Anubis – The Unforgivable

The Unforgivable
Anubis
Robe Records / Creative Eclipse PR
2024
Palabras De Oro

Anubis – The Unforgivable

Anubis - The Unforgivable

Quoi ? Vous ne connaissez pas Anubis ? Ces Australiens qui jouent comme des dieux… égyptiens (OK, elle est facile celle-là, mais rassurez-vous, il y aura pire ci-après et non, je ne sortirai pas !) ? Pourtant, The Unforgivable est déjà leur huitième opus en une double décade d’existence. Il s’agit d’un concept album dont la trame a été élaborée pendant le confinement dû à la covid, par son claviériste David Eaton et son chanteur Robert James Moulding. En fait, c’est un unique morceau de 45 minutes composé de dix parties que l’on nous convie à écouter, un peu comme Dream Theater qui avait tracé la voie avec son Six Degrees Of Inner Turbulence. Ils n’en sont pas à leurs débuts en matière de concept puisque 230503 (2009) et A Tower Of Silence (2011) racontaient déjà des histoires épiques et cinématiques comme aux plus belles heures du prog vintage.

Personnellement, j’avais découvert Anubis lors du festival prog teuton du Night Of The Prog 2018 et j’avais été conquis par leur prestation. D’ailleurs ils sont programmés au Prog En Beauce 2024. Il devenait urgent d’ouvrir aux six « Aussies » (et six saucisses, ça reste un atout de poids pour gagner le cœur du public germanique à deux pas de Francfort, la capitale mondiale de la saucisse) les colonnes de Clair Et Obscur. Mais revenons à ce fatidique début d’année 2020 lors duquel, David et Rob enregistrèrent plus de deux heures de jam tout en remixant les deux premiers albums du groupe. Quatre ans plus tard, les pistes ont été présentées puis validées et complétées avec enthousiasme par les autres membres du sextet. L’histoire qui nous est contée nous plonge (ainsi que le jeune homme, son héros) dans l’univers ténébreux et sectaire d’un culte religieux nommé La Légion Des Anges. Séduction, spoliation, bourrage de crâne, prise de conscience et libération sont les différentes phases par lesquelles passe notre héros tout au long de cette expérience psychologique.

Anubis The Inforgivable band1

Musicalement, The Unforgivable est un retour vers des schémas alambiqués après un Homeless plus accessible. Pour autant, cette nouvelle œuvre d’Anubis n’est pas d’une complexité folle. Les rythmes asynchrones ne sont pas légion alors que la technicité des musiciens est quand-même d’un très haut niveau. J’ai surtout été sensible à la versatilité du jeu de basse d’Anthony Stewart qui, la plupart du temps, est une véritable locomotive pour ses compères. « Part II – The Mark Of Cain » et « Part VI – All Because Of You » illustrent parfaitement mes éloges envers Anthony, diabolisant en permanence ses quatre cordes sur ces titres parfaits. Le premier a un refrain lorgnant du côté de Leprous. Il nous gratifie carrément d’un solo ondoyant et pulsatif sur le dynamique « Part IV – The Chains ». Je sais, c’est surprenant de tresser des lauriers à un album en commençant par le bassiste, le seul musicien d’un rock-band qui ne joue pas pour pouvoir se taper des groupies à la fin des concerts… chanteurs et guitar-heros, suivez mon regard. Puisqu’on en parle, le chant de Robert James Moulding est d’une clarté éblouissante, il faut « Aussie » le mentionner. Il a parfois recours à des effets, un peu comme Alex Keskitalo d’Overhead, pour le rendre plus inquiétant, par exemple sur « Part III – Alone ». Dans la série « j’ai kiffé grave », on trouve le piano régulièrement employé par David Eaton, ce qui me rappelle le Frost* des débuts. Il crée une atmosphère mélancolique à souhait sur « Part I – A Legion Of Angels » et « Part VI – All Because Of You ». Le duo de guitaristes formé par Douglas Skene et Dean Bennison n’est pas nécessairement assigné à construction d’un mur (ce sont des Australiens, pas des Portugais !) sonore aux riffs survitaminés (quoique le début de « Part III – Alone » est un véritable parpaing). Ils œuvrent plutôt pour assurer une complémentarité sans failles. Les soli sont toujours magnifiques et émotionnellement lumineux. Je dois cependant préciser qu’ils semblent souvent inspirés par le grand David Gilmour, comme celui grandiose de « Part IX – Shadows Cloak The Gospel ». La sympathique partie de wah wah de « Part IV – The Chains » est l’exception qui confirme la règle. Côté batterie, Anubis a confié à Steven Eaton le rôle de la pieuvre. Il faut dire qu’il paraît doté de plusieurs tentacules tellement il fait feu de tout bois… parfois un peu trop, le syndrome de Gavin Harrison sans doute. Il n’en demeure pas moins que sa prestation est étonnante de vélocité et de technicité. La production, générant un semblant d’écho, a rendu le son de sa caisse claire un peu lointain, comme s’il avait été relégué dans une pièce contigüe au studio d’enregistrement. Ça m’a perturbé. Anubis a beaucoup travaillé les chœurs, faisant judicieusement appel à Becky Bennison pour un « Part VII – The End Of The Age » aérien où l’entremêlement des chants masculins et féminins est une réussite rappelant par moments Ayreon. Cette participation contribue à donner un côté un peu rock alternatif à « Part VIII – Back », un titre choisi en tant que single de l’album. La fin de cette histoire prend la forme d’une formidable ballade éponyme « Part X – The Unforgivable » dont le refrain s’imprime immédiatement dans les synapses. C’est un exercice dans lequel le groupe excelle, comme on pouvait le percevoir sur « Part V – One Last Thing » dont le côté émotionnel était déjà poussé à son paroxysme. Petite curiosité : l’intro de « Part VI – All Because of You » est une imitation sans samplers du passage d’une locomotive à vapeur. Sympa !

Anubis The Inforgivable band2

Incontestablement, cet album a du chien, logique quand on s’appelle Anubis, un dieu funéraire de l’Égypte antique à tête de grand canidé noir (je vous avais prévenu !). The Unforgivable se déguste d’une traite et fait partie des opus pour lesquels on n’a qu’une seule envie à la fin de son écoute : appuyer sur la touche play pour se le repasser immédiatement.

https://anubismusic.com
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2 commentaires

  • carmouze

    j’ai écouté leur dernier album et aussitôt après je me suis emparé de toute leur discographie sur bandcamp…
    Du néo-prog de haut niveau, pour ceux qui aiment IQ, Pendragon ou Cosmograf.

    • Palabras De Oro

      Merci Thierry de nous lire.
      Je « plussois » sur ton commentaire. Anubis est bourré de qualités mélodiques qui le rendent très attachant.

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