Tears For Fears – Everybody Loves A Happy Ending
BMG
2004
A l’époque de sa publication en 2004, le dernier album en date de Tears for Fears avait connu moult problèmes de distribution, ce qui a considérablement retardé sa sortie en France. On savait depuis 2001 que Roland Orzabal et Curt Smith s’étaient réconciliés, et qu’ils nous préparaient un nouveau disque. Après une longue pause de 14 ans, il était temps ! Non pas que Tears for Fears nous avait manqué, car 2 albums avaient quand même vu le jour dans les années 90 sans Curt Smith : « Elemental » et surtout le sublime chef-d’œuvre « Raoul And The Kings Of Spain ». Orzabal avait décidé de mettre un terme au groupe à l’issue de la tournée qui avait suivi cet album. Depuis, il était revenu avec « Tomcats Screaming Outside », un opus plus électro avec Nick D’Virgilio à la batterie et signé sous son propre nom. « Everybody Loves A Happy Ending » marque une continuité de l’œuvre des Tears for Fears, reprenant à partir de « The Seeds Of Love » qui date déjà de 1989.
L’album est placé sous le signe de la pop Beatles, avec un son bien particulier, déjà exploité sur le titre « Sowing The Seeds Of Love ». Non pas que l’album soit entièrement copié sur ce morceau ; il en reprend le son et l’exploite sur la plupart des titres tout en variant bien sûr les mélodies, les instruments et les voix. Un orchestre de cordes complète à merveille certaines chansons, tandis que le son d’un mellotron (« Who You Are ») donne une atmosphère particulière ; les arrangements sont, comme d’habitude, très sophistiqués, et tous les morceaux sont d’une richesse à couper le souffle. Le travail sur le son est énorme (« The Devil », par exemple) ! Orzabal dit que pour cet album, c’est plutôt Paul McCartney qui les a inspirés. On ne peut qu’être d’accord tant l’album lui rend hommage. Le titre d’ouverture, « Everybody Loves A Happy Ending », possède une structure à la « Sowing The Seeds Of Love », et alterne un passage Beatles avec un autre typiquement McCartney, qu’on pourrait penser tiré de son album solo de 1970 !! « Closest Thing To Heaven », le premier single, a un son tout aussi Beatles, et le travail sur la basse est remarquable, « Killing With Kindness » rappelle Air période « Virgin Suicides ».
Tous les autres morceaux sont aussi bons, et c’est à un album joyeux, et qui met la pêche que l’on a affaire. On s’amuse également à repérer les clins d’oeil à certains morceaux des Beatles ! La voix de Curt Smith, et surtout celle de Roland Orzabal, sont formidables et n’ont pas changé. Ils se partagent tous les instruments avec Charles Pettus et Fred Eltringham qui tient la batterie. Aucune trace de Alan Griffiths qui avait fait un superbe travail sur les 2 précédents albums de TFF et c’est bien dommage. Nick D’Virgilio n’apparaît pas non plus, mais il fut le batteur de la tournée comme il l’avait été en 1996. Le retour réussi d’un groupe toujours étonnant, bien au-dessus du panier de la pop actuelle, qui a toujours cherché à écrire des albums riches et originaux. Celui-ci ne fait pas exception.
Fred Natuzzi (9,5/10)