Yes – Like It Is : At the Mesa Arts Center

Like It Is : At the Mesa Arts Center (Deluxe Edition 2CD & DVD)
Yes
2015
Frontiers Records

Yes Like It Is  At the Mesa Arts Center

Chris Squire, membre fondateur de Yes, nous a quitté subitement fin juin, un mois à peine après le diagnostic terrible d’une forme de leucémie particulièrement agressive. Les fans de toujours dont je fais partie sont aujourd’hui orphelins d’un artiste hors-norme de part sa créativité, ses harmonies vocales si riches et son talent immense de bassiste. Ce disque est en réalité le dernier témoignage du vivant de ce dernier au sein du groupe, du moins, sur support numérique, et c’est comme cela que je le considère : tout est dans le symbole. Qui sait, par amour, pour le « geste », les aficionados se procureront donc cet objet afin de revoir une dernière fois notre grand gaillard en action. Je fus de ceux qui au premier rang ont eu la chance de voir ces mêmes prestations à Paris puis à Bruxelles. Rickenbacker en mains, notre ami fut à chaque fois éblouissant de maîtrise. Rien que pour cela, je me suis donc procuré ce « Like It Is : At The Mesa Arts Center » enregistré en Arizona. Au programme, les albums « Close To The Edge » et « Fragile » sont joués en intégralité.

L’année 1972 est ici à l’honneur. A son écoute et à son visionnage, je ne suis en aucun point déçu. Les images et le montage sont de très bonne qualité tout comme le son, impeccable. Et comme indiqué sur la chronique de mon prédécesseur (celle du « Like It Is : At The Bristol Hippodrome« ) avec lequel je serais sur la même longueur d’onde, Geoff Downes apporte beaucoup avec sa palette sonore, même si sa dextérité est moindre par rapport à l’illustre Rick Wakeman. Steve Howe et Alan White font le travail, sans plus. En dépit de la maîtrise évidente, on les sent vieillissants. Jon Davison dans le rôle de clone, et pour lequel on ne peut le blâmer, rend une copie plus que correcte. Le chanteur est doué. Sa voix tendra cependant à la longue à agacer tout comme son mimétisme dans les postures scéniques.

Yes Band

Chris Squire, quant à lui, reste déconcertant de facilité. Au sujet de Yes, on pourra disserter et refaire l’histoire. Mais un fait aura choqué : un chanteur-fondateur viré comme un mal propre sur l’autel du business et de l’argent roi. Comme le confiait Jon Anderson dans une interview « j’étais très malade, presque sur le point d’y laisser la vie et eux, voulaient continuer à tourner. Je suis un peu déçu qu’ils n’aient même pas pris la peine de demander des nouvelles à l’époque. C’est normal, il fallait qu’ils continuent à gagner leur vie ». Quelles paroles pleines d’ironie et de dépit ! Cette histoire entachera à mon sens de façon indélébile l’histoire de Yes. Avec la dernière âme sœur du groupe qui s’en est allé, celui-ci est aujourd’hui cliniquement mort. Un Billy Sherwood jouera donc le rôle de nouvelle doublure au sein du groupe pour les prochaines tournées (et albums studios ?).

Au final, cet opus en public affiche une certaine qualité de par les œuvres jouées, mais sa saveur générale reste entachée de petits goûts désagréables. Et à vrai dire, il s’agit là d’un « live de plus » dans un catalogue déjà bien garni en la matière. Si vous êtes fans, encore une fois, vous pourrez vous laisser tenter, comme je le disais, ne serait-ce que pour le symbole. Pour les autres, il y a bien mieux en matière de témoignages en public : l’incroyable « Symphonic Live » ou encore le très fréquentable « Live from Tsongas ».

Chris Squire aurait confié à Alan White dans les derniers jours de sa vie qu’il souhaitait que le groupe poursuive sa route, dans la même direction, avec la même philosophie, la même ambition. Que sa volonté soit faite, c’est déjà le cas à l’heure où ces lignes sont écrites. Et après tout, soyons fous, idéalistes et optimistes : et s’ils avaient encore de belles choses à nous offrir ?

Sébastien Buret

http://www.yesworld.com/

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5 commentaires

  • Thomas

    Je suis tout à fait d’accord avec vous : l’éviction de Jon Anderson est odieuse. J’ai vu le groupe une fois sans lui, à Nantes en 2010, et plus depuis. Benoît David n’avait pas été mauvais, mais Jon est une partie essentielle de l’âme de Yes (et pourtant j’aime beaucoup Drama…).
    RIP Chris, tu étais un géant.
    RIP Yes, à quoi bon continuer ?

  • monnoyer

    Il faut savoir arreter un jour, surtout avec l’absence des fondateurs, ou ne plus s’appeler YES. Sans Squire et anderson ….Imagine -t-on les Beatles sans Lennon et Mc Ca??

    • Philippe Vallin

      Entièrement d’accord. Yes a toujours tourné autour de Squire et/ou Anderson (les deux fondateurs), et ce sont les deux musiciens qui ont le plus imposé leur signature unique au « son » du groupe. Alan White n’a pas de style particulier (contrairement à un génie de la trempe de Bill Bruford), et Steve Howe, tout doué et intéressant soit-il, a déjà trouvé bon remplaçant en la personne du sous-estimé Rabin dans les années 80-90. J’aimerais autant que Yes arrête là les frais (et nous aussi par la même occasion). Mais tant qu’il y aura des fans prêts à acheter leur musique (et ils sont nombreux, même parmi les plus « râleurs » dont je suis !), pourquoi s’arrêteraient-il ?

  • Je suis tout à fait d’accord avec vous, malgré le remplaçant dans l’album drama  »excellent  » Chris ,YES n’est pas sans Squire. Anderson la magie du groupe qui nous a fait réver depuis tant d’années !! Parfois, des faits s’imposes… Prendre sa retraite en bon guerrier. Peace Love , merci à YES d’avoir existé .

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