16pac – Evening Songs
Autoproduction
2018
16pac – Evening Songs
16pac nous revient après cinq ans d’absence sous la forme d’un trio, avec Evening Songs. Cette fois-ci, la formation a choisi de livrer des compositions directes, en acoustique. Il est vrai que passée la surprise de ne pas retrouver les mêmes sensations et le même univers que sur Underwater Sessions (pas d’electro-pop, de post-rock ou de trip-hop), on se concentre davantage sur le songwriting, les arrangements, les vignettes que nous proposent le groupe et la très belle voix d’Emma aux mélodies délicieuses. 16pac, en trio, se resserre, offre de belles plages rêveuses, et on se laisse volontiers envoûter tout au long de cet « acoustic journey », comme le dit le sous-titre de l’album. Le jeu d’Éric, batteur habituellement, que ce soit au piano ou aux percus, permet aux titres d’être soit émouvants, soit de s’envoler. Et les guitares de François permettent d’habiller le tout de la teneur intime voulue, ou du paysage sonore choisi, afin d’insuffler à chaque morceau (dix cette fois-ci) une originalité certaine, ou du moins une dose d’intérêt supplémentaire. Car chacun sait que faire un album uniquement acoustique est une gageure, et pour 16pac, c’est une vraie prise de risque.
« Killer Whales » ouvre le bal, et trouve progressivement son envolée, avec un sublime ukulélé qui, du coup, donne une couleur inattendue. Et c’est ce que l’on demande à ce genre de production. « Keep On Knocking » révèle une belle sensibilité, Emma et le piano d’Eric se répondant à la perfection. Puis quand arrive la guitare acoustique, on se prend à penser à un Anathema ou à un Led Zeppelin qui aurait troqué sa guitare électrique contre un ukulélé ! « My Hair Is A Mess » semble au départ assez jazzy, mais dès que le ukulélé apparaît avec les percus, c’est un peu plus… tropical ! « Paradise » est une bonne chanson qui aurait pu sans doute être développée autrement en électrique, mais qui assure bien, avec un piano intelligent. « It’s A Girl » tente la chanson uplifting et me convainc moins, mais ça c’est mon côté dark qui parle… « Love Result » est une ballade sympathique dont n’aurait pas à rougir un album folk. « So Wide » et son tempo dynamique offre à Emma un bel écrin pour montrer l’étendue de sa voix. « Blanket » est superbe par ses atmosphères et ses musiciens qui se complètent très bien. Un des meilleurs moments du disque. « To The Moon » en est un autre, qui nous embarque tout au long du morceau, avec une magnifique mélodie et un travail de toute beauté sur le piano (assez Anathema pour le coup) et les guitares. Enfin, « Evening Song » clôt l’album intimement, comme une petite chanson à un enfant, nous laissant revenir doucement à notre monde de brutes.
Le plus beau compliment que l’on pourrait faire à des compositions acoustiques serait de se demander à quoi elles ressembleraient en électrique. Car si on adhère à l’acoustique et que l’on se projette dans une autre dimension musicale avec les mêmes compositions, eh bien c’est gagné. C’est assurément le cas sur plusieurs des morceaux de Evening Songs. Ce qui prouve que 16pac a relevé le défi et a présenté des chansons qui fonctionnent, sans tomber dans la facilité. À voir maintenant ce qu’ils nous réservent pour l’avenir, et, on l’espère, bien avant les cinq prochaines années.
Fred Natuzzi