Ange – Escale Heureuse
Art Disto
2019
Christophe Gigon
Ange – Escale Heureuse (1 DVD + 2 CD)
Ange nous refait le coup du double live qui suit chaque nouvel album studio. Il faut bien vivre mon ami. Ainsi, Escale Heureuse se présente comme le témoignage audio et vidéo de la tournée visant à promouvoir son dernier disque, Heureux, paru en 2018. La captation a été décidée à Nancy, peut-être à cause du très progressif « Nancy-Jupiter À La Nage » qui, du haut de ses presque dix-huit minutes, toise une partie du reste de la production angélique.
Commençons par les bonheurs habituels : les musiciens sont toujours en très grande forme et, répétons-le encore et encore (comme dirait Cabrel), Ange peut se vanter de proposer au public ce qui se fait de mieux au niveau de l’osmose musicale (les membres du groupe se connaissent par cœur !). Que l’on aime ou pas la musique de l’équipée franc-comtoise, il faut avouer qu’elle maîtrise son sujet avec une force et une fougue inouïe pour un groupe qui fête cette année ses 50 ans de carrière !
Autre raison d’être heureux : le choix des titres, toujours très intelligemment équilibré, ravira tant les fans du « vieil » Ange que ceux de la formation actuelle. Ainsi, pour accompagner les nouvelles pistes (« L’Autre Est Plus Précieux Que Le Temps », « Jour De Chance Pour Un Poète En Mal De Rimes » ou « Heureux »), on pourra toujours compter sur les indétrônables classiques que restent « Aujourd’hui, C’est La Fête Chez L’apprenti Sorcier », « Vu D’un Chien » ou le bouleversant « Capitaine Cœur De Miel ». Et, pour faire bonne mesure, la troupe aux deux Décamps s’offre même le luxe de proposer des morceaux plus audacieux et moins connus du grand public comme le superbe « Les Lorgnons » qui aura, du reste, pas mal inspiré Steven Wilson quand il s’est agi de composer « Sleep Of No Dreaming » sur l’album Signify de Porcupine Tree, paru en 1996.
Le retour de manivelle angélique s’entend sur la pièce maîtresse que constitue « Jour de chance pour un poète en mal de rimes » qui aurait pu figurer, le chant en français en moins naturellement, sur Grace for Drowning du même Wilson. Echange de bons procédés entre génies du rock progressif qui se connaissent, s’aiment et se respectent.
Pas beaucoup à dire du côté des points moins heureux. Les fines bouches pourront reprocher au groupe un manque de moyens flagrant en ce qui concerne la production mais on peut bien comprendre qu’Ange ne possède pas les finances d’un Muse ou d’un Roger Waters. Heureusement d’ailleurs. Cela nous évite les sempiternelles projections et autres Power Points de gagne-petits.
Les armes de Christian Décamps (chant, claviers et guitare), Tristan Décamps (claviers et voix), Hassan Hajdi (guitares), Benoît Cazzulini (batterie) et Thierry Sidhoum (guitare basse) sont bien plus précieuses : virtuosité, puissance, force, poésie et charisme vaudront toujours mieux qu’artifices, esbroufe, régressions adolescentes et pyrotechniques. Cependant, comme toujours avec Ange, le sublime côtoie le franchement gênant. Tant au niveau des textes que des prestations. Mais primeront toujours cette honnêteté et cette audace que trop peu sont prêts à proposer, assagis qu’ils sont par le paraître qui les empêche.
Relevons ces moments de grâce inégalable qui surviennent quand ça joue bien et que les sons sont à la hauteur des harmonies : les riffs de guitare irrésistibles de « La Gare De Troyes » ou de « Vu D’un Chien », les soli inhumains et gracieux d’Hassan sur la plupart des titres, la section rythmique dantesque qui force le respect et les voix des Décamps qui sont toujours aussi expressives. Un groupe heureux, un public heureux. Que demande le peuple ? Des passages en radio ou à la télévision. Assurément.
Bonjour je réécoute toujours avec le méme plaisir les disques de Ange qui aont bercé une partie de ma jeunesse . Peut étre que je suis aussi un ange sans le savoir ….Bon voyage a tous et essayé d’aller en paix .