Blind Ego – Liquid Live
Gentle Art Of Music
2017
Blind Ego – Liquid Live
Depuis 2007, Blind Ego est le side project du sympathique guitariste Kalle Wallner dont l’initiale du nom constitue la troisième lettre du groupe allemand de rock progressif RPWL qu’il a « co-créé ».
En fait de side project, Blind Ego semble être devenu un groupe à part entière depuis la stabilisation du line-up autour de Kalle. À l’issue de son troisième album, Liquid, Kalle a souhaité le défendre sur scène dans le cadre d’une tournée lors de laquelle Blind Ego s’est produit dans des conditions dantesques au Loreley Night Of The Prog dont est tiré le CD Liquid Live, et en salle à Hambourg dont a été tiré le DVD portant le même nom. Les setlists sont identiques si l’on excepte l’ajout de « What If » sur ce dernier show. La dernière prestation de Blind Ego s’est déroulée Chez Paulette, organisé par l’association Arpegia, devant un public clairsemé (par méconnaissance de la notoriété grandissante du groupe) mais, disons-le de suite, les absents ont eu tort.
Ayant été moi-même présent au Loreley, j’ai regretté de m’être réfugié sous la tente pendant le déluge qui s’est abattu lors du concert de Blind Ego, n’ayant assisté qu’aux derniers titres de sa prestation. Il faut dire que les évènements météorologiques, pouvant prendre pour de la provocation le fait de défendre un album nommé Liquid, se sont fort naturellement déchainés au début de « Never Escape The Storm ».
Effectivement, Liquid forme l’ossature du show avec pas moins de sept titres joués sur les dix du CD et c’est très logique car cet album est un compromis entre l’aérien Mirror et le plus agressif Numb qui composent la trilogie de la discographie studio de Blind Ego. Par rapport au Loreley, le concert d’Hambourg me semble montrer un groupe plus détendu mais il est vrai que j’ai plusieurs fois eu le sentiment que les groupes qui jouent au Night Of The Prog sont impressionnés par le côté grandiose du cadre dans lequel ils s’expriment. Également, les conditions météorologiques détestables n’ont pas dû contribuer à les rasséréner.
Kalle Wallner a construit un univers et une musique qui s’éloignent sensiblement du rock progressif de RPWL (bien que leur dernier album, Wanted, soit plus percutant que les précédents) et moi, ça me plaît quand un mec se lance dans un side project pour faire autre chose que son pain quotidien. Pourtant, Yogi Lang (le « L » de RPWL) n’est jamais bien loin, lui qui assure la technique lors des concerts de Blind Ego.
Après l’intro mystérieuse de « A Place In The Sun » (ne vont-ils pas nous refaire quand même du RPWL ?), le propos devient franchement heavy sur celui-ci et aussi sur des titres bien lourdingues comme les mid-tempi « Obsession » et « Not Going Away ». Ce dernier présente l’intérêt d’allier l’agressif et le groove en s’appuyant résolument sur la basse de Sebastian Harnack et la batterie de Michael Christoph.
Exit les claviers (bien que j’adore ça même dans le hard rock) et place à la guitare rythmique de Julian Kellner dont l’utilité est tout à fait la bienvenue en live pour que, pendant les excellents soli de Kalle Wallner (ils sont plus fréquents que dans RPWL), la puissance et l’envergure de la rythmique ne s’effondrent pas. Je vais faire hurler les fans mais c’est ce qui m’a toujours gêné lors des concerts de groupes sacrés comme Led Zeppelin et encore, je ne parle pas des power trios (ah, zut ! J’en ai parlé) ! À quoi bon superposer les guitares rythmiques et solo en studio si c’est pour faire l’impasse sur les premières en live ?
Si Blind Ego est plus « rentre-dedans » que RPWL, le prog transpire encore (chassez le naturel…) au détour d’un « Never Escape The Storm », mais son final plombé recentre le sujet sur un heavy puissant.
Comme s’il fallait toujours prouver que c’est ce style qui prédomine dans Blind Ego, le très nerveux « Hear My Voice Out There » enfonce le clou, l’occasion pour l’excellent vocaliste Scott Balaban de présenter le groupe lors d’un pied de nez au déluge en reprenant ironiquement le refrain de « I Can’t Stand The Rain ». Ce titre est suivi d’une ballade dans la lignée de celles qu’ont pu créer les pros de la ballade comme Scorpions, Bryan Adams et consorts, j’ai nommé « Speak The Truth » sur laquelle la guitare de Kalle jubile à générer des frissons d’émotions qui sont perceptibles dans l’assistance. C’est encore le cas avec « Blackened » dont la rythmique à la guitare acoustique allège le sujet avant un titre final de nouveau très heavy, histoire d’être bien clair sur le message délivré par Blind Ego.
On le voit, si Kalle Wallner ne renie pas son travail avec RPWL, il lâche les chiens avec un Blind Ego dont le propos et le charisme des membres sont taillés pour la scène.
Rudzik
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