Bad Birthday – Onesideisuponesideisdown

Onesideisuponesideisdown
Bad Birthday
Bad Birthday Incorporated
2025
Lucas Biela

Bad Birthday – Onesideisuponesideisdown

Bad Birthday Onesideisuponesideisdown

Originaire du Danemark, Bad Birthday est un quatuor qui façonne la pop sous différents angles pour en tirer une musique unique mais toujours avec un fil conducteur qui nous permet de ne pas nous perdre. Fruit de cinq années de travail, leur premier album, Onesideisuponesideisdown, est un véritable joyau tant sur le plan de l’originalité que de la musicalité.

À partir d’expérimentations avec des percussions, des basses et des claviers, Bad Birthday arrivent à créer des petits moments où se mêlent aussi bien l’humour que l’introspection. Un bon exemple est « Black Pepper ». En effet, dans un premier temps des notes hésitantes plantent un décor empli de doute. La voix cherche de l’air dans cet univers presque suffocant et son côté lamenté nous touche particulièrement. Puis tout d’un coup, les éléments découvrent une faille d’où s’échappe un gaz hilarant et s’y engouffrent. Le chant y trouve alors réconfort en prenant des accents r’n’b plus langoureux. Mais le ciel s’assombrit subrepticement, notamment avec les basses voguantes et les claviers se dissolvant tel un comprimé d’aspirine dans l’eau. La transition est audacieuse et demande un sacré talent pour ne pas déséquilibrer l’ensemble. Le chant y est évidemment plus perturbé, mais l’espoir le guide. Par la suite, on verra les différents éléments s’imbriquer, montrant là encore tout le savoir de notre quatuor pour l’assemblage d’atmosphères opposées. Mais revenons à ces expérimentations rythmiques et synthétiques que j’évoquais. En effet, quand on passe d’un morceau à l’autre, on ne peut s’empêcher de remarquer que ce sont ces composantes qui sont au fondement de l’édifice bâti. Ainsi « Caesura », à travers ses rythmes chaloupés et ses petites bulles scintillantes, est presque un appel à la danse. Mais comme indiqué précédemment, le caractère bipolaire de nos architectes va les conduire à orienter la construction vers un pôle plus sombre. Ils le feront avec brio grâce à des nappes aériennes, des rouages ralentis, des « ouh ouh ouh » attendrissants et de magnifiques falsettos endoloris.

Bad Birthday Onesideisuponesideisdown Band 1

« Morning Light » propose un autre éclairage. Par sa nonchalance, c’est en effet le monde du hip-hop qu’il côtoie. Claviers amusés et à-coups percussifs partagent la pièce avec des structures plus décontractées où le rythme se détend alors aux côtés de synthétiseurs planants. Ce morceau souligne bien le goût de nos Danois pour les sons 8-bit des jeux vidéos. La surprise, la spontanéité et le côté simplet de ces derniers mettent en effet bien en avant l’humour de certaines sections. « Airfoil » va dans une direction encore différente en présentant des sonorités techno, un style que le collègue Palabras De Oro apprécie tout particulièrement ces derniers temps. Dualité oblige, les mouvements pulsés, menés tambour battant par une belle basse insistante, partagent l’espace avec des pauses splénétiques. Et ces dernières permettent d’apprécier la versatilité des chiptunes. Rappelez-vous, j’insistais sur la contribution à l’humour de ces signaux typiques des jeux d’arcade. Ici, pourtant, quand nos notes 8-bit ne se perdent pas en conjectures humoristiques, ce sont bien des frises lamentées qu’elles élaborent à la manière d’un accordéon lentement étiré. On retrouve à nouveau cette double casquette de nos chiptunes dans « Nobody Cares ». En effet, pleurant à chaudes larmes quand la vérité leur est cachée, elles retrouvent le sourire une fois qu’elles apprennent que personne ne s’en soucie. De son côté, « Be Around» est un véritable terrain d’expérimentation pour les rythmes, mais également pour le chant. Quand les balais cherchent le meilleur point de vue, la voix en revanche couvre la colline de son voile synthétique. Il en va de même pour « No Return » mais à une plus grande échelle, puisque les claviers se laissent également prendre au jeu. En effet, entre partage et chamailleries, on dirait presque des enfants dont l’imagination débordante créerait des jalousies. On assiste ainsi à de beaux contrastes où s’entremêlent humour, gravité, allégresse et détresse. « Evaporate », en revanche, offre une approche bien différente. Là où les claviers préoccupés installent la brume, la basse impatiente la dissipe. Les longues complaintes étirées de la voix partent alors dans une ivresse ensoleillée où, autour des claviers radieux, se croisent rythmes arabes traditionnels et trip hop. Quand les synthétiseurs perdent la trace des percussions, ils nous font part de leur douleur. Ainsi, sur « One Side Is Up One Side Is Down », ne les entend-on pas pleurer pendant qu’ils essayent de combler l’absence des maîtres du temps par le bruit de leurs sanglots au sol. Et quelle sollicitude alors de la part de la voix dans ces moments difficiles ! Tout en retenue et avec attention, elle cherche à réconforter sans brusquer.

Bad Birthday Onesideisuponesideisdown Band 2

Repoussant les limites de la pop en y incorporant de l’expérimentation et des styles variés, la formation danoise Bad Birthday impressionne. On se retrouve avec un canevas riche sans toutefois perdre nos repères. En effet, malgré leurs nombreuses influences et le côté « laboratoire d’idées », les pièces parviennent à conter des histoires. Des mélodies prennent alors forme et notre esprit s’en trouve bouleversé.

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