Snakes In The Boot – No One Cares

No One Cares
Snakes In The Boot
Auto Production
2024
Fred Natuzzi

Snakes In The Boot – No One Cares

Snakes In The Boot No One Cares

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Snakes In The Boot a confirmé toutes les promesses offertes lors de leur premier EP paru il y a quelques mois. Le jeune groupe Toulousain impressionne par sa volonté de transmettre ses inquiétudes et ses messages sur notre société hyper violente, via une musique sans concession, reflet de notre époque, mais paradoxalement plus beaucoup à la mode depuis très longtemps. Ainsi, ce rock, que beaucoup croient mort, est le meilleur vecteur pour crier au monde ses quatre vérités sans que l’on s’y attende, comme un crotale qui se projette pour mordre sa proie. No One Cares, c’est exactement ça. Ce serpent dans la botte, c’est ce caillou qui vous fait chier dans votre basket. Avec le venin en plus. Et quand il vous mord, le venin envahit tout. Il fait son chemin dans votre corps, le faisant se convulser, se contracter, se remuer, jusqu’à le libérer en atteignant le cerveau, tout en ayant l’effet d’un bon coup de pied au cul. Les membres de Snakes In The Boot sont très jeunes (le batteur est mineur !) mais ils réussissent à vous en mettre plein les oreilles avec un vrai premier album cohérent, là où d’autres se seraient contentés d’aligner des titres sur YouTube ou autre plateforme. Ils le font à l’ancienne, et c’est tant mieux. Leur brûlot est gravé dans la cire et restera un témoignage fort de ce qu’est le rock aujourd’hui. Hargneux, vivace, urgent, mordant.

Bien entendu, pour arriver à ce résultat, il faut avoir ouvert les oreilles sur le passé. Les Snakes In The Boot tracent leur chemin, mais ils ont bien écouté leurs aînés. Citons Iggy Pop ou le punk du jeune Nick Cave, Mark Lanegan, Queens Of The Stone Age, Nirvana, ou Idles. Ils mélangent toutes ces influences, du rock au punk, en passant par le grunge ou le post rock, et présentent un opus ravageur. Le combo est formé de deux frères, Julen et Lélio Barandiaran, respectivement à la batterie et à la guitare, et de Robin Ives à la basse. Dès le premier morceau, « Kings And Queens », l’alerte est lancée à coup de riffs urgents et de batterie martelante. Une plongée dans un post punk où Joe Talbot des Idles rencontrerait Iggy Pop, avec une volonté de détrôner les kings et queens de notre planète. « Liquid Castle » calme le jeu et nous envoie un post rock mélodique où la guitare cowboy finira par tout embraser, aidée par la basse et la batterie, chevaliers de l’apocalypse. « Listen » laisse parler un côté rock qui lorgne vers le grunge. Supplique au climat d’urgence qui laisse sans voix. Les intros sont toujours peaufinées chez Snakes In The Boot, « Look » ne fait pas exception. L’ambiance est posée de suite, accompagnée d’une voix hantée, on pense à Mark Lanegan, puis l’explosion qui s’ensuit remet les choses à leur place. Chaque musicien est présent, impliqué, et le fait sentir.

Snakes In The Boot No One Cares Band 1

« Adult Games » est lui assez mélodique, plus classique dans sa forme, avec un très bon riff et des arrangements classes. Des petites idées qui montrent que, même si c’est un premier album, toutes les chansons sont travaillées et présentes pour une bonne raison. « Education » revient sur de l’atmosphérique en posant une menace en suspension, soulignée par un surprenant mélodica. « Show Me » retrouve une énergie punk explosive et headbangueuse, orage de guitare suivi de déluge sonore. Le riff de « Fools » pourrait être du Animal Triste (c’est dire la qualité !) et tout le titre possède une atmosphère texturale soulignant le propos. « Next Door » nous embarque grâce encore une fois à un riff ravageur, et l’ensemble montre bien la complicité du trio grâce aux interventions de chacun. Enfin, « Poison And Cure » cherche à trouver une issue après que tout a cramé. Le titre post rock joue sur les ambiances, la voix est plaintive, les instruments plus lointains. L’arrivée de la guitare et des magnifiques chœurs de Louise D achèvent d’emmener ce titre vers les sommets. Une fin en apothéose.

Snakes In The Boot No One Cares Band 2

Snakes In The Boot impressionne par ce premier album incantatoire et cohérent, présentant un univers rude et riche. Chaque titre a son utilité, pas de remplissage, et le travail se ressent partout. Le rock n’est pas mort, la preuve en est encore une fois. Il sert de vecteur pour exprimer une certaine rage, une frustration d’une jeune génération qui se sent perdue, pas écoutée, malmenée. Les titres sont quasi live, l’énergie brute est parfois violente. Mais ils servent d’exutoire pour mieux chercher une issue.

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