ZENИTH – Ritual (Blwbck 2013)
ZENИTH
Blwbck
Heureuse découverte que cet album, mélancolique certes, mais qui touche directement au cœur dès lors qu’on fait l’effort de rentrer dans l’univers dépeint. Jeune projet formé en 2012 par Tony Llados et Guillaume Sauvage, ZENИTH propose un monde perdu dans la brume, une réalité déformée où les notes de guitares douces et en écho vous prennent par la main et vous attirent dans des paysages qu’on semble observer sous un temps pluvieux dans un train silencieux. Il y ressort ce sentiment d’étrangeté, des silhouettes perdues au lointain, encapuchonnées, de répétitions qui n’en sont pas, mélodies faîtes de vapeur perdues dans un brouillard drone, jamais suffocant, jamais facile non plus. Le rituel, lui, est bien présent. On sentira quelques percussions semblant venir de loin, très loin, des voix fantomatiques, vaguement incantatoires, guidant plus qu’elles n’ interpellent. On évite le côté casse-gueule et casse bonbon de titres à rallonge, le duo Toulousain visant davantage l’efficacité d’un instant, d’un fragment.
Je vois les peintures de Gaspard David Friedrich, le romantisme Allemand plus qu’un style musical, les feuilles qui tombent des arbres, la lune qui se lève, les branches qui s’agitent mollement face au vent, une goutte d’eau qui effectue inlassablement la même chute. Musique de l’imagination, musique nocturne aussi, « Ritual » est un album qui s’écoute au milieu de la nuit, lumières éteintes, un regard légèrement porté sur la fenêtre, effets garanties… Jamais trop sombres ou effrayants, les titres, volontairement minimalistes, arrivent même à transporter leur auditeur (le titre final « Wind » est à ce titre le parfait exemple).
Oh, vous savez bien, cette brève accélération du rythme cardiaque, le souffle qu’on retient de peur de perdre une miette. Il y a de ça dans « Ritual ». Pour un premier album (bien qu’un peu court), y’a de quoi être agréablement surpris. Heureuse et mélancolique découverte donc… Affaire à suivre !
Jérémy Urbain (7,5/10)