Vangelis – Rosetta
Decca
2016
Vangelis – Rosetta
Un an pour l’un et quinze ans pour l’autre. Certes, je ne parle absolument pas de la même chose puisque peu de temps avant le décès de Philippe Vallin (le 27 octobre 2016), notre mentor à la tête de Clair & Obscur, paraissait Rosetta, l’album de Vangelis qui mettait fin à sa période quindécennale de silence en termes de parution d’album.
Notre Philou l’avait inscrite depuis plusieurs mois dans sa liste de chroniques à paraître et depuis, aucun d’entre nous n’avait eu le cœur à l’écrire à sa place ni même à effacer cette liste de notre pot commun, un peu comme si nous avions toujours l’espoir qu’il reviendrait la rédiger un jour ou qu’il nous l’enverrait de l’au-delà.
Alors malgré l’immensité de la tâche, j’ai eu l’idée d’essayer humblement de me glisser dans sa tête pour coucher sur le papier les émotions que Rosetta m’inspire. Résultat : c’est tellement immense que c’en est surhumain car même en m’imprégnant des quatre publications de Phil sur Vangelis dans notre webzine, je ne suis pas capable d’imaginer ce qu’il aurait pu en dire.
Vangelis est (putain, impossible de l’écrire au passé !) un des héros musicaux de Phil. Cela transpire dans chacune des lignes de ses articles :
Vangelis And The Journey To Ithaka
Rééditions RCA sur Esoteric Recordings
Christophe Lebled – Tribute To Vangelis
Alors, je me suis dit deux trucs :
- Arrête ton délire schizophrénique ! Ca sera tout bêtement ta chronique, point barre.
- Pas de « pathos » mais plutôt des délires car ça au moins, ça colle tout à fait au personnage de Phil (en même temps, moi aussi je suis plus Alice Au Pays Des Merveilles que Le Mur Des Lamentations, CQFD).
Du coup, libéré mentalement, suis-je donc tombé amoureux de Rosetta ? Bon déjà, c’est pas une gonzesse mais le nom d’une mission spatiale de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) d’exploration de la comète Tchouri. C’est nettement moins sexy. Je vous la fais rapide. En 1993, les Ricains lâchent le projet commun conçu avec les pauvres Européens que nous sommes. Du coup, le Vieux Continent reprend totalement le truc à son compte et lance la sonde spatiale Rosetta en 2004. Un petit atterrisseur (Philae) se pose sur le noyau de la comète en 2014 puis enfin, la sonde se pose également sur le noyau le 30 septembre 2016 (soit sept jours après la sortie de l’album) emmagasinant une multitude d’informations sur la formation du système solaire et mettant fin à sa mission en cramant: une vraie prouesse technique à succès.
Ça ne vous passionne pas ? Vangelis si !
Lui qui avait déjà composé la bande-son de la mission « Mars Odyssey » de la Nasa déclarait sur le blog de l’ESA : « La mythologie, la science et l’exploration spatiale sont autant de thèmes qui me fascinent depuis mon enfance. En fait, ils ont toujours été connectés à la musique que j’écris. » En 2011, il parlait en visioconférence avec l’astronaute néerlandais André Kuipers, un vrai fan séjournant dans la Station Spatiale Internationale (ISS), des attraits des décibels dans l’espace. Lors de l’atterrissage de Philae sur la comète, le compositeur avait déjà composé trois morceaux (« Arrival », « Philae’s Journey » et « Rosetta’s Waltz »).
Vous l’avez compris, Rosetta est donc entièrement dédié à ces évènements et ça n’est pas de l’opportunisme.
On ne présente plus Evángelos Odysséas Papathanassiou, enfin si mais pour dire que son nom de scène est Vangelis parce que sinon… Le maître des bandes-sons de films qui se gravent dans les neurones (Blade Runner, Antartica, Les Chariot De Feu, 1492 : Christophe Colomb, etc.) dans les années 80 jusqu’au début de la décennie suivante n’a guère fait parler de lui par la suite.
Phil écrivit même : « L’artiste ne retrouvera jamais ce niveau d’inspiration dans les décennies qui suivront, tout du moins en ce qui concerne sa musique publiée sous forme d’album. Semi-errances artistiques de The City, Voices et Oceanic. »
Vangelis a dû se sentir très inspiré par cette aventure spatiale au point de se relancer dans la composition effrénée afin d’accoucher de ces treize titres insondables.
À vrai dire, je suis perplexe à son écoute. Autant les recettes du Grec sont bien présentes et s’y entendent à merveille pour créer les ambiances sidérales à la profondeur infinie, autant justement, ce livre de recettes donne un peu l’effet d’un best of.
Faut-il se plaindre du fait que la prise de risques semble sacrifiée au profit d’un voyage en terrain connu ? Faut-il se contenter de se laisser submerger dans un espace de nostalgie manquant un peu de relief ? Faut-il… ? Bon j’arrête la liste de mes griefs car je me suis efforcé de rester lucide lors de l’écoute mais… faut pas mec, faut pas ! Tu endosses ta petite combinaison spatiale (attention, ça ne sera quand même pas du Daft Punk !), tu penses à la petite Rosetta , euh… comète, tu mets ton casque, mais non, pas celui de la combinaison mais ton casque audio hifi, tu fermes les yeux et là la magie opère.
Une voute céleste audio se met à recouvrir les parois internes de ton cerveau (« Origins (Arrival) », « Sunlight », « Mission Accomplie (Rosetta’s Waltz) »). Elle s’anime par moments comme une guirlande de Noël (« Infinitude »), te permet de t’accrocher à un astéroïde le temps d’un « Rosetta » plus classiquement construit.
Elle te fait frémir lors de la périlleuse descente de Philae, palpiter lors du « Perihelion » avant de t’immerger dans les abysses de « Return To The Void ».
Toute cette palette sonore fait régulièrement référence aux titres du passé et donc, vient fréquemment se glisser une impression de « déjà entendu ». Pour autant, il ne faut pas bouder son plaisir d’écouter un Vangelis de retour aux sources à défaut de se ressourcer.
Il paraît que Phil aurait peut-être délivré un coup de cœur pour Rosetta. Moi, il ne m’a pas fait vibrer à ce point-là. Il s’agit d’un album qui procure une bonne dose de plaisir et de nostalgie d’une époque pas totalement révolue, la preuve. Pour autant, il m’a semblé recéler un manque d’ambition et certaines longueurs qui l’empêchent de grimper au firmament des albums cultes. Un peu dommage car les astres semblaient alignés pour qu’il soit plus événementiel.
J’imagine trop bien le débat que j’aurais eu avec Phil à coups d’arguments et de contre-arguments tous plus enflammés les uns que les autres pour qu’à la fin, on tombe paradoxalement d’accord tout en restant chacun sur ses positions. Parce que, oui ! Ca se passait comme ça avec notre Philou.
Rudy Zotche
http://www.vangelisworld.com (site officiel mais nécessitant un user privé + mot de passe)
http://elsew.com/ (site non officiel géré par la fanbase)
Merci tout plein les amis ! Bravo Rudy pour cet exercice …pas si simple ! Oui nos longues conversations/joutes nous manquent…Gardons le Phil !
Prenez soin de vous !
Bonjour Miguy et de rien ! Toutes ces petites choses aujourd’hui (la chronique et la mise à jour de son profil) sont aussi le fruit d’un travail collectif que nous nous devions de faire pour Phil et aussi pour toi car nous pensons beaucoup à vous deux.
Je suis content que ça t’ai plu et je sais aussi que tu gardes bien le Phil aussi dans ton coeur ! Je te souhaite le meilleur possible pour toi et ta famille.
Amicalement
Oucou ma Miguy .bonjour Rudy
Merci mille fois pour cette hommage a notre Phil a mon fifi d amour il m’avais dit que ça me plairait maisc ‘est+ que bien celà en écoutant je n’entendais rien d autre et cest comme ci il était là .et je suis certaine que parmi toutes les étoiles il y avait la sienne
Àmicalement
NICOLE
Bonjour Nicole
Oui Phil était la star au firmament de Clair & Obscur.
Amicalement
Rudy
Toutes mes pensées pour Phil qui m’a donné un peu de son temps pour m’accorder une interview et quelques belles chroniques.
Je suis infiniment reconnaissant pour son sens de l’analyse et pour sa grande ouverture d’esprit et sa gentillesse.
Musicalement, Laurent Schieber (aka Sequentia Legenda)
PS : Mes dernières séquences sont pour toi, quelles puissent t’accompagner tout là-haut.