The Pineapple Thief – Versions Of The Truth
Kscope
2020
Fred Natuzzi et Rudzik
The Pineapple Thief – Versions Of The Truth
Tous les deux ans, réglé comme un métronome, The Pineapple Thief nous livre un nouvel album, donc à un rythme comparable à celui effréné des 70’S. Alors Versions Of The Truth suit Dissolution sorti en 2018 et continue sur la lancée initiée avec Your Wilderness à nous proposer un son moderne et prenant. Depuis l’arrivée de Gavin Harrison, le groupe a réellement trouvé un second souffle et surtout du coffre avec une belle exposition pour s’attirer un public de plus en plus nombreux. Bruce Soord continue à explorer une veine atmosphérique intarissable comme il sait le faire depuis longtemps, tout en amenant le groupe à expérimenter de nouvelles choses. En ce sens, Versions Of The Truth n’est pas une répétition des deux précédents opus, il offre une réelle continuité, donnant encore plus de cohérence à son propos
L’album reprend les mêmes thèmes que Dissolution en les confrontant à la réalité à multiples facettes de la vie et explorant le thème de la versatilité et du travestissement de l’information par nos gouvernants dont l’inspiration provient de la nouvelle politique de Giuseppe Tomasi di Lampedusa parue en 1958. En résulte un opus sombre, qui s’éloigne un peu des influences classiques de Bruce Soord (Porcupine Tree, Radiohead…) pour proposer quelque chose de plus personnel. Du minimalisme émotionnel au grand écart des guitares, Versions Of The Truth parvient à surprendre tout en étant inscrit dans la « tradition » des albums de The Pineapple Thief.
Au rayon des relatives surprises progressives, le titre éponyme tape fort d’entrée de jeu de par la richesse de ses harmonies, des rythmes et des percussions. C’est certainement sur ce genre de composition que l’intégration de Gavin Harrison a changé la donne chez The Pineapple Thief même s’il apparaît plus canalisé et assagi que dans PT. Le positionnement idéal ? Au rayon des titres classiques de TPT (faut qu’on fasse gaffe aux confusions d’acronymes car une seule lettre distingue TPT de PT, un signe ? Le mieux étant de stopper à partir d’ici les références surabondantes à « feu » PT), on trouvera « Driving Like Maniacs » ou « Too Many Voices » alors que « Leave Me Be » semble être le pont idéal entre désormais ce qui constitue les deux facettes maîtrisées du groupe. À cet égard, on pourra donc noter le parfait équilibre de cet opus surtout que certains morceaux viennent y apporter une salvatrice touche groovy comme le mid-tempo « Break it All » qui souffle alternativement le chaud et le froid, un « Demons » bien chaloupé et surtout l’entraînant et versatile « Our Mire » dont le solo de guitare torturé de Bruce offre un flash-back sympathique vers la discograpĥie antérieure de notre voleur d’ananas. Bien évidemment, la voix de Bruce est toujours aussi touchante de sensibilité et procure un sentiment de plénitude pour une fin d’album plus convenue. La délicatesse des percussions et des rythmiques de clavier évite d’y générer le désintérêt ou pire, la lassitude de l’auditeur.
Certes, Versions Of The Truth continue à enfoncer le clou d’une mélancolie désespérée de The Pineapple Thief envers nos maux de société, mais, fort heureusement, il ne l’engendre pas musicalement. Le groupe parvient aisément à continuer son chemin de funambule sur ce fil ténu tendu entre ses racines atmosphériques et une inventivité musicale intégrée à petites doses tout au long de ses albums. Ainsi, Versions Of The Truth ravira ses fans sevrés de concerts, lesquels devront malheureusement attendre un an pour les voir en France… si la Covid le permet.