Who Fat – The Conjuring
Who Fat
Small Stone Records
On va tout de suite couper court à la blague de merde. Who Fat n’est PAS un groupe asiatique et encore moins un délire sur l’acteur hong-kongais Chow Yun Fat . Hahaha.. Euh.. Non, c’est une formation qui nous vient du Texas et là-dedans, il faut d’avantage voir ce blaze comme la traduction libre de « Putain que c’est lourd ! ». Avec Who Fat, on entre sur les terres de la fuzz à gogo maxima prima, dans le quintal psychédélique et le jam bien lourd et gras comme de la couenne épaisse. Ce n’est pas le coup d’essai des américains (cinquième album au compteur de la vibe) mais, tudieu, que ça ramone sévère dans les amplis ! Plus gras que ça, c’est l’huile de vidange mélangée au Nutella. Le truc à te bourrer le gosier, j’te raconte pas. Du jam qui s’étire, un tempo qui s’emballe juste quand il faut, histoire d’avoir quelques soucis niveau nuque et ce, avec supplément sauce mayo. Mieux, l’ensemble bave de distorsion enfumée, ça te gobe la tête comme une oie en manque (vous avez déjà vu une oie en manque vous ? Ben vaut mieux pas, c’est pas beau à voir !).
Mais que serait Who Fat sans ses jams ? On y revient justement : jamais trop chiants, jamais trop démonstratifs. Les potards sur onze et envoie la sauce mon chéri. Une certaine idée du bonheur ? Oui, résolument. Le chant ? On s’en fout, et tu remarqueras que même la typo du groupe est défoncée, le trop plein mélangé à l’instant d’égarement, sans doute. Les effluves déformantes, le volume mammouthèsque (car oui, ça sent plus que le poil de loutre) te mettent bien dans l’ambiance, avec de la fumée luisante, bouclée, pachydermique, et suffocante à t’écorcher la peau.
De toute façon, il n’y a qu’à voir la pochette pour constater l’effet du son sur toute surface organique. Pas de mortalité, mais une nouvelle forme de vie à l’arrivée, mutante, grossière et rampante. Who Fat, c’est Lucio Fulci explosé, complètement défoncé. C’est visionner « L’au-Delà » sur fond de stoner avec une louche de sludge fouettant la bourbe et… et puis c’est tout. Inutile d’aller plus loin, d’en dire plus, ça gaspille de la salive et ça fatigue les doigts.
Donc, en gros, tu prends « The Conjuring », et tu sais que tu vas te perdre pendant quarante-cinq minutes dans les arômes moites des amerloques. C’est tout ce qu’on demande et c’est tout ce qu’on en dit.
Jérémy Urbain (8/10)
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