Ty Segall – Manipulator

Manipulator
Ty Segall
2014
Drag City

Ty Segall – Manipulator

La commune de Laguna Beach évoquera certainement chez le lecteur quelque chose comme soleil, vacances, doigts de pieds en éventail… Et pourtant – Vive l’Amérique ! – sous le sable, l’underground musical. C’est dans les souterrains de cette ville de l’état de Californie que nait notre intéressé en 1987. Là aussi où il fera ses armes dans la musique, là où il commencera sa carrière solo en 2008 : à l’heure où la coutume semble vouloir que les groupes de musiques sortent leurs albums au compte-goutte, souvent au détriment des fans impatients. Le sergent Gatien a le goût des phrases sentencieuses, il insistera donc sur le fait que Ty Segall vient anéantir le vieux cliché du musicien fainéant. Il débute sa carrière solo en 2008, après avoir joué dans plusieurs groupes underground de la San Francrisco Bay Area, et enchaîne les albums. 8 ouvrages solo entre 2008 et 2014 au total. A côté de ça, il multiplie les projets : Fuzz, White Fence, The Traditional Fools et bien d’autres. En tout, plus d’une quinzaine de disques depuis le début de sa carrière solo. Parallèlement il tourne sans relâche, sa page de programmation annonçant des concerts quasiment tous les soirs. Bref, nous chroniquons ici un stakhanoviste du rock’n’roll, et il va nous falloir un angle d’attaque. Et comme le sergent n’est pas du genre à s’essorer les méninges, il choisira le dernier titre en liste, « Manipulator », sorti le 25 août 2014, album qui fera office de soleil dans le ciel nuageux de cet été 2014.

Ty Segall

« Mais qu’est-ce qui pourrait bien nous consoler de ce temps maussade perpétuel, sergent ? » me demandait ma petite amie imaginaire. Eh bien, voilà ce que je lui ai répondu : « Tous les albums précédents de Ty Segall jusqu’en 2012 étaient déjà de réels témoignages de sa créativité musicale. Maintenant, concentre-toi sur les 2 albums précédents : « Twins » (2012) et « Sleeper » (2013). Rappelle-toi, « Twins » était un hommage Segallien aux Stooges, Black Sabbath, Hawkwind, bref, aux racines musicales de notre homme : les 60’s (et l’aube des 70’s). C’était crade, ça gueulait, ça fusait de partout, c’était énorme, ça faisait penser au Black Rebel Motorcycle Club, et même à des groupes beaucoup plus récents comme Fidlar ou Bass Drum Of Death. Puis en 2013, à la surprise générale, Ty Segall avait sorti un album quasi-entièrement acoustique, très inspiré, plus introspectif, enregistré chez lui à Laguna Beach et qui cherche quelque chose des Beatles et de Neil Young. Pas complaisant, donc le type. Et là, pour Manipulator (2014), eh ben Ty Segall il décide de sortir un hybride entre Twins et Sleeper, et ça marche du tonerre de Brest, bébé. »

Le côté brut donc je parlais sur Twins est décuplé par une sonorité acoustique de fond, je ne sais trop guère par quel miracle mais c’est là le coup de force. Le côté mélodique, lui, est omniprésent, sans pour autant tomber dans le pathétique, et cristallise les talents de compositions de Ty Segall. On remarquera aussi des apparitions électroniques par-ci par-là, à commencer par le clavier sur le jovial « Manipulator », morceau avec lequel s’ouvre l’album, ou plus tard l’inquiétant « Connection Man ». La voix de tête de Ty Segall peut certes déranger à la première écoute, mais elle véhicule une sensibilité tellement personnelle et elle habite tellement naturellement la musique de l’artiste qu’elle ne laissera personne indifférent.

Cette voix, d’ailleurs, n’est pas sans évoquer Thom Yorke, et la troisième piste de l’album, « The Singer », sonne comme un hommage à ce dernier et Radiohead. Des petits coups de taser comme « Tall Man, Skinny Lady », « Feel », « It’s over », « The Crawler » (qui sonnent un peu à la Nirvana) et, en fin d’album, une série d’accalmies transportantes achèveront sans aucun doute de faire de « Manipulator » un album culte de cette nouvelle génération musicale.

Le sergent Gatien (9/10)

http://ty-segall.com/

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