7 Weeks – Faded Into Blurred Lines
F2M Planet
2023
Palabras De Oro
7 Weeks – Faded Into Blurred Lines
7 Weeks est un groupe que je suis depuis de nombreuses années, bien que l’occasion de les voir sur scène ne se soit jamais présentée. Chacun de leurs six albums et deux EP est venu étoffer la richesse de leur panorama musical. Faded Into Blurred Lines, leur dernière progéniture, ne fait pas exception à la règle.
Certes, le principe du « simili album concept » perdure comme sur Sisyphus, à savoir qu’un fil conducteur unit les morceaux de l’opus sans que celui-ci ne raconte une histoire à proprement parler. Cette fois-ci, ils relatent les tranches de vie de types fracassés par celle-ci et qui ne laissent pas un souvenir impérissable lorsqu’ils disparaissent, la faute à « pas de chance »… ou pas. Une fois de plus, l’artwork de la jaquette est très évocateur avec ce zombi Don Quichotte métallique qui illustre tous ces anti-héros combattant des chimères pour finir par disparaître dans l’anonymat de la vie et surtout de la mort.
Le line-up du groupe a évolué vers un trio, le guitariste Gérard Gimenez passant d’invité sur la reprise du « Cirkus » de King Crimson (figurant dans l’EP What’s Next ?) à membre à part entière de 7 Weeks. Ainsi, la formule consacrée « power trio » donne un son plus root à la production du combo dont les compositions sont plus compactes et directes Elles générent un album dont la longueur se limite à une bonne demi-heure d’écoute. Nos Limougeauds revisitent la formule utilisée avec succès tout au long de leur discographie, à savoir cette alchimie entre rock, stoner, grunge et blues. Cette fois-ci, c’est le dernier de ces styles qui est le plus accentué. Après tout, l’histoire du blues émane de la souffrance des Afro Américains dont, le moins que l’on puisse dire, est qu’ils ont été bien fracassés tout au long de l’avènement des states. Tout ceci apparaît donc bien cohérent. Cette simplicité dans les compositions et les arrangements permet au chant du bassiste Julien Bernard d’être encore plus mis en évidence, et il faut avouer que le bougre possède un talent fou pour susciter de l’émotion, quel que soit le style des morceaux sur lesquels il pose sa voix. De l’intro de « Gorgo » à l’ultime acoustique « Travellers » sur lesquels sa mélancolie fait mouche, il se métamorphose pour devenir rocailleux quand les décibels commencent à pleuvoir sur « Gorgo », « Blackhole Your Heart » et le très rocky « Wax Doll ». Il s’arrondit parfaitement pour coller à l’atmosphère bluesy de « Shimmering Blue » et s’empreint de désespérance sur « Mute » et « Windmills ». Quel registre ! Toute cette capacité est mise au service de refrains puissants et générateurs de frissons délicieux qui parcourent notre échine. Je recommande instamment celui de « Shimmering Blue » dont la puissance atteint son apogée lorsqu’une guitare tragique vient relayer le chant vers un final qui laisse pantois. Étonnamment, j’ai fortement pensé aux Beatles en entendant les chœurs fort convaincants du refrain de « Casteway », et surtout à l’écoute de l’écorché « Windmills » dont les schémas rappellent ceux de la seconde partie du vibrant « I Want You (She’s So Heavy) » de la paire Lennon / Mc Cartney (enfin, surtout Lennon en l’occurrence), y compris sur leur fin similaire en queue de poisson. Alors, si Faded Into Blurred Lines engendre son pesant de tristesse dépressive, des titres, comme l’endiablé « Wax Doll » ou « Up The Pressure » et son arythmie impulsée par Jeremy Cantin-Gaucher à la batterie, l’empêchent d’y sombrer abusivement.
7 Weeks poursuit son amalgame des genres apparentés au blues/rock en parvenant, à chacune de ses sorties, à leur donner une orientation différente et personnelle, bien en phase avec le sujet traité par ses textes. Faded Into Blurred Lines enrichit une discographie désormais bien étoffée, bien que non redondante. Cette fois-ci, un retour aux sources bluesy sied à parfaitement à des paroles prônant, à travers les histoires d’anti-héros, un autre retour : celui vers des valeurs plus fondamentales et brutes que celle de l’éloge du superficiel qui prévaut dans nos sociétés surmédiatisées actuelles.
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