Silje Leirvik – Endless Serenade
Silje Leirvik
Autumnsongs Records/Burning Shed
La Norvège est décidément en pleine effervescence musicale. Après la réédition en double CD du fabuleux « Ignis Faatus » de White Willow courant juillet, la publication de l’excellent album d’art rock « Ardor » signé The Opium Cartel il y a quelques semaines à peine, c’est aujourd’hui au tour de la magnifique Silje Leirvik d’exciter nos papilles auditives. Déjà génitrice d’un excellent premier disque en novembre 2012 (l’hautement mélancolique « With The Lights Turned Out So Beautiful »), la belle signe aujourd’hui, en compagnie de son producteur attitré Rhys Marsh, une nouvelle œuvre d’une rare profondeur. Délaissant les velléités néo-classiques de ses débuts, Silje s’y affirme assurément comme l’une des plus douées figure de proue de la pop sophistiquée scandinave. Une séduisante impression d’originalité et de maturité se dégage des dix titres gravés sur ce CD magnifiquement emballé (très beau digipack, pochette somptueuse), rendant cet opus particulièrement réfractaire à toute tentative d’étiquetage approximatif.
Rien d’étonnant, de ce fait, à ce que notre malheureux critique se trouve bien vite confronté à « l’angoisse de la page blanche » si bien analysée par le grand écrivain allemand Peter Handke. Vouloir décrire avec précision les contours de cette musique confine assurément à la gageure. L’on est donc réduit à tenter de la situer approximativement à la croisée des chemins du Sigur Ros de « ( ) » pour ses climats glacés et évanescents (« Glass Of Water », « And Then Love Came »), du Third And The Mortal le plus dépressif (« Black Heart ») et d’une pop arty évoquant le meilleur Japan (« Silver And Gold »). La fusion subtile de ces influences pour le moins hétéroclites aboutit à l’élaboration d’un cocktail aussi étonnant que détonant.
L’élément catalyseur de cette alchimie délicate est donc un petit brin de femme sensuelle, charismatique et sculpturale à souhait : nous avons nommé la divine Silje Leirvik (putain, quel physique !). C’est elle qui propulse d’une voix de velours évoquant la rencontre entre Lisa Gerrard et Julianne Regan d’All About Eve des mélodies raffinées et spleenétiques à souhait (« In The Garden », « The Last Dance » et tant d’autres titres encore). En définitive, la grande prêtresse Silje signe, avec cette « sérénade sans fin », une œuvre d’une grande force qui mérite largement le détour. A vous de jouer !
Bertrand Pourcheron (8/10)
http://siljeleirvik.com/