Seven Reizh – L’Albatros
Seven Reizh Editions
2018
Seven Reizh – L’Albatros
L’aventure Seven Reizh commence à la fin des années 90 lorsque deux amis d’enfance, nostalgiques de l’univers musical de leur adolescence, décidèrent de créer un « opéra rock » comparable aux grandes épopées progressives des « seventies » et dont le format livre/CD rappellerait nos chers 33 tours d’antan. Ce pari fou va débuter en 2001 avec la publication de Strinkadenn’Ys, premier volet d’une trilogie qui deviendra quadrilogie et s’étalera sur presque vingt ans. Ce premier album va permettre à Claude Mignon, le compositeur instrumentiste, et à Gérard Le Dortz, le parolier graphiste, de plonger dans leurs racines celtes pour nous raconter l’histoire d’Enora et de la légendaire cité d’Ys. Formidable démarrage pour un premier disque qui va répondre largement aux attentes de ses deux auteurs. L’emballage est somptueux, il y a autant à voir, à lire qu’à écouter. La musique est un agréable mélange « celtico-progressif », rappelant Pink Floyd, Genesis ou Alan Stivell. Cet essai inaugural est souvent cité parmi les meilleures réalisations de rock progressif du début des années 2000 et Seven Reizh fait même partie des groupes majeurs désignés par Jérôme Alberola dans son Anthologie Du Rock Progressif parue en 2010.
Il faudra attendre 2006 pour que le deuxième volet, Samsâra, soit enfin publié. La musique a toujours les mêmes sources d’inspiration, avec une touche « world » accentuée qui va élargir la palette musicale. Il faut savoir que les enregistrements de Seven Reizh sont l’occasion de réunir de nombreux musiciens et de multiples instruments plus ou moins exotiques avec un chant en plusieurs langues (breton et kabyle notamment). Samsâra est un excellent album, d’une richesse incroyable et qui fait parfaitement la transition entre Strinkadenn’Ys et les prochains volets. Malheureusement, l’aventure a bien failli s’arrêter là faute de moyens et de ventes restées modestes. C’est un mécénat d’outre-Rhin qui va relancer l’aventure et permettre ainsi de mener le projet à son terme. C’est donc de façon inespérée que La Barque Ailée voit le jour en 2015. Seven Reizh a encore franchi un palier pour cet enregistrement avec, au total, vingt-six instrumentistes et un chant en quatre langues. Parmi les plus fidèles accompagnateurs, on peut citer Olivier Carole à la basse, Gurvan Mével à la batterie ou Farid Aït Siameur au chant. Un pré-mixage a même été réalisé aux studios Real World de Peter Gabriel. La Barque Ailée, c’est aussi le tome 1 du roman La Barque Ailée Et L’Albatros dans lequel Gérard Le Dortz continue l’histoire d’Enora et dévoile celle, plus réelle et dramatique, de Jean-Marie Le Bris, pionnier oublié de l’aviation.
Trois années vont être nécessaires pour que L’Albatros puisse enfin prendre son envol. Les deux membres de Seven Reizh ont réalisé un véritable travail d’orfèvre pour mener à bien ce projet. J’ai eu l’immense privilège de rencontrer Claude à plusieurs reprises sur sa presqu’île de Crozon où il compose et enregistre, et je l’entends encore me parler de ses nuits blanches et des centaines de tasses de thé qu’il a laissé refroidir. Un grand artiste, humble et très attachant. L’Albatros reprend le propos là où La Barque Ailée l’avait laissé, c’est-à-dire à mi-chemin du parcours chaotique de Jean-Marie Le Bris dans sa quête de pouvoir voler et porter secours aux marins naufragés. Gérard Le Dortz nous captive littéralement avec cette histoire d’un homme confronté à l’adversité et aux difficultés d’accomplir son idéal. Côté musique, La Barque Ailée s’achevait avec la très belle « Autre Lettre A Louis Mignon », comme un « entracte » entre les deux tomes forcement liés. L’Albatros va donc nous révéler la deuxième partie des tribulations de Jean-Marie Le Bris jusqu’au final dramatique. Comme pour chaque album, le mieux est de l’aborder de façon musicale et de façon littéraire. Le luxueux emballage (CD, roman, illustrations) est justement fait pour vivre l’expérience dans les moindres détails. Gérard a réalisé une superbe présentation qui vous fera passer du temps avec L’Albatros bien avant d’insérer le CD dans le lecteur.
Musicalement on est dans la continuité de La Barque Ailée mais avec peut-être une intensité plus grande. Le travail minutieux de Xavier Aubert au studio du Faune à Montauban de Bretagne est remarquable. Le son clair et dynamique fait ressortir chaque instrument (plus d’une vingtaine) et l’association des différentes voix (cinq au total) est particulièrement réussie. L’album démarre en beauté avec « Le Pavillon Chinois » et le son plaintif de l’erhu de Marcel Aubé. La mélodie sera ensuite reprise par l’uilleann pipe de Loïc Bléjean et le chant breton de Bleunwenn Mével, toujours aussi sensuel. Une jolie introduction pour nous préparer à un « Brizh » (« fou » en français) de près de quinze minutes, qui navigue sur les terres progressives et nous permet de découvrir Laurène Bourvon (du duo Laurène et Louis) au chant, en alternance avec Farid Aït Siameur et Bleunwenn. La partie centrale du morceau est stupéfiante avec une percussion lourde qui répond à des notes claires et des chœurs célestes. Un grand moment musical. « Tiqit Weman » (goutte d’eau) est une longue prière où le chant kabyle de Farid fait ressortir toute la détresse de Jean-Marie Le Bris, tiraillé entre passion et responsabilités. C’est la devise de Douarnenez « Dalc’h Mad » (tiens bon) qui donne le titre au morceau suivant. Notre Breton retrouve force et espoir sur ce passage où les échanges endiablés entre la guitare et le violon semblent donner un élan nouveau à son projet fou.
Avec « Klasker-Bara » (chercheur de pain) on replonge dans l’univers celte et mélancolique grâce aux notes cristallines de la harpe de François Pernel. Les parties vocales sont superbes avec une mention spéciale à Laurène et son timbre très actuel, proche de celui de Björk, une belle trouvaille qui se rajoute à l’imposant catalogue Seven Reizh. Ensuite, « Kriz » relate le dramatique épisode du camp militaire de Conlie dans lequel Le Bris a séjourné. L’ehru vient apporter sa tonalité si particulière pour accentuer la détresse et l’abandon des soldats dans les champs de boue de la Sarthe. Un passage très poignant du disque, soutenu par un échange de guitare décoiffant entre Claude Mignon et Olivier Salmon. On approche du terme du voyage et « Lostmarc’h » (la queue de cheval) nous renvoie à La Barque Ailée et son curieux équipage. « On m’a dit que là-haut se trouvait le paradis, On m’a dit que là-haut cesseraient les tragédies… », ces deux vers résument à eux seuls toute la détresse de Jean-Marie Le Bris, partagé entre espoir et désillusion. On soulignera le chant breton de Bleunwenn, extrêmement touchant, qui illumine la poésie de Gérard Le Dortz. L’aventure se termine avec « Er Lein » (au plus haut), un jeu de mot avec « Air Line » comme pour rendre à ce pionnier de l’aviation la place qu’il mérite. Quelques nappes de clavier en hommage à Pink Floyd et une conclusion en forme d’apothéose avec le bagad « Bro an Aberiou » de Plabennec pour cet « Albatros » qui peut s’élever bien haut dans le paysage culturel français.
La boucle est bouclée. L’Albatros s’achève en forme de clin d’œil appuyé à Strinkadenn’Ys avec les quelques notes de « Kan Ker’Ys » que siffle Claude tout à la fin. Le rideau tombe sur une aventure, certes exigeante, mais qui laisse à la postérité un monument de la création artistique. Vous l’aurez compris, une chronique est bien trop sommaire pour dévoiler tous les trésors de l’univers de Seven Reizh., le voyage c’est à vous de le faire et d’en retirer le maximum de plaisir. Claude et Gérard ont voulu avant tout que le lecteur et l’auditeur s’installent confortablement et durablement avec leurs albums…comme au bon vieux temps.
Thierry Folcher
http://fliphtml5.com/mljpn/rmxf
Huit questions à Claude Mignon
C&O : Bonjour Claude et merci de répondre à ces questions pour nos amis lecteurs de Clair & Obscur. Quelle est ta première impression après ces vingt années de labeur qui ont permis d’arriver au bout de cet immense projet ?
Tout d’abord celle du devoir accompli. Pour notre mécène allemand tout d’abord, qui nous a permis, depuis La Barque Ailée, de poursuivre l’aventure. Pour nous aussi car nous avons tout donné pour arriver à un résultat qui nous plaise. C’est ce que je me suis dit pendant toutes ces longues années de labeur: « Peu importe la fatigue, les épreuves, les coups de blues, du moment qu’au bout je sois satisfait et que la réalisation finale soit conforme à ce que j’avais en tête ». Et puis, comme c’est le projet d’une vie, on peut toujours avoir l’impression de se dire: « Et après, que se passe-t-il? » J’ai été plongé dans ce projet qui fait ce que je suis aussi aujourd’hui, alors après l’accouchement de quadruplés, y aura t-il le baby blues ? (pas mal pour de la musique, le blues). Mais la réponse sera dans une de tes futures questions je crois.
C&O : Si tu devais retenir un événement marquant auquel Seven Reizh doit beaucoup, ce serait lequel ?
Ah! Là c’est compliqué car il y en a vraiment beaucoup. Alors je vais t’en donner deux. Je dirais tout d’abord, en commençant par le début de l’aventure de Seven Reizh, les magnifiques rencontres avec les premiers musiciens qui m’ont persuadé de faire un album après avoir écouté le premier morceau que j’ai composé « Hybr’Ys »; car au début je voulais juste faire quelques morceaux pour moi sans autres projets. Gurvan Mével et Gwenaël Mével sont les premiers musiciens que j’ai contactés. Ils faisaient à l’époque partie d’un groupe dont j’étais absolument fan: Kadwaladyr. Avec Gérard (Le Dortz) nous étions allés à plusieurs de leurs concerts avant que même l’idée n’ait germé de faire Seven Reizh. Ils sont là depuis le début. Et puis bien sûr l’arrivée de notre mécène sans qui l’aventure se serait arrêtée après Samsâra.
C&O : De Strinnkadenn’Ys à L’Albatros la couleur World de ta musique s’est accentuée. C’est un choix délibéré ou bien une évolution due à ta propre culture musicale ?
Oui bien sûr c’est délibéré. D’ailleurs dès Strinkadenn’Ys l’accent était mis sur des instruments « world », bien sûr ils étaient surtout celtiques au départ car ce sont mes racines. Mais c’est comme un voyage que tu fais. Tu t’arrêtes d’abord près de chez toi, puis un peu plus loin pour finalement aller à l’autre bout du monde si tes ailes t’en donnent les moyens. Mon propos musical, ainsi que le propos littéraire de Gérard est de s’ouvrir à d’autres cultures. Ys, la ville légendaire, était une cité multiraciale. J’ai toujours aimé les instruments du monde. Ils ont la bonne idée à chaque fois de me faire rêver, de me faire voyager. Ma culture musicale, outre la musique progressive, est entremêlée également de ces influences. Je suis loin d’être le premier à faire cela. Mes « maîtres » en la matière s’appellent par exemple Peter Gabriel ou Alan Stivell. Ce dernier, dans son album Symphonie Celtique, mélangeait aussi bien des bombardes que les voix des chanteuses du groupe algérien kabyle DjurDjura. Peter Gabriel s’associait avec Youssou N’Dour. La première fois que j’ai entendu un duduk, c’était sur l’album Passion de Peter Gabriel, ça m’avait transporté. Ensuite j’ai écouté Jivan Gasparyan. Je me suis dit ce jour-là : « Quand je serai grand, je veux faire ça dans ma musique ». Bon, j’avais déjà trente ans. Je me suis rapidement dit qu’il fallait que je fasse converser sur un même morceau aussi bien un duduk avec un erhu qu’un cymbalum avec un uilleann pipe, comme des gens de diverses communautés qui se rencontrent lors d’une soirée et qui font la fête. La chance avec les instruments, par rapport aux humains, c’est qu’ils ont la même langue universelle. Je suis vraiment très attiré par ces instruments, qu’ils viennent d’Asie ou d’Afrique, de Turquie ou de Bretagne…
C&O : La Barque Ailée et L’Albatros racontent surtout l’histoire de Jean-Marie Le Bris, toi et Gérard vous devez être fiers d’avoir ressuscité ce pionnier de l’aviation quelque peu oublié ?
Oui, ça c’est une vrai fierté et pour plusieurs raisons. Personnellement, j’avais un grand père que j’ai très peu connu, mais qui est tellement présent depuis toujours. Il avait été marin dans la marine marchande et avait voyagé sur les magnifiques trois mâts. A la retraite il s’était mis à faire d’énormes maquettes des bateaux sur lesquels il avait navigué et qui l’avaient fait rêver. C’était un artiste reconnu dans la région (Locmiquélic, près de Lorient). Certaines de ses maquettes avaient d’ailleurs été acquises par le Musée de la marine de Paris. Je crois que j’ai fait une sorte de transfert de ce « pépé taf » vers Jean-Marie Le Bris. Ce qui est drôle, c’est qu’au tout début de l’histoire, avant même que Gérard accepte de faire ce projet avec moi, je cherchais l’histoire d’un Breton de qui je serais fier et qui aurait fait le tour du monde (mon pépé je te dis!). Je n’ai trouvé que René Madec après avoir lu le livre d’Yrène Frain Le Nabab. Mais le personnage ne m’a pas plus. Je le trouvais très opportuniste et vénal, alors j’ai laissé tomber. Jean-Marie Le Bris s’est imposé à nous bien plus tard et de bien belle façon puisque aujourd’hui réhabilité après l’oubli dont il a été victime de son vivant. C’est tout d’abord grâce à Noël Le Hénaff et désormais un peu à nous.
C&O : Seven Reizh c’est aussi une aventure humaine extraordinaire, peux-tu me dire comment tu as fait pour réunir autant de musiciens si différents ?
Cela s’est fait petit à petit (Tu imagines ? Vingt ans!). Tout d’abord, les premiers musiciens que je connaissais et à qui je disais, par exemple : « Ah! J’adore un instrument, le duduk,, mais malheureusement je n’en trouverai jamais » et il y en avait toujours un pour me répondre : « Mais j’en connais un moi, et un super instrumentiste, il joue notamment avec Denez Prigent, il s’appelle Cyrille Bonneau ». Et j’ai toujours eu cette chance incroyable d’avoir une réponse à mes demandes, qu’elles viennent de mes amis musiciens ou de mes propres recherches personnelles. Les gens ne demandent qu’une chose en général : « Si j’aime la musique et qu’elle m’inspire, pas de soucis ». François Pernel, par exemple, m’avait également donné cette réponse. Lui, je l’ai rencontré par hasard en faisant mes courses sur le marché, il y a déjà …quinze ans. J’entendais de la harpe, il était assis là avec son chien et depuis Samsâra il est présent sur tous les albums de Seven Reizh. Pour tout te dire, au moment où je réponds à tes questions, j’attends une chanteuse et musicienne turque qui joue du ney. C’est par un violoniste que je l’ai connue, lui-même découvert par une amie…Tu sais, souvent il ne faut pas chercher bien loin, on a tout autour de nous, il faut juste savoir regarder, écouter. Il y a des tas de talents, juste à côté…
C&O : Il y a eu très peu de concerts jusqu’à présent, toi et Gérard envisagez-vous de faire vivre l’histoire de Jean-Marie Le Bris sur scène ?
Nous avons fait seulement…deux concerts. Ce furent des moments magiques. Malheureusement, Seven Reizh est une bien trop grosse machine pour une auto-production. Sans le concours de personnes aussi folles que nous, nous n’aurions pu faire ce deuxième concert par exemple qui a nécessité de monter des dossiers épais comme la main pour avoir des subventions du département, de la région et de l’investissement de plusieurs structures culturelles. Nous avons eu régulièrement des contacts avec des gens plus ou moins sérieux qui nous ont fait miroiter des choses. Comme ce producteur de spectacle, il y a quelques mois, dont je tairai le nom et qui voulait que je lui donne des dates rapidement car il voulait que nous fassions le Casino de Paris et tous les Zénith de France. Il prévoyait un orchestre symphonique, des danseurs, de la pyrotechnie. Enfin, un show à la Pink Floyd. Moi, vu comme ça, ça m’allait bien car je pouvais conserver tous les musiciens que je souhaitais. Il a disparu aussi vite qu’il est apparu… D’autres espoirs déçus, comme les premières parties de Marillion en France. Tous les musiciens de ce groupe avaient beaucoup aimé la musique de Seven Reizh, mais, pour des raisons apparemment techniques, cela n’a pu se faire. Et puis, régulièrement, j’ai des demandes mais avec un nombre réduit de musiciens: (cinq ou six maximum).
Comment puis-je imaginer la musique de Seven Reizh avec un si petit nombre d’intervenants ? Moi je ne sais pas et je ne veux donc pas le faire. C’est comme si on demandait à un cuisinier de préparer une paella pour une fête sans les moules, les crevettes et le chorizo. Ce n’est plus une paella mais un plat de riz !
C&O : Les quatre albums sont présentés dans des emballages luxueux et forcément un peu plus coûteux, est-il prévu de les sortir dans des formats plus classiques ?
Sans doute qu’ un jour cela se fera, mais, pour l’heure le projet est véritablement de la musique et de l’histoire. Il faut que ces objets aient leur vie propre. Nous avons créé ce projet pour cette forme dès le départ car nous étions frustrés d’avoir perdu le grand format des vinyles pour les petits CDs plastiques, donc il nous faut aller au bout de notre démarche d’autant que, c’est le moins que l’on puisse dire, le CD ne se vend déjà plus. Par ailleurs, les morceaux sont déjà téléchargeables légalement sur diverses plateformes pour ceux qui ne seraient pas intéressés par l’objet.
C&O : Seven Reizh va-t-il survivre à la fin de cette quadrilogie ? Sinon quels sont tes projets ?
C’est une vraie question! Et j’ai une vraie réponse. Depuis bientôt un an, je travaille d’arrache-pied sur le projet suivant : Il sera…instrumental. Ce sera un double vinyle et je réfléchis également sur une possibilité de fichier 24/96. C’est un projet qui a encore à voir avec La Barque Ailée et L’Albatros puisque j’ai choisi une dizaine de morceaux de ces deux albums. Je garderai tous les instruments qui ont été enregistrés, mais je vais rajouter une dizaine d’instrumentistes à la place du chant, mais aussi à d’autres endroits. Le but de cet instrumental est d’emmener le projet ailleurs, de donner d’autres couleurs, d’autres horizons en apportant une légitimité nouvelle aux compositions. Mon espoir étant que ceux qui ont écouté et aimé La Barque Ailée et L’Albatros se disent : « Ah! C’est très différent ce passage, ça ouvre d’autres horizons, d’autres possibilités et ça fonctionne ». En tout cas, c’est mon souhait dans cette démarche. Je ne me suis donné aucune limite, même pas celle de couper les morceaux originaux. Tous les musiciens ont d’ores et déjà été contactés et les premières dates de studio commenceront à Paris au mois de septembre prochain. Le chant ne sera pour autant pas absent car je garde les vocalises de Farid Aït Siameur et deux nouvelles chanteuses en exécuteront également avec des onomatopées utilisées dans leur pays respectif. Je viens de travailler trois jours avec eux, c’était formidable. Un guitariste andalou incroyable, une joueuse de nyckelharpa, une musicienne chinoise de flûte bambou, un violoniste avec des influences asiatiques (il est de Java), yiddish et slave, un musicien qui joue de la mandole, un Vietnamien qui joue du dan tranh (le guzheng chinois), un chanteur contre-ténor et je fais revenir François Pernel avec sa harpe. Je rajouterai également des passages de piano et sans doute de guitare électrique. Je suis reparti pour un gros travail mais les compositions pour instruments sont déjà écrites et je laisse également plus de liberté aux musiciens pour certaines parties.
C&O : Merci beaucoup Claude et encore bravo à toi et à Gérard pour ces albums hors du commun.
Propos recueillis par Thierry Folcher