Steven Wilson – 4 1/2
Steven Wilson
Kscope
Alerte générale, tous aux abris : Steven Wilson est déjà de retour ! Non, pas avec un nouvel album (calme toi !), mais avec un EP « longue durée » intitulé 4 1/2, puisqu’il sort en transition entre Hand. Cannot. Erase., son formidable 4e opus, et celui à venir. Alors, on en entend déjà d’ici dire, « Oui, euh, Steven Wilsoneuuuuuh, il est carrément surestiméeuuuh », pendant que d’autres émettront délicatement un « Ta gueule ! » sans sommation. Bon, c’est vrai que le débat va loin et vole haut sur le cas Wilson. Car il y a aussi à l’inverse : « Steven Wilsoneuuuuh, c’est carrément le dieu du prog tu vois, ben ouais quoi ! ». Ce à quoi, d’autres répondent un « Ferme-la, le seul qui défonce tout, c’est Neal Morse, point barre ! », ou encore « le rock progressif s’est arrêté en 1976, tout ce qui suit, c’est de la redite, voire de la merde ! » Certes, on a déjà ici un élément d’analyse (mais il faut bien voir de quelle profondeur on émerge n’est-ce pas ?), un certain niveau d’échange qui pourrait même susciter les prémices d’un débat un poil plus construit, pour ne pas dire constructif. Mais nous n’en sommes pas là, ooooooh non ! Émettre la moindre opinion même nuancée sur Steven Wilson de nos jours est l’une des choses les plus difficiles dans ce monde de brutes. Tu avances que l’album en question est vraiment en deçà de tes espérances, tu argumentes, et boum, tu t’en prends plein la figure pour pas un rond. Tu dis que c’est un opus exceptionnel « car ceci » et « car cela », « blablabla » avec un semblant de réflexion et bing ! Tiens, mange toi donc ça dans les dents. Alors bon, on reste cool, une chronique sur Clair & Obscur est forcément subjective (mais néanmoins sincère et étayée par son auteur), écrite en se fichant de l’opinion des autres et de ce que tout un chacun voudrait y trouver. Elle n’est juste qu’une indication, un avis personnel face à une œuvre donnée, et souvent attendue de pied ferme par le rédacteur himself. Et si l’on est déçu par l’artiste et son travail, et bien nous le disons, honnêtement, sans haine ni manque de respect, comme nous avons pu le faire par le passé avec Steven Wilson, Yes, Mike Oldfield ou Pink Floyd, entre autres …
Bon voilà, ça c’est fait. Parlons maintenant du sujet qui nous intéresse ici. Pour le coup, Hand.Cannot.Erase avait été un nouveau palier pour Wilson, qui s’est en conséquence défait d’un certains nombres de pseudo fans, car trop pop, trop consensuel, trop peu audacieux ou on ne sait quoi d’autre. En même temps, l’artiste s’en est rallié d’autres, qui l’avaient certainement lâché lors de ses expérimentations solo. Effectivement, l’album était moins « prog », plus ouvert, synthétisant toutes les influences de son auteur, et brillamment. Pour 4 1/2, constitué de 4 titres issus des sessions du précédent disque, d’un morceau tiré des enregistrements de The Raven That Refused To Sing et d’une réinterprétation de « Don’t Hate Me » de Porcupine Tree en duo avec la chanteuse pop-rock israélienne Ninet Tayeb, il ne faut pas chercher la nouveauté ou la réconciliation. Cet EP est très bon, très efficace et agréable d’un bout à l’autre, entre instrumentaux de haute volée, chansons à tendance pop mâtinées de rock progressif, et références au passé Porcupinien de Wilson comme sur « Vermillioncore », rappelant l’époque Signify. La révision de « Don’t Hate Me » est plus atmosphérique, avec de beaux rajouts instrumentaux. La participation de Ninet Tayeb est plutôt anecdotique, on se demande même pourquoi Wilson a tant voulu la faire participer.
Pour « My Book Of Regrets » qui s’étend sur 9 minutes, pas d’expérimentations intello, juste des segments instrumentaux virtuoses mais sans « chichis », bien supérieurs aux parties chantées du morceau. Là encore, sans aucun doute, ses détracteurs écriront leur propre livre de regrets en l’écoutant… « Year Of The Plague » est une composition instrumentale sereine et mélodieuse, installant une belle atmosphère. « Happiness III », dynamique et pop, est un single en puissance. Enfin, « Sunday Rain Sets In » retrouve les volutes mélancoliques et sombres pour un instrumental court, mais riche.
A la fois dans la continuité et surprenant par ses trouvailles, l’élégant 4 1/2 offre une transition très satisfaisante et nous fera patienter tranquillement. Reste à savoir ce que compte faire Steven Wilson avec son 5eme album très attendu, car finalement, il a réussi à surprendre à chaque sortie, provoquant le buzz, le débat, les virulences ou les hommages. Et en fin de compte, Wilson réussit à faire parler de lui plus que jamais…
Fred Natuzzi & Philippe Vallin
[responsive_vid]
Je continue à avoir du mal avec la voix.
Prends du sirop contre la toux, ça devrait passer 😉
haha, non la mienne ça va, même si elle ne porte pas beaucoup.
Jolie chronique tout en nuance, avec nuance de la nuance.
…ça y est je suis perdu
Bravo je vais écouter l’album maintenant
JazzMarc
Merci jaZZmarc ! Le but c’est véritablement d’écouter en fait ! Musicalement
Fred.
Comment il a pu dire »A part david guilmour, les autres musiciens étaient limités au plan musical »?
Il a dit très exactement : « Pink Floyd est globalement le groupe de rock progressif le plus connu mais, à part David Gilmour, les autres musiciens étaient extrêmement limités au plan musical.
Comparez-les à ceux de Gentle Giant ou Yes : techniquement parlant, ces groupes les auraient écrasés. Pourtant, les membres du Floyd ont créé plus de valeur durable que des musiciens qui jouent dix fois mieux qu’eux »
– Steve Wilson in Classic Rock N°97, Septembre 2006 –
-> On est tous d’accord, Steven Wilson devrait se taire quand il parle des autres musiciens.
Ce commentaire de Wilson n’est pas si con : il affirme juste que la technicité d’un musicien ne rend pas forcément sa musique plus intéressante. Là dessus, je lui donne 100 fois raison, et le Floyd en est un parfait exemple. Ces gars là n’ont jamais été des « performers » (Nick Mason niveau agilité, ce n’est quand même pas Simon Philips, Terry Bozzio ou Virgil donati !), mais l’alchimie créative des membres du groupe est purement géniale. J’en dirais de même pour tout un tas d’autres formations (Dead Can Dance par exemple, dans un tout autre genre). Quant à qualifier Pink Floyd de groupe « prog », je trouve cela aussi réducteur qu’inapproprié. Ce groupe est complètement à part, et il a influencé bien au delà de ce carcan « progressif » à la fois réducteur et décidément casse-couille.
« limités au plan musical » : C’est super prétentieux de dire ce genre de conneries. En tout, si j’étais musicien, je ne me permettrais pas de parler ainsi de « confrères » musiciens.
Qui a dit que Wilson n’était pas prétentieux ? Maintenant, il faut voir dans quel contexte et avec quels mots précis il a dit ça. Aussi, les musiciens du Floyd ne se sont jamais pris pour des virtuoses à ce que je sache, là n’est vraiment pas leur propos ni leur force.
Il faut savoir aussi que Wilson, malgré sa « grosse tête » (ce qui reste finalement à prouver) ne s’est jamais pris ni pour un bon guitariste, ni pour un bon chanteur.
Je rejoins cette discussion un peu tard m’étant jusqu’à présent jamais connecté à cette rubrique.
Oui S Wilson peut-être barbant.
D’un album à un autre, il nous faut le découvrir si toutefois la patience nous tient. Ce n’est pas toujours mon cas, mais pour le dernier opus, j’ai apprécié. Pas tout, mais quand même plus que d’habitude. Pourtant jamais surtout Porcupine Tree, le groupe de S Wilson. M’enfin on fait avec.
Quant aux commentaires sur Pink Floyd, je suis assez d’accord pour dire que c’était le GROUPE qui créait l’alchimie. Glmour et Waters sortaient du lot. Richard W, paix à son âme n’a jamais sorti un grand album, et quant à Nick M. je ne lui connais qu’un seul 33. Que j’ai d’ailleurs, mais rien d’impérissable.