Walking Ghost Phase – Monsters & Men
Auto-production
2018
Frédéric Gerchambeau
Walking Ghost Phase – Monsters & Men
Sur son site Facebook, Walking Ghost Phase se présente ainsi : « A post-rock journey where saturated guitars, lyrical voices, brilliant synthesizers and syncopated rhythms intermingle. » Et c’est exactement cela, la notion de voyage étant la plus essentielle, bien plus sans doute que le style de ce groupe bruxellois ou les instruments classiquement rock qu’il utilise. En écoutant WGP (c’est l’abréviation très officielle qui signe l’EP motivant cette chronique), vu leur art étourdissant de la transe tranquille l’air de rien, on a de toute façon l’impression qu’ils pourraient utiliser des flûtes à bec et des poêles à frire qu’ils arriveraient sans problème au même résultat, c’est à dire à nous envoyer dès les premières notes dans une sorte d’espace virtuel aux confins du terrestre et de l’intersidéral. Du grand art !
C’est évidemment idem pour l’EP Monsters & Men qui nous intéresse ici. Le savoir-faire de ces gens-là est si parfait qu’on ne saurait dire qui de «The Flood», «Yehuda» ou «Edmond B», les trois titres post-rock bien épiques qui composent ce mini-album, nous transporte le mieux dans un éther intérieur aussi confortable qu’indéfinissable. Les frères Mehdi (à la batterie) et Thibaut Lambrechts (à la guitare, au chant et aux synthés) font admirablement leur boulot, aidés de Julien Trousson (à la guitare et aux choeurs) et de Jean-Philippe Hanot Mambres (à la basse). Ils agrandissent notre champ de conscience et l’emplissent de riffs de guitares réverbérées aux reflets chatoyants dansant sur des rythmes hypnotisants. Sans que le style musical de ce quatuor en soit proche, il y a néanmoins quelque chose du Pink Floyd planant des premiers temps. Intrigant, mais cependant grisant, indéniablement.
D’une manière médicale, la walking ghost phase (littéralement, en anglais : la période du fantôme qui marche) est un intermède d’apparente bonne santé, pouvant durer quelques jours, dans le cadre d’un syndrome d’irradiation aiguë. Cette période aboutit inévitablement au décès du sujet. Je suppose que les frères Lambrechts ont choisi ce nom de groupe parce que nous sommes tous et toutes en quelque sorte des fantômes qui marchent, irradiés par la vie, cette maladie incurable qui nous aura forcément notre peau tôt ou tard. Je conçois donc que le message transparent derrière ce nom a priori étrange est de bien profiter de nos jours et de nos nuits, par avance comptés. Carpe diem !
https://www.facebook.com/THEWALKINGGHOSTPHASE