Alan Parsons – The Secret
Frontiers Records S.R.l. (Soulfood)
2019
Christophe Gigon
Alan Parsons – The Secret
Moitié vivante du célèbre Alan Parsons Project (R.I.P. Eric Woolfson), l’ingénieur du son et producteur Alan Parsons propose un nouvel album, accompagné d’une tournée, qui ravira les inconditionnels des hauts faits des années soixante-dix du duo mélodique. The Secret, sorti chez l’énergique label transalpin Frontiers, aurait pu paraître en 1979 tant on y retrouve les ingrédients attendus. Un très bon disque, classique, superbement produit et addictif.
La première piste, instrumentale, adaptation du célèbre « The Sorcerer’s Apprentice » de Paul Dukas, immortalisée en 1940 par Disney dans Fantasia, marquera les esprits. Une introduction de haute volée, magnifiquement orchestrale (à mille lieues des musiques d’ascenseur que l’on peut découvrir sur le dernier essai, raté, de Marillion With Friends From The Orchestra). Un titre épique que ne renierait pas Clive Nolan (Arena, Shadowland, Caamora, etc.). Eblouissant.
Puis sort de sa boîte le titre « Miracle » qui forme un single imparable, très proche, stylistiquement, des classiques du groupe comme « Eye In The Sky ». Ce genre de titres, pop, légers mais incroyablement bien construits, semble rester l’arme fatale d’Alan Parsons. Mike And The Mechanics ou Asia pouvaient parfois atteindre cette gracieuse et complexe simplicité mais se contentaient souvent de nous servir la soupe.
« As Lights Fall » passe la seconde couche. Encore une chanson accrocheuse au son peaufiné jusqu’au diamant. Si l’on retrouve la qualité de prise de son qui a fait la réputation du bonhomme, de The Dark Side Of The Moon de Pink Floyd à The Raven That Refused To Sing de Steven Wilson, la mélodie semble un peu reprise du temps jadis. « One Note Symphony » sonne comme du Toto qui aurait écouté du Yes… produit par Alan Parsons. Donc soit on adore, soit on déteste.
Si le rock progressif et mélodique reste votre style de prédilection, ce titre forme l’acmé de ce qu’un fan peut at(en)tendre. Sans oublier une pincée de vocoder sur les voix pour faire bonne mesure (et, accessoirement, rappeler les moments les plus célèbres du duo aux fans qui n’auraient pas encore compris à qui ils ont affaire !). Pour être parfaitement honnête, il faut enfin remarquer que sur ce titre, le chanteur chante toujours la même note (ce qui explique le titre) et que seuls les arrangements et l’harmonisation font la différence. C’est indéniablement une prouesse de composition.
Et la galette tourne, sans jamais se retourner ni détourner l’attention de l’auditeur, même si des moments plus faibles freinent un peu la démarche (« Sometimes », « Soirée Fantastique » ou « Years Of Glory »). Le très beau « Fly To Me » aux accents Beatles très prononcés mettra tout le monde d’accord : l’équipe sait se servir d’une table de mix (Quel son de guitare !). Et les musiciens jouent sans gants. Vraiment, la qualité de l’ensemble est bluffante, n’en déplaise à ceux qui trouveront toujours que le tout souffre d’aseptisation, voire de mollesse.
« Requiem » lorgnera un peu (beaucoup) du côté de Supertramp, avec saxophones et montées de claviers à l’avenant. Le disque se termine par une triplette de titres plus éthérés, « à la Pink Floyd », diront les mauvaises langues. Les autres continueront de penser qu’il est remarquable qu’un homme comme Alan Parsons puisse encore proposer, quarante ans après sa « grande période » des productions de cette qualité. C’est peut-être là que réside son secret.
Nice to see so many engaged readers around commenting…