The Ocean – Pelagial
The Ocean
Metal Blade/Pelagic Records
Sous les touches d’un piano et de clapotis aquatiques, vous voilà préparé à un voyage auquel seul James Cameron pourra vous convier. Vos pieds sont dans l’eau et petit à petit, vous vous y laisser couler. La descente commence. Les profondeurs marines appellent. Laissez-vous aller, le voyage se fera sans heurts. On signalera bien quelques turbulences à bord du Nautilus, mais la progression vers les abîmes se fera, inexorable. Les courants glissent, enveloppent et tirent toujours plus profond. La lumière s’estompe, des créatures surgies de rêves impénétrables font leurs apparitions. La beauté côtoie l’étrange, la puissance de la pression avec des paysages surréalistes. C’est comme revenir à l’état embryonnaire. Renaitre dans les profondeurs insondables des fosses marines. Tout comme la musique, la maturation se fera progressive. On sentira les aléas de la température, de tempo, les changements vocaux, de la mélancolie à la rage d’un corps qui se tord. L’organisme, un poids attiré tel un aimant vers ces cavités, ces enfoncements.
Les abysses ont toujours été synonymes de crainte, de frayeurs, d’interrogations, The Ocean vous offre cette traversée digne d’un Jules Verne suivi par Sigmund Freud, physique, psychologique et philosophique. On se demande quand on arrivera, au bout, au fond, quand les pieds toucheront à nouveau le sol. Un sol autre, celui qui fera de nous quelque chose d’autre, de nouveau. On subira les changements de pression, les basses de plus en plus plombantes à mesure que « Pelagial » se déroulera. On comprendra son déroulement, son défi technique et conceptuel (244 pistes ouvertes), on sombrera dans les abysses, on finira collé aux pierres de ce sol unique, l’obscurité absolue, sous le regard de ces créatures cauchemardesques questionnant notre perception des choses.
Et finira ainsi le voyage, le scaphandre n’est plus, le Nautilus a disparu. On est seul, isolé, perdu dans ces immensités bleutées. Le regard perdu vers une surface désormais lointaine et infranchissable. Je ne suis plus qu’un embryon en gestation, mon corps irradie de sa propre lumière et un groupe, The Ocean, a réussi un pari fou, celui de m’emmener dans ces contrées proches par la distance et lointaines dans leurs questionnements. « Pelagial » reste à ce jour le voyage que je pressentais. Maintenant, je le vis…
Jérémy Urbain (9/10)
Pourquoi hurler quand on peut faire une musique qui dégage une telle sensibilité ?