Romano – Güle Güle

Güle Güle
Romano
Batov Records
2025
Lucas Biela

Romano – Güle Güle

Romano – Güle Güle

Une nouvelle formation de rock anatolien ? Oui, mais loin de se contenter des codes d’un style qui a fait florès dans les années 70, Romano crée un univers à la fois protéiforme et farfelu. Issu de l’imagination du « génie » (c’est le terme employé par le gérant du label Batov Records) Lior Romano, ce groupe est un véhicule pour les musiques et l’héritage multiculturel qui ont fasciné et façonné notre homme. Pour donner vie à ses idées, le claviériste s’est entouré de quelques amis sur Güle Güle. Ainsi, batterie, cuivres et guitare l’accompagnent tout au long de Güle Güle, son premier album sur le label de DJ Kobayashi.

Brassant très large dans les influences, la musique de Romano parvient néanmoins à maintenir une certaine cohérence. Le doux parfum turque d’un psychédélisme discoïde, le même que celui exhalé lors du concert de Liraz lors de la première édition du Festival Sacré Sound embaume en effet tout l’album. Et c’est dans cette ambiance quelque peu surannée, mais ô combien captivante qu’un tour du monde s’opère. Les rythmes nonchalants de la Nouvelle-Orléans (« Debka Strut ») peuvent en effet y côtoyer ceux plus agités d’Addis-Abeba et de Rabat (« Hol Kahol »). Et quand ce n’est pas une fanfare des Balkans que nos Israéliens rejoignent (« Aliza »), c’est un paniyiri grec qu’ils accompagnent (« Güle Güle »). Essentiellement instrumentale, cette traversée des contrées, en plus de l’aspect fantaisiste que je développerai plus loin, permet de garder en éveil les oreilles. On notera cependant l’intervention de Rotem Bahar, la chanteuse des Şatellites (autre formation israélienne remarquable) sur une réinterprétation invitant à la danse d’un tube de l’Eurovision, « Hai Hai ». Tel un morceau d’ABBA qui aurait pris des couleurs orientales, on y retrouve alors toute la folie qui pouvait animer les discothèques du Moyen-Orient à la fin des années 70.

Romano – Güle Güle band1
L’autre aspect qui rend la musique instrumentale de Romano si envoûtante, c’est cet humour omniprésent. Lior est en fait un claviériste facétieux. Son humour est tellement contagieux qu’il en infecte ses compagnons. Ainsi dans « Güzleme », quand il fait dialoguer les éléments, c’est comme si son clavier riait à la blague racontée par la guitare. Et quand ce n’est pas l’un qui rit des plaisanteries de l’autre, c’est le décalage entre les protagonistes qui amène la fantaisie. En témoigne dans « Debka Strut » l’angoisse des touches alternant avec le trouble des cordes pincées, sous l’œil amusé du trombone. « Güle Güle » en revanche propose une coordination entre les différents éléments dans la touche d’humour. Claps enthousiastes, synthés émoustillés et batterie chamarrée contribuent alors ensemble à l’ambiance festive et amusante. Il en va de même avec « Sandman » où le comique est du fait de tous les musiciens. Et quand vient « Monkey », quel contraste entre le riff sinistre appuyant le rythme funk et les barbotements dignes de l’univers loufoque que créerait l’ondioline de Jean-Jacques Perrey.

Romano – Güle Güle band2

En matière de complicité et d’humour en musique, on n’est effectivement pas loin du génie chez Lior Romano. Avec ses acolytes, le claviériste / compositeur offre sur Güle Güle des moments savoureux où se mêlent instrumentation de haut vol et décalage. Le label Batov Records regorgeant d’artistes de la trempe de notre Telavivien, n’hésitez pas à vous y plonger.

https://www.facebook.com/romano.lior
https://batovrecords.com/artists/romano/

 

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