Sleepy Sun – Fever
Sleepy Sun
ATP Recordings
Un OVNI temporel venu tout droit des années 60, mais produit en 2010. « Fever », c’est en effet une fièvre de riffs endiablés (mais plutôt mid tempo), de guitares électriques lourdes et saturées bourrées d’effets vintage, d’harmonies et de chœurs typiques du psyché prog US de ces années-là, sons old-school à l’appui (avec voix féminine aussi sur cet album). « Fever » n’a certes rien inventé sur ce disque, mais il le dépoussière pour nous avec talent et donne envie aux « progueux » de se replonger dans les racines de la musique qu’ils aiment. Les titres du groupe californien sont relativement courts, moins progressifs et structurés par exemple que leurs compagnons d’Astra (californiens aussi ; tiens donc, juste un hasard ?). Cela se présente plutôt sous la forme de jams échevelés que de morceaux véritablement construits selon les codes habituels du rock prog (je parle de « progressivité » et d’une certaine complexité de forme) et par ailleurs, bien moins orientés claviers.
Mais le style et le son résolument vintage sont au rendez-vous sur cet opus qui fleure bon les sixties. Y alternent (à l’occasion en duo ou en chorus comme sur « Freedom Line ») les voix masculine ou féminine, les variations de tempo (très ralenti et alangui sur « Sandstorm Woman »), et on y trouve quelques titres acoustiques proches du folk (« Rigamaroo » ou « Ooh Boy ») voire une pincée de blues (« Desert God »).
Un opus très proche du son de groupes psyché pur jus comme Sweet Smoke ou certains de leurs émules plus modernes genre Fleet Foxes ou Midlake. Cet album, leur second, est sans doute le sommet du groupe dans ce style psyché résolument rétro et cool. Leur son se modifie en effet au fil des changements de line-up d’une formation somme toute encore jeune (leur premier ouvrage date de 2009), et qui cherche encore sa stabilité instrumentale et stylistique.
En effet, leur toute dernière livraison, Maui Tears (2014), privée de la voix féminine de Rachel Fannan, sonne plus musclée, s’éloignant d’un degré des sources psychédéliques plus tranquilles affichées par ce « Fever » délicieusement rétro.
Jean-Michel Calvez (9/10)
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