Breach – Kollapse
Breach
Burning Heart Records
Il était une fois, dans les contrées Nordiques, un petit groupe qui allait devenir grand. Un petit combo qui, il faut bien le dire, allait le rester malgré les efforts des concernés. Car dans ces pays du froid, il est difficile de se faire une place comme il est impossible d’en sortir. C’était l’évasion, la quintessence, la beauté dans le marasme, l’émotion dans la fange. Mais c’est compliqué pour le petit groupe. Parfois, ça a beau gueuler le plus loin possible, rien n’y fait, le petit groupe n’arrive pas à percer. D’un côté, ils sont bien tristes, mais de l’autre, ça les rend plus énervés, aventureux même. Résultat, le groupe a mis du temps, non pardon, a pris son temps, loin des remues ménages. Il a affiné ses mélodies et canalisé sa rage. Un parcours et une intention jamais démenties. Il était une fois, ainsi, ce groupe Suédois qui s’appelait Breach. Et un jour, donc, ils sortirent un album, leur cinquième. Le petit groupe du nord était assez content, très content même, et ainsi, surgit de nulle part « Kollapse ». Culte, il le devint rapidement. En voilà un beau mot d’ailleurs. Comprenez par-là que « culte », c’est ce dont tout le monde se fout comme de sa dernière branlette, sauf que maintenant, c’est d’une classe infinie (surtout au vu des prix sur le net). Il y a quelques années, personne n’aurait pipé un mot là-dessus, mais dorénavant, avec les avancées de communication, n’importe qui peut avoir l’album en format compressé qui fabrique des acouphènes.
Il était une fois, Breach, groupe de hardcore Scandinave qui publia son album « Kollapse ». Ce dernier représente la longue marche du groupe, son parcours, ses angoisses. Quand on dissèque la bête, qu’on coupe les tendons, qu’on ausculte les formes et qu’on analyse les tissus, qu’est-ce qu’on y trouve ? Un bloc évasif, construit dans de la fumée métallique, des tranches de vie qui soufflent une brise glaciale comme des instants brûlant les ailes des anges. Une confrontation et un mariage en même temps. La copulation d’un post-rock issu du paysage nordique matinal, une bonne gueule de bois atmosphérique avec le hardcore qui ramène dans la coagulation viscérale des quartiers stoppés dans leurs évolutions sociales. Trop rapide, trop lent, pas eu le temps de prendre le train en marche, nul ne le sait. C’est un peu tout ça. Il était une fois une main qui dessine dans l’hibernation d’une humanité, dans ce pays qui fait penser « froid » dès qu’on le nomme.
Il était une fois, un conte de fées qui ne se termine pas bien parce que, putain, le groupe s’est séparé après avoir sorti le disque ! Et même si on retrouve deux facettes du groupes avec Terra Tenebrosa ainsi que The Old Wind, et que le groupe a ressorti un mini EP dont je n’ose poser mes oreilles, et bien quand même, ce « Il était une fois » me gonfle… J’aime pas les contes, et encore moins ceux qui se terminent mal.
Jérémy Urbain (9/10)
Notons que le disque, maintenant épuisé et n’étant pas donné sur la toile, est désormais réédité dans un superbe double vinyle. N’attendez plus… Je hais les contes !