Schedule 1 – Crucible
Auto Production
2024
Lucas Biela
Schedule 1 – Crucible
En 2022, la formation canadienne Schedule 1 présentait un premier EP où l’on découvrait alors une musique punk aux refrains anthémiques. Deux ans plus tard, c’est avec un premier album longue durée que le quatuor nous revient. Un plus grand soin apporté aux mélodies fait respirer davantage la musique, tout en la tournant maintenant vers le rock gothique. L’urgence punk est encore présente de-ci de-là, mais la colère qui lui est associée sert de terreau sur lequel vont germer des raisins dont la couleur et le goût vont accrocher un grand sourire aux visages. Ainsi, dès l’ouverture avec « Drifting », à la détermination insolente de la batterie répondent des éléments plus enjoués. Les guitares y sont diaphanes mais laissent entrevoir une belle lumière. La basse quant à elle laisse suggérer son émerveillement dans son vrombissement bouillonnant. Le chant en outre est empreint d’optimisme. Des synthés interviendront même pour porter l’exaltation au plus haut. Cette floraison printanière se retrouvera sur l’empressé « Nothing At All » avec cependant des guitares qui offrent de beaux reflets ondulants à travers les eaux chaudes des refrains. Sur cet autre titre empressé qu’est « Filles Du Roi », c’est comme si l’on passait de l’autre côté du miroir. C’est en effet dans les couplets que l’on pourra maintenant admirer les reflets enchanteurs, la hargne des guitares étant reléguée aux refrains. Plus loin, sur « Better Problems » et « Your Way », la transformation est complète : les jolis éclats seront présents tout le long. Tout en soutenant les belles mélodies de notre combo, ils sont une preuve que notre entité s’ouvre toujours plus vers la lumière au fur et à mesure de son cheminement !
Quand la batterie ne sort pas de ses gonds, et que le rythme se veut moins agité, ce sont d’autres images qui nous viendront en tête. Ainsi, on pourra s’imaginer esquisser quelques pas de danse au son du dance-punk de « Rat Maze », tout en reprenant un beau refrain que de magnifiques échos de synthé subliment. Avec le morceau-titre « Crucible », les nappes épaisses de synthés et les riffs évanescents convoqueront des paysages plutôt réconfortants de montagnes aux reliefs couverts de brume. Un morceau comme « No Grace », avec sa batterie claudicante, sa basse renfrognée et ses guitares sinistres nous plongera à l’inverse dans un univers lugubre et plein d’angoisse dans lequel une formation post-punk comme UK Decay aimait se fondre. Mais à nouveau, la lumière semble y être à portée de main quand l’espoir emplit les voix et la frénésie la rythmique.
S’étant tourné vers la lumière tout en gardant une part d’ombre, Schedule 1 ont mis encore plus en avant leur identité post-punk avec Crucible. J’irai même jusqu’à dire qu’ils sont devenus une des références actuelles dans ce domaine. La voix évite en effet de tomber dans le piège du tout « outre-tombe » qui ferait de nos Canadiens une formation de plus parmi tant d’autres multipliant les clins d’œil aux Sisters Of Mercy sans vraiment s’en démarquer. Ici, à l’inverse, ce chant clair à l’enthousiasme nuancé par des touches d’amertume les sort du lot. Il appuie en outre les contours mélodiques et lumineux de la musique, sans que l’ensemble ne s’engouffre dans la brèche sirupeuse des ex-goths de Dead Or Alive. Si vous appréciez des formations comme New Model Army ou Unto Others, vous serez servis !
https://www.facebook.com/schedule1punk