Slayer – Repentless
Slayer
Nuclear Blast Records
Avec la mort du guitariste-pivot de la formation, Jeff Hannemann, on aurait pu craindre que Slayer n’ambitionne plus de faire régner le thrash metal « dans le sang ». Il n’en est rien, Tom Araya est loin de vouloir abandonner le trône. Pour ce onzième album studio de l’emblématique formation de thrash metal, le retour de Paul Bostaph aux baguettes permet au groupe de retrouver la vitalité de ses premiers jours. En effet, le batteur n’a eu de cesse d’entretenir sa frappe dynamique dans le milieu du thrash metal depuis ses débuts avec Forbidden. Cela en faisait donc à nouveau (rappelons-nous entre autre l’ébouriffant medley « Disorder » de la BO de « Judgement Night » il y a plus de vingt ans) le candidat de choix pour remplacer Dave Lombardo, trop impliqué dans son projet solo pour continuer à « asperger le monde de sang ».
Pour prendre la relève de feu Jeff, c’est Gary Holt, guitariste d’une autre formation culte de thrash metal, Exodus, qui a été retenu. Il tournait d’ailleurs déjà avec le combo quand le regretté guitariste avait commencé à présenter des ennuis de santé. Tout aussi agile de ses doigts, il a su s’intégrer sans altérer l’identité du groupe (les joutes King-Bolt font des étincelles sur le morceau-titre).
Et en parlant d’identité, c’est un groupe toujours aussi hargneux qui se dévoile au fil des morceaux. Les quatre hommes en colère n’ont en effet rien perdu de leur fougue légendaire. Par ailleurs, Tom Araya distille sa verve acerbe avec toujours autant de véhémence. Comme il est de mise avec le thrash metal de la Bay Area, des appels aux moshpits émaillent l’album. Le véloce et bien-nommé « You Against You » fera ainsi le bonheur des fans en mal de sensations tactiles dans la fosse des salles de concert où le groupe se produira.
Ainsi, entre électrochocs plongeant la victime dans des tremblements incontrôlables (« Repentless ») et avalanches à l’écoulement si imprévisible qu’il prolonge l’effroi quant à l’idée d’un ensevelissement (« Cast The First Stone »), la formation américaine propose un jeu d’équilibre dans un prisme qui se nourrit de toutes ses expériences passées. On se réjouit ainsi qu’à l’image de Saint-Antoine en proie à la tentation du Diable dans le désert d’Egypte, le plus controversé des Big Four reste fidèle à ses valeurs et ne cède pas aux sirènes du marché.
Le résultat est très convaincant et on a hâte de les voir remonter sur les planches pour qu’on puisse s’égosiller à nouveau sur le refrain de « War Ensemble » ou s’agiter pour la première fois sur « Repentless ».
Lucas Biela
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