Big Big Train – English Electric Part Two
Big Big Train
GEP
Dopé par le tsunami d’enthousiasme déclenché par le somptueux « English Electric Part One », publié l’an dernier, Big Big Train nous livre aujourd’hui, avec la suite de ce diptyque magique, un album d’anthologie qui devrait enfin lui ouvrir les portes d’une reconnaissance internationale amplement méritée. Magnifiquement produit par Andy Poole, « English Electric Part Two » a mis les petits plats dans les grands pour nous livrer sept compositions de très haut de gamme. Tous les atouts semblent donc réunis pour que ce nouveau magnum opus du combo britannique décolle à Mach 3. Et ce n’est là que justice, après toutes les années de galère qu’il a traversées (qui se rappelle encore des démos « From The River To The Sea » et « The Infant Hercules » publiées en 1992 ?). Plus que jamais apôtres du métissage stylistique, nos pieds nickelés préférés se livrent ici à des ébats musicaux torrides et alternent, avec beaucoup de talent et d’intelligence, les vastes épopées homériques, riches en breaks et en contrastes, et les morceaux plus « cartons », lors desquels concision ne rime en aucun cas avec compromission.
On démarre du reste sur les chapeaux de roue avec les 15’43 de l’epic « East Coast Racer ». Après une courte introduction éthérée au classicisme digne d’After Crying, la formation nous embarque dans une croisière mélodique pleine de rebondissements. Propulsée par la batterie puissante et acrobatique d’un Nick D’Virgilio en état de grâce, cette savoureuse pâtisserie musicale voit se succéder à la vitesse grand V des passages accrocheurs aux lignes vocales imparables, des séquences majestueuses de cordes (arrangées avec soin par le fameux Rob Aubrey dans ses studios Aubitt) et des envolées ascensionnelles dignes du meilleur Spock’s Beard. Du grand art ! Après cette entrée en matière tonitruante, le combo se fend, avec « Swan Hunter », d’une ballade de 6’20 émouvante à souhait sur laquelle le chant éthéré de David Longdon et les séquences de cuivre font merveille. On repart séance tenante, avec Worked Out, sur des terres éminemment progressives. Cette mélodie imparable de 6’20 évoque, elle aussi, les grandes heures des « barbus de l’espace », tout en possédant sa propre identité, à nulle autre pareille.
Dans la foulée d’une première partie très cool, les musiciens se lancent par la suite dans des parties instrumentales enjouées, affolantes de virtuosité. Après ce périple ambitieux, la formation nous offre, avec les 3’20 de « Leopards », une respiration bienvenue (mais tout aussi agréable). Cette ballade, aux arrangements de cordes tirés au cordeau, tient parfaitement la route comme ses promesses. Surgissent alors les 6’59 de « Keeper of Abbeys » dont les rythmes ethniques sur l’introduction évoquent le grand Peter Gabriel avant que le gang ne s’engage dans des terres plus typiquement progressives. Viennent ensuite, sans crier garde, les 8’29 de « The Permanent Way », au romantisme pastoral de toute beauté.
Les hostilités se closent enfin sur le splendide « Currator Of Butterflies », long de 8’44, au cour duquel nos anglais préférés enchainent, sans la moindre seconde de répit, les mélodies mémorables et conjuguent à une verve mélodique jamais prise en défaut une nostalgie des plus prégnantes. Au final, Big Big Train signe donc, avec cette cuvée 2013, une œuvre absolument passionnante, envoûtante et magistrale d’éclectisme et d’intelligence. Putain de disque et putain de groupe !!!
Bertrand Pourcheron (9/10)
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