Sonic Youth Med Mats Gustafsson Og Merzbow – Andre Sider Af Sonic Youth
Sonic Youth Med Mats Gustafsson Og Merzbow
Syr Stereo
Sonic Youth. Mats Gustafsson. Merzbow… Ça c’est de l’affiche qui claque ! Réunir les rois du rock shoegaze, l’icône de la noise music ainsi que le saxophoniste le plus protubérant et punk de sa génération, si je me pinçais pas jusqu’au sang, cela deviendrait un rêve, voire une chimère. Et saluons l’idée de retranscrire ceci en un disque live, les collaborations s’arrêtant bien souvent au travail du studio, des échanges mails et mises à la bienséance de l’ingénieur son pour le mixage. Ici, que nenni, tout le contraire. C’est un concert entier auquel nous sommes conviés pour ce qui conviendra à une symphonie free. Free de quoi, on s’en fout bien finalement. Seul compte l’instant qui a réuni ces trois symboles dans une partouze ahurissante de cohésion sonore. Quand Sonic Youth donne le La, c’est une introduction en bonne et due forme, progressive, faisant monter doucement la sauce à coup de guitares virant vicieusement au larsen, la voix de Kim Gordon, les tripatouillages de Jim O’Rourke (encore présent au sein du groupe).
Mais faut bien l’avouer, le groupe tributaire de toute une génération joue plus ici le rôle d’arbitre entre le saxophoniste Suédois et le plasticien bruitiste Japonais. En effet, si Sonic Youth donne un semblant de ligne directrice, c’est plus un duel auquel nous avons affaire. Et ce duel mes enfants ! D’un côté Masami Atika, alors en période laptop (ordi quoi), sculpte ses barrages sonores avec une réelle efficacité et sans le côté panzer maousse envahissant qui parasite bien trop souvent ses (nombreuses) collaborations. Et de l’autre versant, Gustafsson s’époumone littéralement à s’en faire péter le larynx dans des stridences qui pourraient, à s’y méprendre, ressembler à des larsens de guitares (c’est fou les possibilités infinies de cet instrument).
Autant être clair, passé les dix premières minutes, c’est un déballage jouissif de sonorités aussi agressives que planantes, de stridences viscérales et d’un climat orgasmique de bidouillages instinctifs et d’improvisations obsédantes. L’organique contre le mécanique, le numérique contre l’analogique, le dynamisme contre l’encéphale. Face à ce duel de titan devant un parterre de fans conquis, ma petite préférence ira plutôt du côté de Gustafsson. Je sens le dos qui se courbe, le souffle qui puise dans ses ultimes réserves, les muscles qui tendent vers un ailleurs imaginatif. L’humain supplante la machine moderne.
Attention, Merzbow se paie le luxe de finir le set en clapotis, derniers sifflements et autres interférences, n’étant finalement plus vraiment humain, ses machines et lui faisant corps et cause commune. L’endurance n’est pas de mise quand on est connecté à un ordinateur. Et, ça se finit. Une heure ? Deux heures ? Pfff… Et le pire, c’est qu’on y revient. On a envie de réécouter cette impro de 58 minutes et, là, plus rien à ajouter. J’en découvre à chaque écoute, et bon sang que ça le fait !
Jérémy Urbain (8/10)