Path Of Ilya – La Dégustation
Autoproduction
2025
Palabras De Oro
Path Of Ilya – La Dégustation
Les revoici, ces étonnants Bressans de Path Of Ilya ! Après un Heterostasis décomplexé, ils sont revenus frapper à la porte de votre webzine préféré pour nous inviter à La Dégustation d’un nouvel opus toujours aussi barré et sans limites. Leur appétit multigenres confirme, en quelque sorte, leur volonté d’être des apatrides musicaux. Ces migrants des arpèges, méprisants les frontières stylistiques de la musique, n’hésitent pas à lancer leur zodiac à l’assaut des océans mélodiques, ignorant vers quels rivages leurs courants musicaux pourraient les emmener.
L’épatant trio formé d’André Marques basse), de Jean-Joseph Bondier (guitare) et de Bruno Chabert (batterie) reprend les mêmes recettes, principalement élaborées dans le jazz rock, le rock et le funky, en leur conférant des accents « electro » plus systématiques qu’auparavant, en particulier au niveau d’une basse toujours aussi affriolante, mais aux accents synthétiques plus marqués. Cette odyssée a amené le groupe à imaginer sept plats exotiques qu’ils ont intégrés à un repas pantagruélique, d’où cette invitation à La Dégustation à laquelle ils nous ont conviés.
Le menu est de nouveau presque exclusivement instrumental. Les plages de La Dégustation sont quasiment enchaînées et il est pratiquement impossible de lever le nez de notre assiette à partir du moment où l’on s’est mis à table en grignotant le premier titre. Bien que celui-ci s’intitule « Jean-Michel, le Péruvien », (lol) on a plus l’impression d’être convié à un repas libanais tant les mets, multiples et raffinés, se succèdent à un rythme effréné. J’ai été initié à ce type de repas par un ami libanais qui m’expliqua qu’il me fallait revoir ma philosophie franchouillarde dégustative pour pouvoir l’apprécier : « ne pas s’attacher à finir tous les plats, de façon à garder de la place pour les suivants jusqu’à la fin du repas » (les Libanais considèrent que finir les plats est un affront signifiant que l’on n’a pas eu assez à manger… contrairement aux français pour qui ne pas les finir signifie que l’on ne les a pas aimé. Ça me rappelle ma mère.) (loooool) Les noms des plats laissent dubitatifs et semblent avoir été choisis au petit bonheur la chance, même si on remarquera que du canard et du cabri sont au menu. La cohésion n’est pas à chercher dans ce domaine, mais plutôt dans La Dégustation qui n’est pas ultra-démonstrative et possède un fil conducteur. C’est l’épice du groove qui est abondamment saupoudrée dans cette galette. Témoin ce passage fabuleux de wah wah et ces riffs acérés qui ponctuent notre escale péruvienne. Le début de l’opus faisait la part belle à la guitare pendant une dizaine de minutes. Sur « Socrus Fungus », elle devient psychédélique et désaturée, laissant la basse être plus fréquemment en évidence avec ses sonorités « electro », avant un final hard rock musclé. La Dégustation prend une tournure funky à partir de « Discret Comme Un Cabri De 100kg » et plus synthétique, (répétition) pour preuve ce pont rythmé par une boîte à rythmes. « La Fameuse (Se Fait Attendre) » poursuit sur les mêmes bases en moins enlevé, mais en plus groovy, avec une basse libérée par des slaps hallucinés et un final rocky en diable. Path Of Ilya s’autorise un détour par le blues avec un « Grésillement Du Terroir Altéré » nettement plus classique que les autres plages dont le solo rappelle les plus beaux arpèges délivrés par Gary Moore lors de sa période bluesy. Un peu, comme s’il voulait s’excuser après un titre trop convenu, le groupe nous sert « Le Canard » en nettement plus barré, principalement de par sa basse totalement en mode freestyle de plus en plus assumé au fur et à mesure de la progression du palmipède. La « Fin Du Voyage », ou plutôt du repas, apparaît être ce bicarbonate de soude bienvenu pour assurer une digestion apaisée après tous ces excès. Une pointe de martialité sonne comme un au revoir assagi et préfigure une invitation à un futur autre festin musical.
Path Of Ilya nous offre La Dégustation que seul ce trio pouvait savamment nous concocter, multipliant les mélanges de style à l’infini, dans lequel il ne manquerait finalement que… le poulet de Bresse, leur emblème gastronomique régional. L’exotisme du menu et la technicité mélodique du groupe laissent pantois devant autant de talent au service de plats qui ne manquent assurément pas de piment.
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