Thierry Bernier – Bulle
Thierry Bernier
Autoproduction
Thierry Bernier est un musicien qui a démarré sa carrière musicale au début des années 80 au sein de groupes évoluant dans la sphère post-punk/new wave. Avec son groupe Fahrenheit il a même joué en première partie du groupe britannique désormais culte, The Chameleons. En solo, Thierry propose une musique plus intimiste, avec une pop élégante et « arty » aux confins de la musique électronique et du rock progressif. L’album chroniqué ici, « Bulle », s’ouvre avec une chanson mélancolique, « Quelque chose », où les lamentations de Thierry sont accompagnées d’une guitare larmoyante et de claviers soufflant comme le vent sur une contrée déserte. Une guitare espiègle et un rythme plus entraînant dans le refrain apportent une lueur d’espoir dans cet abîme de détresse, les paroles venant conforter cette impression (quelque chose m’appelle, une voix se lève, elle sonde mes désirs). « Léger dans la vie » présente un motif berçant aux claviers à la manière d’un signal, se répétant à intervalles réguliers autour de claviers flottants et d’un léger rythme programmé. Tous ces éléments, auxquels s’ajoute la voix douce de Thierry, parsemés du mot « léger » presque chuchoté et s’évadant en écho, ainsi que la voix haut-perchée dans l’accompagnement et les nappes de guitare dubitatives, s’accordent parfaitement avec les sentiments de fragilité et de légèreté qui se dégagent des paroles (léger dans la vie… fébrile… je m’envole quelques fois). La guitare s’adoucit à mesure que la chanson défile et le sentiment de légèreté est renforcé quand les rythmiques programmées s’arrêtent et que la musique prend un tournant ambiant, dans lequel les guitares floydiennes, les claviers et le piano aériens, ainsi que le mot « léger » et son effet d’écho, sont comme un baume apaisant.
« Comme je le sens » contraste avec la chanson précédente avec ses rythmiques funky et festives. La basse obsédante est néanmoins dans la lignée d’un post-punk à la Joy Division. Une guitare qui se cherche et des claviers pompeux marquent le passage à un rythme accéléré où le rock progressif apporté par la batterie et les claviers côtoie le post-punk du duo guitare-basse. « Bulles » est un boléro avec des claviers orchestraux, une basse méditative et des touches de guitare délicates en guise d’ouverture (le tout rappelant le groupe dark-électro Clan of Xymox). La légèreté de « léger dans la vie » revient avec les effets de voix flottantes, accompagnées par des claviers « bullants » et scintillants (en accord avec le titre du morceau). Seules des guitares dissonantes, comme sorties d’un album de no wave, perturbent cette quiétude. Tous les éléments qui se sont mis en place progressivement se rassemblent avant que Thierry ne finisse la chanson avec des questions.
« Différent » est une ode aux différences. Il comprend une basse obsédante aux accents crimsoniens et un thème musical médiéval insufflé par des claviers « sifflants ». Le pont présente un piano féérique et des vocaux passionnés. Des guitares aériennes et émouvantes clôturent le morceau. Dans « Laissez-moi », l’atmosphère est malsaine, avec des voix programmées « moqueuses », des guitares grinçant comme une porte mal huilée, et des voix implorantes avec des effets d’écho, comme s’échappant de la bouche d’un schizophrène essayant désespérément de chasser ses hallucinations (laissez-nous, laissez-moi). « Genève », reprise d’une chanson de William Sheller, est une valse élégiaque avec des claviers orchestraux, un piano aquatique et une basse flottante.
Éclectique dans son approche, avec des harmonies vocales travaillées à la manière d’un orfèvre, des mélodies féériques, des sons de claviers variés et un soupçon d’expérimentation, ‘Bulle’ est une mine de sons enchanteurs et d’émotions humaines partagées avec sincérité.
Lucas Biela (8/10)
https://www.facebook.com/thierry.bernier.9
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