Franck Carducci – The Answer

The Answer
Franck Carducci
Autoproduction
2019
Rudzik

Franck Carducci – The Answer

Franck Carducci The Answer

Il écume sans relâche les rares scènes prog françaises et (plus souvent) celles du Royaume-Uni, des Pays-bas ou d’Allemagne : Franck Carducci et son groupe sont de véritables bêtes de scène qu’on ne présente (presque) plus. Mais font-ils preuve du même talent lorsqu’ils s’enferment dans un studio ? Bon, je dois avouer que la réponse à la question était déjà perceptible dans Torn Apart, leur excellent album précédent mais il nous en fallait une plus explicite dans un troisième opus : The Answer !
Une bonne partie des titres le composant ont mûri sur la route avant d’être gravés pour la postérité, aussi l’effet de surprise est mesuré. Si « Slave To Rock ‘n’ Roll », avec son côté très direct et basique, pour ne pas dire commercial, et son clip très fun sorti plusieurs mois avant l’album a pu faire naître quelques inquiétudes quant à la volonté du groupe de continuer à apporter sa pierre à l’édifice du prog, The Answer rassure tout son bon monde : la créativité progressive est bien au rendez-vous.

Franck Carducci The Answer band1
Au-delà des accords et arrangements principalement au clavier qui sont la trame du titre introductif « (Love is) The Answer », ce qu’on remarque très rapidement, ce sont les progrès de Franck au chant, prenant des accents à la Steve Hogarth sur les couplets avec beaucoup de bonheur. La ritournelle de clavier mi-Genesis, mi-Yes, entrecoupée de chœurs aériens et tribaux animés par Mary Reynaud, reçoit régulièrement le soutien d’une basse très versatile. Quelques renforts de décibels sur le final imprimés par… Mister Franck himself (il s’est chargé de la majorité des parties de guitare du fait du peu de disponibilité de son compère Christophe Obadia) terminent habilement le travail réalisé.
Survient ensuite sans prévenir l’inattendu « Slave To Rock ‘n’ Roll », enfin musicalement parlant, car sa présence est justifiée conceptuellement par sa relation avec « Superstar », sorte de conte moderne mettant en scène l’antique dieu grec Arion à notre époque en tant que victime de son propre succès. Tout est dans le titre qui permet au groupe de disposer d’une gâchette très efficace en concert. Et puisqu’on en parlait, l’éblouissant « Superstar » entre en scène, lumineusement soutenu par des rythmiques de guitares floydiennes tour à tour classiques ou électriques avec quelques clins d’œils vocaux à l’adresse de Robert Plant quand Franck déclame des « lonely, lonely, lonely… » sur une partie plus heavy. Un vrai titre progressif à tiroirs.
Il ne mentait donc pas quand il déclarait que The Answer était probablement leur album le plus prog car la suite n’est pas en reste. L’épique « The After Effect », coécrit avec le claviériste Olivier Castan, décline son rythme syncopé habillé d’une savoureuse richesse musicale et surtout imprime dans notre cerveau un refrain entêtant matérialisant l’incompréhension d’une entité extra-terrestre immortelle envers les humains et le côté dérisoire de leur vie. C’est ce morceau qui est illustré par la très jolie jaquette de l’album, le sablier symbolisant le temps qui ne s’écoule pas quand on est éternel.
Après la complexité des titres précédents, « The Game Of Life », un morceau plus introspectif et dépouillé, créé un climat de lounge bar auquel le piano tranquille et la trompette désincarnée jouée en arrière plan ne sont pas étrangers. Place au groove ensuite pour un « Asylum » qui colle parfaitement au style propre à Franck Carducci mixant prog et heavy 70’s avec une touche de blues/funk sur lequel la participation de Derek Sherinian aux claviers est particulièrement remarquée. Seul ombre au tableau, le dispensable solo de batterie, prélude à un final trop abrupt.

Franck Carducci The Answer band2
Il faut noter également la qualité du mixage réalisé avec Christian Morfin dans son studio près de Lyon et du mastering du studio Real World, grâce au succès du crowdfunding lancé pour l’occasion. L’album est sorti en vinyle. Cependant, la version CD comporte quelques bonus comme un « On The Road To Nowhere » à la Crosby, Still, Nash & Young ou la jolie ballade « Beautiful Night ».
The Answer est une galette d’une richesse épatante et si les influences des pointures des groupes mythiques des 70’s sont présentes à chacun de ses détours, elle possède paradoxalement et indéniablement la patte de Franck Carducci et de ses acolytes dont le style propre s’affirme sans conteste sur cet album.
Ainsi, Franck Carducci continue à suivre la route qu’il a choisi, celle d’un artiste indépendant, pavée de bonnes intentions musicales, dans un esprit bien éloigné du star system et proche de sa fanbase. Tout le contraire d’un Steven Wilson quoi !

http://franckcarducci.free.fr/
https://www.facebook.com/franckcarducci/

Coup de Coeur C&O

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