Presto Ballet – Dreamentia

Dreamentia
Presto Ballet
Rat Pak Records
2025
Palabras De Oro

Presto Ballet – Dreamentia

Presto Ballet - Dreamentia

J’ai découvert Presto Ballet en 2005, lors de la sortie de son tout premier album. Il s’agissait de l’excellent Peace Among The Ruins qui a longtemps accompagné un passage intime fort difficile pour moi. Encore maintenant, des titres fabuleux comme « Speed The Time » et son refrain délicieusement breaké ou le fantastique « Find The Time » gorgé d’émotions me font toujours dresser les poils à chaque écoute. Vingt ans après, ils en sont au sixième avec Dreamentia. Le groupe avait été formé par Kurdt Vanderhoof, guitariste du combo US de heavy metal Metal Church. Ce remarquable compositeur voulait ajouter une corde hard pop prog à son arc. Peace Among The Ruins, faisant appel uniquement à des instruments analogiques, fut parfait grâce à sa versatilité et à sa saveur très 70’s. Il rappelait les monstres du genre de l’époque comme Styx, Boston, Kansas, Manfred Mann ou même Deep Purple dans ses délires hard prog. Et pourtant, Presto Ballet n’était et n’est toujours pas un clone d’un de ses groupes. Il ne cultive pas les chœurs presque enfantins de Styx, les soli de twin guitare de Boston, les envolées furieuses de violon de Kansas, les covers hallucinées de Manfred Mann ou encore l’agressivité du Deep Purple Mark II, comme sur leur manifeste In Rock.
J’ai écrit ce que ne fait pas Presto Ballet. Cependant, l’ensemble de sa production ramène quand même à cette époque bénie où hard rock, pop et prog se combinaient au sein de tous ces groupes pour accoucher d’albums dans des styles très différents, mais inspirés par un même panel de genres. Ainsi, ils se démarquaient de l’esprit tortueux des monstres du prog qu’étaient devenus les Yes, Genesis ou autres Jethro Tull… finissant par crever de cette frénésie créatrice. Celle-ci les emmena toujours plus loin dans les abîmes des circonvolutions musicales infinies… jusqu’à perdre en route leurs fan bases à l’aube de 80’s prédatrices de la créativité de la décennie précédente. Même les Styx, Boston, Kansas, Manfred Mann, Deep Purple etc. diluèrent leur production avec un son sirupeux en se mettant à sortir des albums sans saveur autre que sucrée. En 2005 donc, Kurdt Vanderhoof décida de tenter de recréer l’esprit hard pop prog qui prévalut, mais sous forme d’un nouveau matériel totalement estampillé du sceau Presto Ballet, en sortant ce Peace Among The Ruins qui m’a totalement bouleversé. L’essai fut impeccablement transformé.

Presto Ballet - Dreamentia band1

Cependant, allez savoir pourquoi, j’ai perdu de vue le groupe depuis tout ce temps ou presque, la faute sans doute à une distribution perfectible sur le vieux continent. La sortie de The Days Between, leur cinquième opus en 2018, me chatouilla agréablement les oreilles, mais pas suffisamment longtemps pour m’entraîner vers une chronique, car noyé dans la masse de toute la musique qui me parvenait au quotidien. Cette fois-ci, pas question de passer à côté de Dreamentia, son successeur. Depuis vingt ans, le combo a forcément évolué bien que sa charnière formée de Kurdt Vanderhoof (guitare) et Scott Albright (vocaux) soit restée fidèle au poste. Elle fût complétée en 2018 par Kerry Shacklett (claviers), Bobby Ferkovich (basse) et Charlie Lorme (batterie). Ce qui est vraiment étonnant, c’est que, depuis ce fameux premier album, l’orgue Hammond et le mellotron persistent à règner en maître sur les compositions de Presto Ballet alors que son leader est guitariste et que nous en sommes au troisième claviériste. Dreamentia continue d’incarner ce changement dans la continuité. Il est la suite d’un concept initié dans Relic Of The Modern World en 2012, qui nous comptait les pérégrinations d’Andy Rottman, un homme qui se déconnecta de la technologie et des réseaux pour revenir à des valeurs plus organiques… un peu comme la musique de Presto Ballet. Dreamentia nous en dit plus sur ce qu’il est advenu de lui. Son thème qui ouvre l’opus est un instrumental endiablé et joyeux avec des parties de clavier à la Manfred Mann, remarquablement soutenues par une section rythmique enthousiasmante. Exactement ce qu’il fallait pour accrocher l’auditeur. On regrettera la fin en fading au début d’un rare solo de guitare, un truc de fainéant que je déteste… n’est-ce pas Chris (mon pote d’Arpegia avec qui c’est devenu un « private joke ») ? Avec « Finding Light », on retrouve un style mi-ballade, mi-sautillant dans lequel Presto Ballet excelle. J’y décèle du Boston dans les riffs et du A.C.T, un groupe dont les ballades ne sont jamais linéaires ni chiantes. On apprécie la voix très claire de Scott Albright qui illumine ce titre clair et obscur. Les parties d’orgue Hammond sont jouissives. C’est également le cas sur la joyeuse intro de « Fanatic In The Attic »… Une extase… J’adore. « Into The Silent City » montre un côté plus sombre avec toujours ces rythmiques de claviers si justes et bluffantes ainsi qu’un chant confinant au power metal quand il monte dans les aigus. Le côté désuet de « Mumbletypeg » sur fond de piano électrique puis acoustique, avec son refrain très enjoué, fait encore plus pencher la balance vers A.C.T. La joie s’estompe le temps d’un « The God Machine » alternatif et sombre sur lequel les riffs se renforcent alors qu’un solo de guitare montre les dents. « Fanatic in the Attic » replonge Presto Ballet dans une atmosphère plus positive et progressive. On a droit à quelques parties rythmées par une double grosse caisse et à un long pont de piano rappelant les premiers albums de Frost* jusqu’à… une autre fin décevante en fading. « Meet « Old Harry », avec son solo de guitare central, apporte une couleur plus musclée, directe et rocky à l’album. On se dit que la démonstration est convaincante. Presto Ballet a fait étalage de tout son savoir-faire. C’est sans compter sur leur potentiel épique qu’on a, jusqu’à présent, seulement effleuré. La vingtaine de minutes de « The Quiet Prayers Of War » écrase tout sur son passage, portée par une prestation riche et impeccable de Charlie Lorme aux fûts. Bien évidemment, les changements de rythmes s’enchaînent, aussi le chant de Scott Albright apparaît sur un tempo à trois temps confinant à une valse régulièrement breakée. Amusant ! Une accélération guitare/basse rappelle Jethro Tull alors que les vocaux se font plus rapeux. Cependant, le long pont central instrumental me semble rallonger inutilement la pièce en faisant un peu retomber le soufflet. Le schéma « Straussien » réapparaît pour emmener Presto Ballet vers un final époustouflant où, de nouveau, la batterie soutient puissamment un ensemble guitare/claviers très complice. La compacité de l’entraînant « Biloxis » au tempo soutenu, façon Kansas, redonne opportunément du peps à l’album. Presto Ballet le poursuit joliment en lançant « Thinning The Veil » par un florilège d’arpèges de guitare non saturés associé à un mellotron antédiluvien sur un rythme chaloupé. L’arrivée de la batterie est le prétexte à un changement d’atmosphère un poil inquiétant qui me rappelle celle du fameux « Find The Time » que j’ai cité au début de cette chronique. Mais pourquoi encore terminer ce titre sublime par un fading inapproprié, en plein milieu d’une reprise vocale ? Le groupe a-t-il réussi à garder le meilleur pour la fin ? Presque, mais pas vraiment, puisque le très direct « Giving Up The Dangers » termine la galette beaucoup plus classiquement avec des parties vocales moins convaincantes et… encore du fading… vraiment dispensable tout comme ce dernier morceau.

Presto Ballet - Dreamentia band2

Qu’importe, mon plaisir est intact et, incontestablement, Dreamentia est un opus de tout premier plan. C’est un véritable cadeau de Noël pour moi tant Presto Ballet continue avec bonheur à livrer une production vintage originale et sans faute de goût (si l’on passe sous silence les fadings). Le quintet est de qualité avec des musiciens au top et des compositions sur lesquelles puissance et délicatesse font bon ménage. Bien sûr, il ne faut pas être allergique aux claviers pour savoir apprécier cette musique tour à tour joyeuse et enlevée ou nous exilant dans des recoins sombres et inquiétants. Chacun doit pouvoir y trouver et même retrouver cette ambiance hybride hard rock pop prog qui nous enchantait vers la fin des 70’s.

https://prestoballetmusic.com/
https://www.facebook.com/PrestoBallet

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.