Alela Diane – Looking Glass

Looking Glass
Alela Diane
Naïve
2022
Fred Natuzzi

Alela Diane – Looking Glass

Alela Diane Looking Glass

Alela Diane nous accompagne dans nos vies depuis un bon moment déjà. 2006, plus exactement avec la sortie officielle de The Pirate’s Gospel. Ses chansons s’inspirent de sa vie personnelle, de ses ressentis, des personnes qui l’entourent et tissent des morceaux de vie poétiques qui fusionnent avec la folk qu’elle produit. Tour à tour enchanteresse, chamanesque, envoûtante ou solaire, ses créations rivalisent de beauté pour mieux nous ensorceler. Et puis avec ce Looking Glass, c’est une sorte d’aboutissement. Comme si tout s’était stoppé autour d’elle (et ce fut le cas avec la Covid), Alela Diane regarde dans le miroir et allie le passé et l’avenir dans un entre-deux calme et reposant, où tout est en harmonie. La beauté jaillit telle une source pure, et la simplicité et la fluidité avec lesquelles découlent ces morceaux ravissent et enchantent. A chaque titre, on pousse un « wow » de plaisir, tellement c’est beau. Alela avait privilégié le piano sur Cusp, pour Looking Glass, elle retrouve sa guitare pour notre plus grand plaisir, sans toutefois délaisser le piano. Afin d’envelopper ses mélodies, on trouve aussi de la flûte, du violon, de la harpe, du violoncelle, panel qui lui permet d’avoir moult invités sur l’album avec la fidèle Heather Woods Broderick qui est aussi dans le groupe qui accompagne Sharon Von Etten.

La beauté qui nous saisit avec « Paloma » a autant d’effet que la découverte d’une chanson de Neil Young de la grande époque. C’est dire ! Et puis au fur et à mesure, on se laisse embarquer par son refrain imparable et ses cordes tout bonnement magiques. Une grande chanson qui installe de suite une chaleur où l’on se sent bien. Suit « Howling Wind » où l’harmonica d’ouverture nous confirme l’inspiration folk country de l’album. Une interprétation riche et magnifique marquant peut-être la confirmation qu’Alela est une interprète et compositrice majeure dans le paysage folk américain. La douceur enveloppe ce titre, mais les thèmes abordés sont bien plus graves. La guitare de « When We Believed » est purement divine. Cette plage est une beauté qui se promène dans le passé d’Alela avec une mélancolie touchante. Encore une chanson essentielle de Looking Glass. Retour du piano sur « Strawberry Moon », en suspension où les cordes font des merveilles. Bizarrement, on pense ici à une Tori Amos folk. « Of Love » est peut-être la song qui m’a fait fondre définitivement. Une ritournelle qui aurait pu avoir sa place chez Lord Huron, voire Father John Misty, aux arrangements magnifiques, comme on en faisait dans les années cinquante ou soixante. Comme le dise les anglais, breathtaking !

Alela Diane Looking Glass Band 1

« All The Lights » retrouve des accents countrysants tandis que la harpe achève de mettre en valeur la structure de ce titre plaisant et harmonieux. « Dream A River » évoque une folk réminiscente de First Aid Kit avec ce parfum de légerté, de liberté musicale qu’Alela allie à des souvenirs mélancoliques. Dans ce disque, on voyage aussi dans les références folk, de Fleet Foxes à Sufjan Stevens en passant par Midlake, Other Lives ou Joanna Newsom, mais Alela Diane possède ce « je-ne-sais quoi » qui va au-delà de l’incarnation de la simple chanteuse folk. Elle a un souffle poétique qui nous emporte et nous transporte au gré de ses peintures musicales. L’apparente simplicité de « Camellia » avec ce piano triste et ces voix en requiem n’est qu’une façade, car elle accompagne la tristesse de l’événement relaté dans ce titre. C’est émouvant cette manière de chanter le deuil et les mots choisis sont vraiment beaux. Du coup, « Moth In The Light » qui suit est plus léger instrumentalement, même si les paroles ne sont pas non plus des plus enjoués. « Mother’s Arms » parle de l’éloignement dû à des circonstances que l’on a tous vécues récemment. Une chanson du quotidien qui parlera à tous dans une composition encore une fois magnifique. Enfin, « Another Dream » nous invite à se laisser aller à la rêverie, dernier refuge où l’on pourra trouver du réconfort.

Alela Diane Looking Glass Band 2

Car finalement, il s’agit de cela : trouver du réconfort. Tout l’album repose là-dessus. Looking Glass prend d’ailleurs son origine pendant une tempête dévastatrice. On ne peut rien contre la nature, on ne peut rien contre les événements du passé, à part leur faire face et trouver un salut dans les leçons que l’on peut en tirer. L’opus devient donc une réflexion sur la nature des choses : les forces déchaînées de la Nature, les conséquences de la Covid, la mort d’un nouveau né, le divorce, tout autant de thèmes qui incitent à se réfugier ailleurs, dans la musique, en racontant ces douleurs latentes au sein d’une contemplation introspective jamais larmoyante. Looking Glass est magistral tant sur le fond que sur la forme. Ce n’est pas pour rien que Joan Baez elle-même appelle Alela Diane la diva de la folk !

Coup-de-Coeur

https://aleladiane.com/

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