Bastion Rose – Fade To Blue
Epictronic Records
2024
Lucas Biela
Bastion Rose – Fade To Blue
De la perte de ses parents à la crainte de perdre sa voix après une opération chirurgicale, Austin Frink aurait pu voir son projet, Bastion Rose, ne jamais voir le jour.
Mais, comme une de ses influences, Black Sabbath, le rappelaient dans un de leurs morceaux, il ne faut pas se décourager (« Never Say Die »). Ce qui devait être un projet solo est devenu un groupe avec le recrutement de quatre musiciens de talent et la sortie de Fade To Blue.
Bastion Rose, c’est du rock qui lorgne aussi bien du côté des années 70 que du côté des années 90. Sur leur premier EP 4 titres, aux côtés de solos de guitare hérités des Lynyrd Skynyrd (l’hymne rock sudiste « Halo Devil »), on pourra trouver en effet des débordements rythmiques dignes de Danny Carey de Tool (l’hypnotisant « Coming For You »). Mais loin de moi l’idée de vouloir réduire ce groupe à ses influences. On n’est pas dans un « Led Clone » (encore un morceau avec Ozzy au chant, mais de Gary Moore…) à la Kingdom Come, ou plus récemment Greta Van Fleet. Même si ses influences peuvent transparaître au travers de ses compositions, le groupe réussit à avoir sa propre identité. D’une part, c’est grâce à la voix nuancée d’Austin Frink. En effet, ce chant invite autant à l’optimisme dans ses accents les plus décontractés qu’à la prudence dans sa version la plus remontée. Le chanteur-parolier revient de loin, comme vous avez pu le lire en introduction, et ce projet se veut être une illustration de la résilience de l’Homme. Véhiculant des émotions à la manière des grands chanteurs de hard rock ou de soul, la voix d’Austin est le fil conducteur de ce projet. Elle est magnifiquement amenée tout au long de l’album, avec de belles intonations pour lesquelles on se prend d’affection. Ensuite, Austin a su bien s’entourer pour sublimer son discours. La musique est toujours mue par les riffs et la mélodie, pour un effet coup de poing des plus percutants. Les guitares, quand elles ne s’extirpent pas pour un solo incendiaire, vont impulser une ligne prenante, tandis que la batterie va faire rouler l’ensemble sur des rails lisses, mais aux nombreux virages retenant l’attention des passagers. Par ailleurs, la production ayant bénéficié des services de David Bottrill (Peter Gabriel, Tool, Rush, Dream Theater, Muse…), elle met bien en valeur le talent de nos cinq fantastiques.
Ainsi, Fade To Blue est un premier EP qui augure une belle carrière musicale à un groupe dont le leader a su sortir renforcé d’épreuves traumatisantes. Les formations rock qui parviennent à tirer leur épingle du jeu sont rares de nos jours. Bastion Rose semble être de celles-là, et il ne leur reste plus qu’à transformer l’essai avec un premier album longue durée.