anasazi – cause & consequences

cause & consequences
anasazi
Autoproduction
2023
Palabras De Oro

anasazi – cause & consequences

anasazi - cause & consequences

Ils nous l’avaient promis pour 2020, mais c’est trois ans plus tard qu’anasazi sort son sixième LP cause & consequences, le successeur de l’excellent ask the dust paru en 2018. Question changement, le quatuor grenoblois s’est réduit à un trio après le départ de son bassiste. Par contre, il a conservé… son refus d’emploi des majuscules et ce, en signe d’humilité, car se la péter n’est absolument pas le genre de la maison (prendre leur douche ensemble, non plus d’ailleurs « cf private joke de réseau social »). Il s’est également fortement détaché de certaines influences très marquées pour proposer un rock/metal prog plus personnel et percutant
La mélancolie et les mélodies fortement imprégnées de ce sentiment sont toujours prégnantes, mais le ton des riffs s’est particulièrement alourdi. La production délaisse un peu le côté synthétique au profit d’accents toujours sombres, mais plus organiques, témoin cet orgue Hammond qui pointe son nez sur « exit life » ou les plages acoustiques de « disheartening », « space between » et « the mourning » en seconde partie d’album.

anasazi - cause & consequences band1
mathieu madani (guitare, basse, claviers et chant) mène toujours la barque, cependant il m’apparaît que les contributions de ses compagnons d’arme, le guitariste lead bruno saget et le batteur anthony barruel, sont plus consistantes (vous pourrez noter que je respecte à la lettre la proscription par le groupe des capitales aux noms propres). À ce trio s’adjoint le guitariste et ingé son tristan klein, qui en profite pour apporter au groupe quelques soli de gratte dont celui de « the mourning », fabuleux, clôturant l’album et les parties d’orgue hammond. cause & consequences se voit également gratifié de soli de guitare de bruno pas piqués des hannetons comme ceux de « disheartening » et « into the void ». Cette place laissée aux guitares n’était pas monnaie courante dans leur discographie. Les parties de batterie sont plus riches (c’était un peu le point faible d’ask the dust) et carrément jouissives sur « 324 », « death was (her) name », « exit life » et « the mourning ». À mi-chronique, je m’aperçois que je parle moins des premiers titres de la galette et pourtant il y a à dire. « trapped » fait surtout la part belle aux riffs et affiche de façon déterminée la fibre métallique d’anasazi. Une entrée en matière très plombée, quelque chose qui annoncerait la couleur : anasazi a tourné sa page rock prog pop et la guitare est au centre de presque tous les morceaux de l’album, laissant le clavier à des effets sonores de fond. Faussement simpliste, ce titre recèle en son cœur un passage complexe où chaque zikos joue un truc personnel en cycle décalé (avec, pour les accros de technique, une métrique en 5/8 et 2/8 tous les 2 cycles) pour se rejoindre et terminer le morceau ensemble. « 324 », dont le titre est le numéro de la chambre d’hôtel où il a été enfanté… ou bien la rythmique des breaks de batterie qui y sont saupoudrés… en fait, les deux. Il alterne saturation et son clair, préfigurant ce qui sera développé dans la suite de la galette. « death was (her) name », titre d’ouverture des shows, a des couplets qui rappellent «  Happiness Is A Warm Gun » des Beatles. Il est plus versatile que ce qui le précède. Tool et Porcupine Tree, grosses influences d’anasazi sur les albums précédents, ont cédé la place aux riffs de Metallica pour un final éléphantesque à la sauce anasazienne. Les premiers accents d’« exit life » sont dans la lignée d’ask the dust. Quoi de plus normal, car cette chanson parlant du suicide assisté est née à l’époque de cet album. Le chant trafiqué de mathieu et la rythmique alanguie font le lien, mais tout bascule lors d’une partie instrumentale remarquablement épaulée par la batterie. Ce titre est le premier des trois méga parpaings épiques livrés non par « l’enchanteur », mais par le trio grenoblois au sommet de son art. Il s’ensuit un « disheartening » à l’acoustique presque anodine et intimiste avec des percussions électro sur sa première partie imaginée par bruno, puis enflant démesurément sous l’effet d’une basse irrésistible. Le mur d’anasazi (bon, ok, trois parpaings, ça fait peu pour construire un mur) se parachève par l’ultime « the mourning » qui flirte avec le quart d’heure. Ce titre, qui aurait pu se nommer « ôde à minie », traite du deuil et propose des parties étonnantes pour anasazi, confinant à la world music, au metal bien sûr, mais sur un rythme particulièrement soutenu. Des plages comme « into the void » et «  space between » sont plus directes est permettent au groupe des mix entre metal, pop et même blues, illustrés encore par des soli de gratte originaux et complémentaires. La versatilité du chant de mathieu est omniprésente avec quelques incursions de phrasé rappé ( « 324 », « into the void »). Régulièrement, il s’efface au profit de parties instrumentales passionnantes qui donnent toute sa classe à l’heure de musique délivrée par cause & consequences. Quatre titres bonus ont été composés durant les sessions d’écriture, mais n’ont pas été retenus pour le track list final du CD afin de ne pas l’allonger démesurément. Alors c’est un cadeau très éclectique qui ne se refuse pas. Entre le presque instrumental gargantuesque « le cercle des manies » et son poème central d’anthony déclamé par mathieu, la jolie ballade « bleedin’ through », l’hybride électro « shine » et le destructuré « autumn of tears » qui devait initialement clôturer l’album, c’est une offrande qui permet de prolonger goulument son plaisir d’écoute. La botte secrète du groupe, c’est également l’étonnant artwork pondu par l’indéboulonnable Grégory Migeon, qui a produit toutes les pochettes du groupe depuis 2008. Cette illustration torturée et incroyablement suggestive est le pendant des thèmes abordés dans les chansons, allant de la souffrance animale à la dépression en passant par les attaques de panique, le deuil, le suicide assisté et les cultes.

anasazi - cause & consequences band2
J’étais confiant en lançant l’écoute de cause & consequences et je n’ai pas été déçu. Fort de ses deux décennies d’existence et de ses bases rock/metal prog, anasazi a su se renouveler et expérimenter pour se forger une véritable identité musicale. C’est bien simple : quand je passe de l’anasazi, je reconnais que ça en est dès les premières mesures, même quand des surprises sont présentes à chaque détour. C’est pas un signe ça ?

https://www.facebook.com/anasazi.prog
https://anasazi.bandcamp.com/album/cause-consequences

 

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