Viva La Wolfe – Prosperity

Prosperity
Viva La Wolfe
M&O Music
2023
Palabras De Oro

Viva La Wolfe – Prosperity

Viva la Wolfe - Prosperity

Les superlatifs et comparaisons accrocheurs avec des grosses pointures écrits dans les mails promotionnels qui nous sont envoyés me laissent souvent rêveurs, voire me font carrément marrer quand j’active les liens d’écoute, bien en peine que je suis d’approuver les superlatifs et de reconnaître les influences précitées. Pourtant, il arrive (rarement) que ces qualificatifs, ici « Pour les fans de Alice in Chains, Them Crooked Vultures et Black Sabbath », ne soient pas usurpés. C’est le cas pour la jeune formation de Viva La Wolfe (quel nom étrange dont je ne connais pas l’origine) qui nous vient du Danemark.
Après deux EP et des prestations scéniques remarqués, le quintet s’est lancé dans le grand bain avec son LP Prosperity qui réussit parfaitement à faire le grand écart entre le grunge 90’s et le hard rock doomesque créé par Black Sabbath dans les 70’s, donc conformément à la promotion qui leur est faite. En l’occurrence, ceci m’a rappelé un peu le scope musical des excellents Limougeauds de 7 Weeks.

Viva la Wolfe - Prosperity band1
Immédiatement, « In The Field » met en évidence la qualité première du groupe, à savoir l’efficacité et la variété des riffs assénés, qui n’est pas sans rappeler le savoir-faire de Tony Iommi, alias le « Riffmaster », dixit James Hetfield lui-même. Rasmus Brose et Marcus Thue Honorè (Guitares) ont remarquablement assimilé la science du maître. Ce qui est bluffant, c’est que cet art est régulièrement mâtiné de grunge comme le montre les couplets de ce titre, simplement maintenus à flots par la basse. D’ailleurs, les neuf titres de Prosperity (dont six sont composés d’un mot unique) sont très lapidaires, un peu comme aimait le faire Pearl Jam et comme claquaient leurs riffs. À cet égard, la partie instrumentale au cœur de « LAX » est proprement dévastatrice. Le morceau sur lequel la fusion entre hard et grunge est la plus probante est certainement « Paralysis » avec ses couplets au chant lancinant façon Eddie Vedder, sur une rythmique acoustique où la basse de Jesper Krause Sørensen ondule délicieusement. Au bout de quatre minutes, un riff sabbatien sort de nulle part pour donner plus de vie au titre et gommer le défaut congénital du grunge (qui est également celui du doom) : la lassitude des rythmes alanguis et dépressifs qui traînent en longueur. Et puisque j’ai évoqué le chant de Johan Gessner Roland, j’avoue que ça n’est pas l’aspect de la production de Viva La Wolfe qui m’a le plus enchanté. J’ai la désagréable impression qu’il cherche toujours à ressembler à quelqu’un d’autre. Je parlais d’Eddie Vedder dans les tons graves pour lequel ça marche relativement bien. Par contre, lorsqu’il s’essaye aux tons inimitables et malsains d’Ozzy Osbourne sur « Justice », c’est nettement moins convaincant. La remarquable ballade qu’est « Long Gone » (je ne dirais jamais assez combien c’est difficile de créer des ballades pas chiantes ni surjouées) le voit prendre les accents de Kurt Cobain puis plus nasillards de Neil Young. Peut-être que s’il chantait comme… Johan Gessner Roland (parce que, je ne mets pas en doute ses qualités vocales), avec moins de reverb, ça donnerait plus de personnalité à l’ensemble. « Long Gone » est clairement une des pépites de l’album, comportant deux soli de guitares classieux et très différents, bien que joués sur un même tempo. « Justice » semble être carrément un hommage à Black Sabbath. Des intro et outro de doom encadrant une sévère accélération ornée d’un solo, le tout clairement inspiré par le Iommi le plus… inspiré… également. Épatant ! Côté percussions, Christian Børge Nielsen fait clairement le job même s’il n’a pas le brio d’un Bill Ward. Sa frappe lourde donne un corps incroyable aux pesants « Breath Out » et « Despots », encore des manifestes de doom aux riffs bendés faisant penser à « War Pigs ». Judicieusement, le sautillant et shufflé « Leech » vient contrebalancer cette pesanteur, démontrant que Viva La Wolfe peut se monter plus enjoué et original que précédemment, même s’il renferme un pont psyché et mystérieux donnant un côté très progressif, inédit jusque-là, permettant à son batteur de mieux s’exprimer. Du haut de ses huit minutes, l’ultime « Druids » enfonce le clou. Une première partie acoustique et mélancolique, une seconde doomesque et pachydermique, un final plus percutant (toute allusion à la qualité des percussions n’est clairement pas fortuite).

Viva la Wolfe - Prosperity band2
Les cinq natifs d’Esbjerg affichent clairement leurs influences sans sombrer dans le plagiat ou le ridicule, bien au contraire. Plutôt que d’être un cover band de grunge et/ou de Black Sabbath, le groupe fait le choix de proposer des créations originales assimilant et associant remarquablement ces schémas et mélodies. C’est tout à son honneur, car c’est un exercice d’équilibriste que de réussir ce genre de challenge. Prosperity n’est pas exempt de défauts, comme c’est souvent le cas pour un premier LP, mais il fait preuve de tellement de qualités que ça serait un crime de ne pas le ressortir de la nasse de productions actuelles. L’effet « madeleine de Proust » n’y est toutefois pas étranger, bien qu’il n’y soit absolument pas prépondérant.

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https://vivalawolfe.bandcamp.com/album/prosperity

 

 

 

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