Regarde Les Hommes Tomber – Regarde les Hommes Tomber
Regarde Les Hommes Tomber
Les Acteurs De l’Ombre Productions
Un nom sorti de nulle part. La première fois, on s’en paierait une bonne tranche. C’est vrai quoi, maintenant, on est tellement habitués aux patronymes anglais. Alors forcément, quand c’est en Français, ça sonne un peu ridicule, hein ? Et puis, on a les gravures de Gustave Doré, la teinte pourpre sanguine qui nous poursuivra tout le long de ce premier album. Regarde Les Hommes Tomber est sanglant, il sent le gonflement des veines, la rage qui l’anime, le cataclysme, une image arrêtée, une métaphore du tréfond de l’âme, de la perte. Regarde les Hommes Tomber est apparu entre les nuages, un foudroiement, le point de chute fatal, intransigeant. Une pesanteur du rythme, une lourdeur proche de celle des Belges de Amenra. Les épaules s’affaissent, la chair se déchire en une grimace qui rugit et se contorsionne, les embardées de tempo convoquent les cavaliers de l’apocalypse, et avec eux, la charge. Des nuages se dispersent, la Terre tremble, le ciel est toujours obscur, désespérément noir. Des moments d’accalmies reviennent, l’écrasement, la sensation d’étouffement, les bourrasques appelant la tempête, une voix puissante, une instrumentation carrée. Les Hommes tombent. Chute inexorable, programmée par des mélodies sortant du marécage boueux, fangeux, le black metal qui ose le mixage. Pas nouveau mais attractif, celui qui va au-delà, plus loin, qui n’a pas peur, qui ne passe pas par la case opportunisme dont tout le monde se fout. Un premier album, et déjà une identité forgée dans la fusion des métaux et dans la froideur d’une pluie diluvienne. Un nom qui ne prête définitivement pas à rire mais qui impose. Son ambiance crépusculaire, sa férocité qui glace les êtres, sa virulence sournoise. Il est bien difficile de passer à côté d’une sortie pareille. On ne demande qu’à les encourager en espérant que les Nantais ne deviennent pas les nouveaux Celeste. En attendant, tu peux lever les yeux de ton trou. On ne sait jamais, tu pourras voir des Hommes tomber, qui sait ?
Jérémy Urbain (7,5/10)