anasazi – ask the dust

ask the dust
anasazi
Autoproduction
2018

anasazi – ask the dust

anasazi ask the dust

ask the dust d’anasazi sera-t-il capital pour la notoriété du groupe grenoblois qui tient à ce que son patronyme, le nom de l’album et les titres des chansons n’en possèdent pas ? L’avenir nous le dira mais beaucoup de chemin a déjà été parcouru en quatorze ans depuis ce qui n’était au départ qu’une contribution ponctuelle et opportuniste entre ses deux membres fondateurs dont Mathieu Madani (chant, guitare, claviers), ceci pour fêter un anniversaire. Le renoncement à l’emploi des majuscules par anasazi est une forme d’humilité envers tous les groupes qui l’ont inspiré aussi j’ai pris le parti de respecter ce choix dans ma chronique.

Mathieu se retrouvant un peu esseulé par la suite, reçut le concours de Christophe Blanc-Tailleur (basse) pour constituer le noyau dur d’anasazi.

anasazi ask the dust band1

ask the dust est ainsi le cinquième LP d’anasazi dont le line-up s’est étoffé pour atteindre désormais quatre membres afin d’accoucher d’un opus de façon plus collective que sur les productions précédentes. En particulier, Bruno Saget (guitare solo) et Anthony Barruel (batterie) se sont impliqués dans le processus de composition alors que Christophe a assuré le mixage de l’album.

Pour autant, le propos d’anasazi est majoritairement impulsé par la vision qu’en a Mathieu. Musicalement, les influences vont de Tool à Porcupine Tree en passant par The Beatles, Pink Floyd et même Pantera sur quelques riffs plus énervés.

Bien qu’anasazi ait déjà donné dans le concept album (et envisage même dès à présent une sortie de ce type vers 2020), ask the dust n’en est pas un. Pourtant, les thèmes traités dans ses chansons ont un point commun. Ce sont des tranches d’humanité mais pas les plus heureuses qui soient. Sont évoqués certaines philosophies de la vie, les difficiles relations père/fils, le suicide, la maladie dégénérative, la prostitution des mineurs, les blessures du passé et la rancœur, etc. D’ailleurs, le superbe artwork de Grégory Migeon est également très évocateur dans ce domaine avec ce manège de chevaux de bois qui sombre car prisonnier des éléments en furie. À moi, il m’évoque les illusions et l’insouciance de l’enfance englouties dans le maelstrom de la vie. La musique étant en phase avec ces propos, l’ensemble ne donne donc pas dans un optimisme béat. Bien entendu, cela n’est pas un problème si, comme moi, vous êtes férus de ces ambiances dépressives et, à ce sujet, anasazi s’y entend à merveille pour les concevoir même si les mélodies de certains titres sont plus enjouées malgré la lourdeur des sujets traités.

Le chant de Mathieu est empreint d’une mélancolie persistante et est régulièrement habillé d’effets un peu à la Steven Wilson. J’accroche vraiment à ces tonalités un peu lancinantes. Les soli de guitares assurés majoritairement par Bruno privilégient l’affinité avec la trame de chaque chanson plutôt que la recherche de la performance technique. L’objectif n’est donc pas d’en mettre plein la vue et c’était bien ce qui convenait le mieux pour étoffer judicieusement les harmonies musicales de haut vol de chacun des titres d’ask the dust.

Mon seul petit bémol résiderait dans le jeu de batterie qui mériterait d’être quand même un poil plus riche même s’il ne m’a pas semblé que cela soit dû à l’absence de double caisse. À l’instar des soli de guitare, il s’agirait d’une volonté délibérée d’anasazi de ne pas trop en faire.

anasazi ask the dust band2

Difficile de ressortir un titre plutôt qu’un autre car j’ai vraiment abordé l’écoute de cet album dans son intégralité. Si les sujets traités pouvaient être générateurs d’une certaine monotonie, il n’en est en définitive rien car chaque titre possède sa propre personnalité même lorsque les influences précitées apparaissent un peu trop prégnantes (Pink Floyd sur « still i can ’t hide », Tool sur « and the grudge (still here) » et « staring at the sun », Porcupine Tree sur l’instrumental « once dead »).

Je citerais toutefois « miles away » pour son côté plus enlevé, le groove de « feeling nothing », les chœurs à la Spock’s Beard et les strings de « the second before », l’ambiance plus optimiste d’« into the flood » traitant d’un sujet qui ne l’est pas (Alzheimer) et le solo de guitare acoustique et hispanique de Mathieu sur fond de riff « toolien » d’« and the grudge (still here) ».

Petite originalité, le titre éponyme d’ask the dust est en fait un ghost track acoustique mâtiné d’effets électros placé, comme il se doit, après un blanc en fin d’album et ne figurant pas dans la track-list. Pourtant, « Once we were kings for a minute, once we were gods for a second », son refrain est inscrit en toutes lettres au verso de la jaquette.

J’arrive à la fin de cette chronique et malgré plusieurs écoutes, je sens bien que je n’ai pas encore exploité toute la richesse et le potentiel de cette remarquable galette. C’est pour moi un gage de qualité de la part d’anasazi qui livre donc ask the dust, un petit joyau dont chaque plage constitue une pierre précieuse finement ciselée. Ça fait du bien de savoir qu’elles sont « made in France ».

Coup de Coeur C&O

Rudzik

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