Slow Electric – Slow Electric
Slow Electric
Panegyric Records
Slow Electric est un nouveau projet né de la collaboration live, lors du festival de jazz estonien en 2010, de Tim Bowness et Peter Chilvers avec un duo Estonien, UMA, formé du guitariste Robert Jürjendal et du trompettiste Aleksei Saks. Les deux duos se sont complétés magnifiquement sur scène, ce qui a déclenché la nécessité d’avoir un témoignage de cette union artistique sur CD. En partant des enregistrements live qui consistaient à improviser sur des morceaux pré-éxistants, inédits ou non, des différents projets de Tim Bowness, Peter Chilvers a rajouté des parties atmosphériques et des claviers, tandis que Bowness, lui, a réenregistré ses contributions vocales. Tony Levin a été appelé en renfort sur 2 titres, à la basse et au stick. Et le résultat est de toute beauté ! 6 titres pour un peu plus de 40 minutes de musique électronique, minimaliste, planante, ambiante et jazzy.
L’album débute par le splendide « Towards The Shore / Towards An Ending », une pièce éthérée, relevée par des interventions à la guitare de toute beauté, avec voix aériennes et ambiances magiquement hypnotiques. Typiquement Bowness et écrite en 1986 à l’époque du groupe Plenty, le duo estonien complètera le morceau 24 ans plus tard sur scène. « Criminal Caught In The Crime » est plus électronique matinée de jazz. Un mélange étonnant sur lequel la trompette d’Alexei Saks ajoute une atmosphère à la Miles Davis, rendant le morceau plus chaleureux. Une contradiction musicale très intéressante ! « Days Turn Into Years » est une nouvelle version du titre paru sur « California, Norfolk » du duo Bowness/Chilvers en 2002. Hypnotique, jazz ambiant, encore une fois, un voyage de près de 10 minutes à couper le souffle, dans des paysages sonores sur lesquelles la voix de Bowness fait des merveilles, en état de grâce, jusqu’au final proche d’un Peter Gabriel à l’époque de ses B.O de films. « Also Out Of Air » bénéficie d’une introduction ambiante magnifique que l’on doit à UMA ; pourtant, le morceau n’arrive pas à décoller et reste le plus faible. « Another Winter » est bien connu des fans de No-Man puisqu’on le retrouve sur l’album « Schoolyard Ghosts », première partie de « Truenorth ». Ici, l’atmosphère change totalement grâce aux ajouts de UMA et Peter Chilvers, et c’est sa partie instrumentale qui donnera au morceau une dynamique inédite.
« Between The Silent Worlds » termine l’album par un titre complètement improvisé, tant sur les textures que sur les paroles. On ne peut que rester admiratif, tant la beauté du moment tient l’auditeur jusqu’au bout. Se détacher d’un tel envahissement musical est impossible : Slow Electric nous amène doucement à l’intérieur de sa beauté pour ne jamais nous lâcher, entre les mondes silencieux se cachent une lenteur électrique, éclectique, qui s’insinue en nous et nous pousse vers le haut. Un album qui, je l’espère, ne restera pas sans suite…
Fred Natuzzi (8,5/10)