Sigur Ros – ( )
Sigur Ros
Fatcat Records
Après des débuts pour le moins confidentiels (« Von » et « Recyle Bin », les deux premières galettes du groupe parues respectivement en 1997 et 1998, n’avaient malheureusement pas trouvé, à l’origine, de distributeur hors des frontières étriquées de l’Islande), la carrière de Sigur Ros a connu un singulier coup d’accélérateur courant 2000, avec la sortie de « Agaetis Byrjun », troisième essai numérique véritablement fondateur. Revigorante bouffée d’air frais balayant allègrement les codes stylistiques politiquement corrects, ce disque incroyablement abouti a, en effet, permis à la formation d’accéder à une réelle reconnaissance publique et médiatique à l’échelle internationale. Cerise sur le gâteau, la bande du talentueux chanteur/guitariste Jónsi Birgisson a alors décroché la première partie de Radiohead sur l’ensemble des dates européennes du « Kid A Tour ». Deux ans après ce tour de force, Sigur Ros (patronyme pouvant se traduire par « Victoire Rose », en hommage au prénom de la petite sœur de Jónsi dont la naissance, en 1994, a coïncidé avec celle du quatuor) remet aujourd’hui le couvert en publiant le somptueux « ( ) », nouvel opus au titre et au packaging on ne peut plus énigmatiques et dépouillés, à l’image d’un univers sonore hors norme.Au-delà d’une indéniable gémellité avec des groupes trendy tels que Mogwai, Spiritualized, Radiohead ou encore Godspeed You Black Emperor (autre merveille du moment), la rondelle numérique enfantée par nos turbulents gamins de Reykjavík célèbre un post-rock d’une rare originalité, qui puise son inspiration dans la majesté farouche des landes islandaises. Atmosphériques et évanescentes à souhait, les huit compositions gravées sur ce millésime 2002 cristallisent en effet à merveille les mystères et légendes de la terre d’Islande, berceau de tous les extrêmes et de tous les contrastes, et atteignent d’enivrants sommets créatifs et émotionnels. Hantées par la voix lancinante et androgyne du ténébreux sieur Birgisson (qui utilise, par ailleurs, un archet de violoncelliste pour tirer de ses six-cordes des plaintes glaciales et hypnotiques), ces chansons ‘sous éther’ s’étirent langoureusement durant bien souvent plus de dix minutes, faisant ainsi la nique aux étiquettes et aux formats imposés par les radios. À grand renfort de nappes de claviers planantes et éthérées et de sections de cordes frémissantes de sensibilité, « ( ) » nous offre une musique de l’âme, profonde et mélancolique, naviguant en permanence entre le calme et la tempête. Le dernier titre de l’album, qui démarre de manière minimaliste et quasi religieuse avant d’exploser dans un orgasme rock tellurique, en constitue d’ailleurs la plus sublime des illustrations. Au final, les membres de Sigur Ros s’aventurent, sur cette œuvre brumeuse et onirique, dans des contrées musicales sauvages et grandioses qui évoquent, avec un mimétisme frappant, les paysages tourmentés de leur île natale. Du grand Art !
Tu pourrais rajouter un lien pour ma chronique du même album sur Traverses quend même, oublie pas les copains !!!!!
Voilà, c’est fait, ne râle pas ! 😉
Comme c’est gentil !!
Et j’ai même pas eu à le demander !!!!