelle. Ça démarre par un folk acoustique très aérien qui fait taper gentiment du pied (genre « Solsbury Hills » de Peter Gabriel) pour se muer en un passage ambient mystérieux sur lequel le chant incantatoire d’Élodie donne des frissons. Une superbe entrée en matière pour préparer la survenance d’un riff furieux entrecoupant des couplets aux accents de guitare et de chant très typés Porcupine Tree des débuts. Nous n’en sommes qu’à la moitié de la compo et c’est un sentiment de perfection dans les enchaînements et les mélodies qui me submerge. La partie instrumentale qui s’ensuit ne fait pas retomber le soufflet avec un joli solo de guitare bien qu’un peu court… même pour un titre de treize minutes. Une nouvelle mutation electro-ambient se laisse entraîner par une cavalcade de batterie ahurissante qui me fait dresser le système pileux jusqu’à un lourd final parfait. Quel tour de force ! Mais Bysshe en a encore beaucoup sous la pédale. « The Queen Of Cups » apparaît innocemment tel un fantôme floydien planant avant de se découvrir sous la forme d’un blues très lourd sur lequel on regrettera les effets apposés sur le chant qui le dénaturent trop. Le solo de guitare est bourré d’émotion. On passe du blues au rock pour un « Spellbind Me » très carré, direct et convaincant qu’on n’aurait jamais imaginé pouvoir être joué par Bysshe tant sa simplicité tranche avec les circonvolutions de « La Sybille Sur Le Sable ». Ensuite, « New York City » se montre indolent jusqu’à un final instrumental grandiose où claviers, chœurs et guitare donnent des frissons. Pour « Psychonauts », on a droit à un début lent et pas saturé avec un chant façon sixties puis ça s’énerve pour une chevauchée instrumentale impressionnante entrecoupée de chœurs et d’un furieux solo de guitare. Une basse de folie ondoie constamment. Que du bonheur ! Le retour au folk du début de l’album est signé par « Break Free ». La flûte, la guitare acoustique, les chants alternatifs masculin et féminin puis en duo donnent tout son sens au mot « beauté ». Et puisque c’est du sable que l’on parle, j’oserais dire que « Break Free » n’est pas la plage la plus percutante de La Sybille Sur Le Sable, Pourtant elle met en lumière l’excellent travail réalisé à la batterie sur toute cette galette, d’une justesse jamais prise en défaut, riche, mais nullement surabondante qu’on pourrait illustrer par le slogan soixante-huitard « Sous les pavés, la plage ».

Bysshe – La Sybille Sur Le Sable band2
C’est vraiment cool d’attaquer la rentrée par un album franchouillard d’une telle qualité. Bysshe utilise à merveille toutes les couleurs de sa palette musicale pour donner naissance à des chansons d’une malléabilité remarquable. Le prog, le folk, le blues et le rock sont fondus dans un creuset dont La Sybille Sur Le Sable coule sous la forme d’un alliage d’une pureté inattendue et exceptionnelle.

Coup-de-Coeur

http://bysshe-band.com

https://byssheband.bandcamp.com/album/la-sibylle-sur-le-sable
https://www.facebook.com/Bysshe.band/

 

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